Pornographie juvénile : plus de 11 000 photos et plus de 320 vidéos

VICTORIAVILLE. Le Victoriavillois Philip Pelletier, 38 ans, a été condamné, mercredi midi, à la peine minimale de six mois de prison. Le juge Bruno Langelier a entériné ainsi une suggestion commune proposée par la défense et le ministère public.

Pelletier avait reconnu sa culpabilité en septembre à deux chefs d’accusation de possession de matériel de pornographie juvénile et d’avoir accédé à ce type de matériel.

Le Victoriavillois avait été arrêté en octobre 2013 dans son logement de la rue Notre-Dame Ouest. La preuve a révélé que Pelletier était en possession de 11 373 photos et de 321 vidéos de pornographie juvénile.

En expliquant la suggestion commune proposée, l’avocat de Pelletier, Me Jean-Riel Naud, a fait valoir les rapports sexologique et présentenciel très positifs. «Dès le départ, mon client a collaboré, il a reconnu les faits. Il a fait savoir que son arrestation constituait presque une délivrance de ce démon-là, a précisé Me Naud. Il a collaboré, il a suivi une thérapie de délinquance sexuelle qu’il a complétée avec succès. De plus, il fréquente toujours un groupe de soutien à raison d’une fois par mois pour éviter une répétition des gestes.»

L’avocat a soutenu aussi que Pelletier, qui occupe un emploi de cuisinier, constitue un actif pour la société. «Je crois que l’imposition de la peine minimale satisfait les critères de dénonciation et de dissuasion tout en permettant la réhabilitation», a plaidé Me Naud.

Du côté de la poursuite, la procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Ann Marie Prince, a souligné qu’il s’agissait pour Philip Pelletier d’une première peine ferme d’incarcération. «Malgré la quantité substantielle de matériel, je crois que la peine minimale peut être assez dissuasive», a-t-elle signalé.

Opinions contraires

La représentante du ministère public a réclamé, en vain, l’interdiction pour Pelletier de se trouver, pour la durée de sa probation, dans les endroits fréquentés par des mineurs. «C’est pour assurer la protection de public et éviter un passage à l’acte. L’accusé a admis une problématique depuis l’âge de 14 ans. Je comprends qu’il a fait des efforts, mais il sera toujours un peu fragilisé», a fait remarquer Me Prince.

En défense, Me Naud a contesté la requête du ministère public. «On a aucun indice que mon client est dangereux. Les rapports indiquent un risque de récidive assez faible. En thérapie, il s’est remis en question, il a bien travaillé sur lui. Il a commis des infractions graves, mais non pas des agressions sexuelles, a précisé l’avocat. Ce n’est pas parce qu’il consommait de la pornographie juvénile qu’il passerait à l’acte. Il ne présente pas le profit d’un individu qui irait commettre une agression physique et violente.»

Décision du juge

Le président du Tribunal n’a pas acquiescé à la demande de la poursuite. Toutefois, le juge Langelier a imposé, dans le cadre d’une période de probation de trois ans avec un suivi de 18 mois, une condition interdisant à Philip Pelletier d’occuper un emploi ou de participer à une activité dans une garderie, une école, un terrain de jeux pour enfants ou toute autre activité impliquant exclusivement des enfants de moins de 14 ans.

De plus, Pelletier ne pourra utiliser Internet durant son suivi probatoire, sauf pour son travail.

L’homme de 38 ans devra fournir aussi un échantillon d’ADN. Son nom, par ailleurs, figurera à perpétuité au registre des délinquants sexuels.

«Votre reprise en main apparaît certaine, lui a dit le juge Bruno Langelier. Il est à souhaiter qu’elle soit efficace à long terme pour éviter la commission de ces infractions qui constituent un véritable outrage à la dignité des enfants qui sont victimes d’abus de toutes sortes.»

Le magistrat a tenu compte du processus thérapeutique qui a produit d’excellents résultats. «La Tribunal a une certaine foi dans votre réhabilitation. Les facteurs de réhabilitation apparaissent très présents. Bonne chance, vous avez un bon cheminement de fait. Vous avez réussi à vous en sortir, je crois. Mais demeurez vigilant, la fragilité peut demeurer présente», a conclu le juge Langelier.