Les trois accusés coupables d’agression sexuelle

Après six jours de délibérations, le jury, formé de six femmes et cinq hommes, a rendu ses verdicts, samedi matin, peu après 10 h 10 au palais de justice de Victoriaville. Des verdicts de culpabilité ont été rendus pour les trois accusés, si bien que le juge François Huot de la Cour supérieure du Québec n’a pas tardé à ordonner leur incarcération immédiate.

Deux des accusés, Dominic Vézina et Jean-Christophe Martin, ont été trouvés coupables d’agression sexuelle avec lésions sur une personne de moins de 16 ans, ce qui, selon la loi, leur vaut une peine minimale de cinq ans de pénitencier.

Martin a aussi été déclaré coupable d’agression sexuelle avec la participation d’une autre personne et de contacts sexuels.

Vézina, de son côté, a été reconnu non coupable d’agression sexuelle avec la participation d’une autre personne, mais coupable d’une accusation moindre d’agression sexuelle, et coupable aussi de contacts sexuels.

Quant au chanteur Pierre-François Blondeau, connu sous le nom de Midaz, le jury l’a trouvé coupable de deux accusations moindres et incluses d’agression sexuelle sur les deux premiers chefs. Il a été reconnu non coupable sur les chefs de contacts et d’incitation à des contacts sexuels.

Le prononcé des verdicts par le président du jury, le juré numéro 10, a été accueilli avec beaucoup d’émotions par les proches des personnes impliquées, certaines quittant en larmes la grande salle d’audience bondée.

D’ailleurs, le public a aussi pu assister à l’audience par vidéoconférence dans une autre salle d’audience.

Dans la salle 1.02, la salle principale, six policiers de la Sûreté du Québec y prenaient place, tout comme le constable spécial, un agent de sécurité, de même que deux paramédics d’Urgence Bois-Francs, prêts à intervenir en cas de besoin.

Avant que les jurés ne fassent leur apparition dans la salle d’audience, le juge Huot a précisé que le jury a fait part à 21 h 45, vendredi, qu’il en était parvenu à des verdicts unanimes sur chacun des 11 chefs d’accusation.

Une fois les verdicts rendus, le magistrat a salué le travail des jurés. «Le 20 mars, vous avez prêté serment de rendre vos verdicts sur la preuve présentée. C’est exactement ce que vous avez fait», a-t-il souligné, ajoutant qu’il avait pu observer, de sa position, tout le sérieux dont ils ont fait preuve au cours du procès.

«Les trois accusés, a poursuivi le juge Huot, ont eu l’opportunité, et la chance, d’être jugés par 11 de leurs pairs, des hommes et des femmes qui ont délibéré pendant six jours pour que justice soit rendue, et justice a été rendue. Merci de votre collaboration et du sérieux dont vous avez fait preuve.»

L’avocat de Pierre-François Blondeau, Me Yves Savard, a, par ailleurs, demandé la confection d’un rapport présentenciel pour son client, une demande accordée par le magistrat qui a aussi formulé, pour chacun des accusés, une recommandation à l’effet qu’ils puissent purger leur peine au centre de détention de Québec.

Le juge Huot n’a pas encore imposé les peines. Par visioconférence, les dossiers reviendront le 19 mai, le juge siégera alors à Québec. Les parties devraient alors convenir d’une date pour les représentations sur la peine.

En poursuite, Me Éric Thériault a fait savoir au magistrat qu’il n’allait pas réclamer plus que la peine minimale dans le cas de Vézina et Martin.

En défense, certains procureurs pourraient aussi entamer des procédures pour contester la constitutionnalité de la question de la peine minimale.

Réactions

Le procureur de la poursuite, Me Éric Thériault, qui a piloté ce dossier, avec la collaboration de Me Louis-Charles Bal, faisait preuve d’une grande nervosité, mais aussi d’une confiance, en s’amenant, samedi matin, au palais de justice de Victoriaville.

«Nous avions une preuve solide, et les verdicts avec un fardeau élevé hors de tout doute raisonnable le démontrent. Nous sommes très satisfaits des résultats», a-t-il commenté.

Interrogé à savoir ce qui a pu faire pencher la balance, Me Thériault estime que le crédit revient à la plaignante qui avait 15 ans lors des faits qui se sont produits le 25 octobre 2014 lors d’une soirée «rave» pour les 15-25 ans au Complexe Sacré-Cœur de Victoriaville.

«Tout le mérite revient à la plaignante. C’est un dossier qui date de 2014. Je veux souligner son courage. Elle a fait preuve de détermination et de beaucoup de courage, tout comme les membres de sa famille», a exprimé Me Thériault, tout en se disant convaincu du soulagement de la jeune femme, même s’il ne lui avait pas encore parlé au moment de rencontrer les journalistes.

La plaignante, pour sa part, a gentiment fait savoir aux médias qu’elle préférait ne pas émettre de commentaires.

Les avocats des accusés, eux aussi, ont indiqué ne pas vouloir commenter les verdicts rendus.

Mais Me Maxime Roy, l’avocat de Jean-Christophe Martin, questionné à savoir s’il avait l’intention d’interjeter appel, a répondu qu’il allait évaluer toutes les options.

Il se sera finalement écoulé 41 jours entre le début du procès, le 27 mars, et sa conclusion avec les verdicts rendus.

Le procès s’est échelonné sur six semaines. Quinze jours d’audience, incluant les deux journées de plaidoiries de la défense et de la poursuite, ont permis l’audition de 21 témoins, 16 témoins, notamment la plaignante, assignés par le ministère public et cinq témoins entendus en défense, dont les trois accusés.

Au départ, six femmes et six hommes composaient le jury. Mais un incident, survenu jeudi soir à l’hôtel où logeaient les jurés, a mené, vendredi après-midi, à l’exclusion du juré numéro 9.