L’heure de la retraite pour le capitaine Proulx

 
À son dernier quart de travail, jeudi, avant sa retraite, le capitaine aux opérations Marcel Proulx et son équipe au Service de sécurité incendie de Victoriaville, ont été passablement sollicités avec trois appels en peu de temps, une entraide à Saint-Louis-de-Blandford et deux accidents de la route à Victoriaville.

Depuis 28 ans, le capitaine Proulx répond ainsi aux appels d’urgence. Pour lui, tout a commencé comme pompier en 1994 à la suite du regroupement des municipalités de Victoriaville, d’Arthabaska et de Sainte-Victoire.

« Dix-huit pompiers sont entrés en même temps, les 18 meilleurs. Il reste deux ou trois crèmes, la plus importante crème part », blague-t-il, en présence de plusieurs collègues réunis au poste de pompiers Fernand-Giguère du boulevard des Bois-Francs Sud.

C’est un peu un concours de circonstances qui a amené Marcel Proulx à embrasser la carrière de pompier. « Un incendie est survenu près de chez moi et je suis intervenu pour faire sortir la résidente. Ça m’allumé quelque peu. Puis, j’ai vu une annonce dans le journal comme quoi on recherchait des pompiers. J’ai acheminé mon curriculum vitae sans trop d’espoir. Je me suis dit qu’ils allaient choisir les bons gars. Finalement, ils ont opté pour le bon gars », note-t-il encore dans un éclat de rire.

Il a débuté comme pompier à temps partiel, lui qui a aussi œuvré comme répartiteur à la centrale 9-1-1. Il lui a fallu patienter quelques mois avant son premier appel. À l’époque, rappelle-t-il, c’était des policiers-pompiers à Victoriaville, de sorte que les pompiers à temps partiel n’intervenaient pas si souvent.

Cinq mois après son entrée dans le service survient son premier appel pour la « Zamboni » qui brûlait au Pavillon Jean-Béliveau. Marcel Proulx s’en souvient très bien. « J’ai même dû m’y rendre à vélo. Ma blonde était partie avec l’auto et le téléavertisseur. La voisine a gardé mes deux enfants et je suis parti à vélo pour intervenir au feu. La même journée, on a aussi été appelé pour un feu d’herbes. Finalement, j’ai été parti tout l’après-midi », raconte-t-il.

De pompier, il a grimpé les échelons, devenant lieutenant, puis capitaine aux opérations. Devenu temps plein en 2010, il gérait des équipes depuis ce temps.

Il a aussi fait profiter de ses connaissances et de son expérience aux recrues.

Depuis 2018, il a travaillé comme instructeur pour l’École nationale des pompiers. « J’ai enseigné à une dizaine de cohortes, la plus longue a duré deux ans et demi en raison de la COVID. Je suis content que les participants aient réussi leurs examens. Prodiguer de la formation m’a aussi beaucoup apporté », exprime-t-il.

Le capitaine Proulx a adoré les interventions, l’adrénaline que cela procure. « On en mange, ça nous alimente beaucoup. Mais surtout, c’est de rendre service à la population », confie-t-il.

Une carrière de 28 ans comporte nécessairement des événements marquants. « L’une des interventions qui m’a marqué, un appel de premiers répondants. En arrivant, les ambulanciers massaient, le patient était véritablement en hémorragie. Ça m’a vraiment marqué. »

Comme interventions majeures, les incendies du restaurant Luxor et de l’Hôtel Central demeureront à sa mémoire. « On a travaillé fort, deux gros incendies. Au Luxor, il faisait très froid, nous étions comme des blocs de glace. Cette longue intervention s’est échelonnée sur 18 heures », se souvient-il.

À 60 ans, Marcel Proulx quitte son poste serein et bien heureux. « Je veux profiter de la vie, mon budget me le permet et les jeunes vont prendre la relève », souligne-t-il, ajoutant que la retraite lui permettra notamment de s’adonner à la moto et au golf.

Des commentaires

Pour le capitaine Luc Girouard, le départ de Marcel Proulx constitue un gros morceau. « Marcel et moi, on est entrés ensemble comme pompiers en 1994. On  a suivi notre cours de techniques en prévention incendie ensemble, on a voyagé ensemble. Marcel, c’est une bête, une machine. Je n’ai que de bons mots pour lui », dit-il.

Le directeur du Service de sécurité incendie, Patrick Davidson, arrivé en poste en novembre 2020, avoue que Marcel Proulx est celui qui, lors de la première rencontre, l’a le plus impressionné « par sa rigueur et sa forte personnalité ».

Le directeur admet une certaine déception de voir partir un officier du calibre de Marcel Proulx. « Je suis un peu déçu qu’il quitte, commente-t-il. Tous mes piliers, Marcel, Luc et Dany, ceux qui quitteront dans les prochaines années, ça fera mal au service, car ce sont des ressources qui demandent du temps à établir, à parvenir à leur statut et à leur niveau d’expérience. Tu ne peux nommer un capitaine demain matin et faire en sorte que tout le monde t’accorde ce leadership. Marcel, lui, l’avait. »

Le directeur Davidson note son niveau d’encadrement et sa rigueur. « Les gars travaillaient fort pour lui. Je n’ai que de bons mots. C’est un travaillant, on l’assigne et il répond à la tâche, sans maugréer. Il n’a pas peur de l’ouvrage. C’est un gars que j’apprécie beaucoup. »

Le départ de Marcel Proulx ouvre ainsi un poste de capitaine que Patrick Davidson souhaite combler à l’interne si possible, estimant que le service compte de bons candidats pour obtenir cette promotion. « Mais avec la qualité et la rigueur de Marcel, ça prendra quelques années », conclut-il.