Paul-Émile Therrien nie tout

Témoignant pour sa défense, Paul-Émile Therrien, accusé notamment d’agression sexuelle et d’inceste, a tout nié, mardi après-midi, croyant même à un complot des plaignantes pour lui soutirer de l’argent.

«C’est tout faux, c’est inventé. Il s’agit d’un complot monté contre moi. Ce n’est jamais arrivé», a soutenu l’homme de 79 ans interrogé par son avocat Me Ronald Robichaud.

«D’ailleurs, a-t-il ajouté, elles (sa fille et sa fille adoptive) m’ont poursuivi au civil avant de le faire au criminel. Pour l’une, la somme réclamée s’élevait à près d’un demi-million de dollars et pour l’autre, c’est un peu moins.»

En début d’interrogatoire, Paul-Émile Therrien, natif de Saint-Norbert-d’Arthabaska, a confié qu’il habitait maintenant Victoriaville après avoir vendu en 2017 sa résidence du rang 4 Est à Warwick.

L’accusé, qui a cessé l’école après sa septième année du primaire, a expliqué ses emplois, principalement en construction. En 1976, après avoir travaillé pour une entreprise de couvreur, il a obtenu sa licence d’entrepreneur en toiture. Se spécialisant dans les toits plats, il a réalisé des travaux pour de gros joueurs, comme Bombardier, Hydro-Québec, le gouvernement du Québec et la Commission scolaire.

Me Ronald Robichaud a terminé à 16 h 10 l’interrogatoire de son client. (Photo www.lanouvelle.net)

Le septuagénaire, qui s’est relevé d’un cancer de la gorge, est le père de trois filles, dont une adoptée en Haïti.

Interrogé par Me Robichaud, il a relaté cette journée du 2 décembre 2015 alors que six policiers de la Sûreté du Québec se sont présentés à son domicile munis d’un mandat de perquisition. «Ils ont cogné à ma porte vers 10 h. Ils m’ont fait savoir qu’il y avait des allégations d’agression sexuelle. Je ne comprenais pas trop. Je n’ai rien fait. J’ai nié ça complètement. Et j’ai accepté de les suivre au poste pour faire une déclaration puisque je n’avais rien à me reprocher», a-t-il dit.

L’accusé, par la suite, a expliqué le contexte et les démarches qui ont mené à l’adoption d’une fillette haïtienne.

Il est faux, a-t-il soutenu, que sa fille adoptive n’ait appris que récemment qu’il n’était pas son père biologique. «Elle l’a toujours su. Je lui ai toujours dit qu’elle était adoptée. Je n’ai jamais caché ça.»

Paul-Émile Therrien, dans son témoignage, a aussi confié avoir toujours vécu des problèmes avec sa fille adoptive dès son arrivée. «Elle était voleuse, menteuse. On a fait appel au CLSC. Elle a été suivie pendant trois mois. Cela n’a rien donné. Ça empirait», a-t-il confié, ajoutant que la malnutrition qu’elle aurait connue en Haïti pourrait peut-être expliquer son comportement. «En vieillissant, elle a volé tous ses employeurs», a-t-il  ajouté.

L’accusé croit savoir pourquoi ses filles allèguent des sévices sexuels. «Pour l’argent, a-t-il répondu à l’avocat. Lors d’un souper d’anniversaire chez mon frère, j’ai dit que j’aimerais qu’elles viennent me voir plus souvent, ajoutant que si elles ne venaient pas et que si j’en venais à mourir (du cancer), elles n’auraient pas un sou.»

«Je n’ai jamais touché à mes filles, je ne les ai jamais agressées sexuellement», a-t-il poursuivi.

Questionné sur une visite de la DPJ un certain soir, Paul-Émile Therrien dit avoir confirmé à l’intervenante qu’il pratiquait le nudisme, que les enfants en faisaient quand elles le voulaient. «Elles n’étaient pas forcées», a-t-il précisé.

L’accusé a également parlé de ce revolver de calibre .32 que son père lui a donné en septembre 1993 une semaine avant de mourir. «Je l’ai fait boucher, rendu inopérant et je l’ai conservé. Il a une valeur sentimentale puisque mon père m’en a fait don.»

Au sujet des propos de sa fille concernant son emprise présumée et le fait qu’il contrôlait son argent, l’accusé a expliqué que l’argent, il le plaçait pour le faire fructifier. Il lui aurait même fourni 12 000 $ pour l’achat d’une voiture Cavalier Z 24.

Il lui aurait aussi, a-t-il dit, offert des actions de compagnie Couvertures des Bois-Francs à l’époque.

Me Michel Verville de la poursuite va contre-interroger l’accusé, mercredi matin. (Photo www.lanouvelle.net)

Par ailleurs,  l’accusé rejette l’aveu qu’il aurait fait en 1997 à sa fille. «Je n’en ai jamais fait d’aveu, je ne peux pas, car je n’ai rien fait. Il n’est rien arrivé. Jamais je n’ai posé de gestes sexuels sur mes enfants, jamais je ne les ai touchées», a-t-il mentionné.

«Comment expliquer tout cela?», lui a demandé l’avocat. «Je pense que c’est pour l’argent. Quand elles ont su que j’avais le cancer, elles ont voulu me soutirer de l’argent avant que je meure», a-t-il répondu.

Paul-Émile Therrien a aussi nié les propos d’Huguette Rohrbach. «C’est complètement faux ce qu’elle a dit.» Selon lui, il ne peut lui avoir confié un acte sexuel qu’il aurait fait à sa fille. «Avec la musique, on ne pouvait se parler. Je ne lui ai pas parlé», a-t-il soutenu.

Me Robichaud a terminé vers 16 h 10 son interrogatoire. Le juge Serge Francoeur de la Cour supérieure du Québec a alors donné congé aux sept femmes et quatre hommes du jury qui reviendront, mercredi, au palais de justice de Victoriaville pour le contre-interrogatoire de l’accusé dès 9 h par le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Michel Verville.