Procès Normand Plante : la décision en septembre

VICTORIAVILLE. Au terme des plaidoiries, en fin de journée jeudi, au palais de justice de Victoriaville, le juge Jacques Trudel de la Cour du Québec a pris l’affaire en délibéré et rendra son verdict le 11 septembre dans le dossier de Normand Plante. Cet ex-professeur de karaté aurait posé des gestes à caractère sexuel sur une adolescente de 14 ans au moment des faits présumés en 2009 et 2010.

Premier à s’adresser au juge Trudel à l’étape des plaidoiries, l’avocat de l’accusé, Me Simon Ricard, a, d’entrée de jeu, attaqué la fiabilité et la crédibilité du témoignage de la plaignante. «Ce qui est frappant, a-t-il dit, c’est le nombre de fois où elle n’a aucun souvenir, où elle répond «je ne sais pas». C’est tellement frappant, que ça devient invraisemblable.»

Évoquant la première relation sexuelle complète que la présumée victime aurait eue avec Plante, l’avocat a soutenu que le témoignage n’offrait aucune substance. «Il n’y a pas de détails. Tout ce qu’elle dit, c’est «je ne sais pas». Et puis les deux expressions, doucement et fermement, pour parler de la pénétration, sonnent faux», a plaidé Me Ricard.

Le procureur s’est aussi dit troublé par la remise de deux paires de pantalons aux policiers alors que la jeune femme affirme ne pas se souvenir de ce qu’elle portait au moment des faits allégués.

L’avocat s’étonne aussi de similitude du récit de deux présumées relations sexuelles. «Le lieu diffère, mais le récit est le même, a-t-il fait remarquer. C’est inquiétant cette similitude, cette incapacité à fournir quelque détail que ce soit. C’est une formulation répétée et non détaillée.»

L’avocat de l’accusé a repris la phrase «Je te veux, alors je peux» inscrite dans le journal intime de la jeune femme. «Quand on lui demande pourquoi elle a écrit cela, elle répond qu’elle ne le sait pas. La réponse est invraisemblable, a souligné Me Ricard. Elle se cache derrière un «je ne sais pas». C’est un refus de répondre.»

Le défendeur a relevé aussi la façon de témoigner de la plaignante. «Son témoignage n’est empreint d’aucune émotion. Pas d’émotion lorsqu’elle parle des gestes sexuels. Même qu’à un moment, elle a souri. Cela n’allait pas avec le contenu», a-t-il soutenu.

Par ailleurs, pour Me Ricard, il est invraisemblable que son client ait laissé un groupe de karaté seul, sans surveillance dans un gymnase, pour aller obtenir une fellation dans un vestiaire.

«De façon générale, elle a livré un témoignage sans détail, truffé de contradictions, d’invraisemblance, d’oublis avec des épisodes de mémoire retrouvée. Son témoignage comporte beaucoup d’incertitudes, d’imprécisions et de «je ne sais pas». Tout cela ne peut pas mener à un verdict de culpabilité hors de tout doute raisonnable», a conclu Me Ricard.

«Des gestes des plus intrusifs, hautement traumatisants»

La représentante du ministère public, Me Ann Marie Prince, a, dès le début de son exposé, qualifié d’invraisemblable le témoignage de l’accusé Normand Plante, un témoignage que le Tribunal, selon elle, peut mettre de côté.

«L’accusé est catégorique, il n’a posé aucun geste. Il nie tout en bloc. Pourtant, en périphérie, tout est compatible avec le témoignage de la plaignante, comme, par exemple, l’interdiction d’accès aux cours de karaté pour les parents et la présence d’un tracteur à la ferme et au camp de l’accusé», a signalé la procureure aux poursuites criminelles et pénales.

L’accusé, selon elle, se montre très volubile lorsqu’il parle de karaté et de son école. «Mais quand on l’interroge sur les événements et sur la lettre, il est plus difficile d’avoir des détails. Il se fait évasif», a précisé Me Prince.

Son témoignage, croit-elle, peut être rejeté par la Cour. «Il ne soulève aucun doute», a-t-elle noté.

La procureure de la poursuite a ensuite parlé de ses deux témoins, la plaignante et sa mère. «Elles ont témoigné sincèrement, n’ont rien caché. La plaignante, de nature timide, a subi des gestes des plus intrusifs, une pénétration, vivant sa première relation sexuelle à 13 ans. Il est normal que certains détails lui échappent, a observé Me Prince. Elle a subi des gestes hautement traumatisants auxquels s’additionne le contexte. Il s’agit ici d’un individu en autorité, un individu qu’elle admirait.»

Malgré tout, la représentante du ministère public a souligné que la jeune femme a fourni des détails précis sur certains faits. «Elle a témoigné de façon très sincère, très spontanée, tout en cherchant à renseigner le Tribunal. Elle n’avait rien à cacher», a fait valoir Me Prince en invitant également la Cour à la prudence au sujet des contradictions soulevées en défense. «Il faut distinguer les contradictions mineures et majeures, mais aussi tenir compte de l’âge de la plaignante et des gestes en cause. Elle ne s’est pas contredite sur les gestes à caractère sexuel», a indiqué la procureure, convaincue que l’accusé doit être trouvé coupable des accusations portées contre lui.

La décision appartient maintenant au juge Jacques Trudel.