Revirement : le jury perd un ses membres

Au palais de justice de Victoriaville, le sixième jour de délibérations du jury n’a, en fait, repris qu’en milieu de journée, vendredi, en raison d’un incident avec un juré survenu, jeudi soir, à l’hôtel où loge le jury.

Cet incident, dont on ne peut révéler la teneur en raison d’une ordonnance de non-publication, a mené à l’exclusion du juré numéro 9, un homme qui d’ailleurs avait été choisi par ses pairs comme président.

Peu avant 15 h, le juge François Huot de la Cour supérieure du Québec, qui préside le procès, a rappelé les 11 autres jurés, six femmes et cinq hommes, dans la salle d’audience.

«Il est 14 h 51 et vous n’avez pas débuté vos délibérations de la journée. J’en suis extrêmement insatisfait, a dit d’emblée le juge Huot. Mais cette situation a une origine, et cette origine n’est plus. Vous aurez remarqué l’absence du juré numéro 9. Vous ne le reverrez plus. Et vous ne souhaitez pas savoir où il doit se trouver.»

Le magistrat a ensuite poursuivi en insistant sur l’importance des directives. «Les directives du Tribunal sont obligatoires, qu’elles émanent de moi ou du shérif. Si vous ne respectez pas une directive du shérif, c’est ma directive que vous bafouez. Et il y a toujours des conséquences à bafouer les consignes», a fait savoir le président du Tribunal, expliquant que les directives visaient notamment à s’assurer que les verdicts rendus soient légaux et authentiques.

Le juge François Huot a rappelé qu’il n’y avait plus place à la badinerie. «Le procès dure depuis six semaines, un procès d’une cause d’importance capitale pour toutes les personnes concernées, pour les trois accusés, pour la plaignante, pour leurs familles. Tout le  monde vit dans l’expectative. La situation est sérieuse. Ceci est une cause sérieuse», a-t-il fait valoir.

Le magistrat a rappelé qu’il n’y avait pas de limite de temps pour rendre les verdicts. «Je suis prêt à attendre très longtemps si vous vous livrez à l’exercice avec tout le sérieux qu’il requiert», a-t-il indiqué aux 11 jurés.

Le juge Huot les a invités, en tout premier lieu, à désigner un président ou une présidente, une personne en mesure d’exercer un leadership, en mesure d’octroyer le droit de parole à tous. «Quelqu’un qui saura faire avancer vos délibérations», a-t-il dit.

«Et tout ce qui s’est passé avec le juré numéro 9 doit être chassé de vos esprits. Vous devez en faire abstraction. Ses opinions n’ont plus leur place dans vos délibérations», a souligné le juge tout en rappelant leur serment «Vous avez fait le serment de rendre vos verdicts uniquement en fonction de la preuve. Vous avez juré de rendre des verdicts objectifs, sans crainte, sans préjugé, sans sympathie», leur a-t-il remémoré.

Le magistrat a invité les jurés à analyser la preuve de façon rationnelle et approfondie, rappelant que chacun avait droit de parole et d’exprimer ses opinions. «C’est par les échanges d’idées que vous vous sortirez du dilemme dans lequel vous êtes peut-être», a souligné le juge Huot. «Gardez l’esprit ouvert. Soyez ouverts aux points de vue des autres. J’ai une confiance indéfectible en votre capacité de résoudre la présente affaire. Ne lâchez pas, continuez votre bon travail», a-t-il conclu.

Dans la présente cause, Pierre-François Blondeau, Jean-Christophe Martin et Dominic Vézina font face à des accusations d’agression sexuelle avec lésions sur une personne de moins de 16 ans, d’agression sexuelle avec la participation d’une autre personne et de contacts sexuels.

Blondeau et Martin sont également accusés d’incitation à des contacts sexuels, une accusation pour laquelle Dominic Vézina a été acquitté.

Les faits reprochés aux accusés se seraient produits en octobre 2014 lors d’une soirée pour les 15-25 ans tenue au Complexe Sacré-Cœur de Victoriaville. La plaignante, dans cette affaire, avait 15 ans au moment des faits allégués.