L’emprisonnement dans la collectivité pour Mathieu Laliberté

Après avoir entendu chacune des parties plaider, mardi, le juge Simon Ricard de la Cour du Québec avait pris la cause en délibéré. Il a tranché, vendredi, en condamnant le Victoriavillois Mathieu Laliberté à huit mois de détention dans la collectivité.

C’est le type de peine que souhaitait justement l’avocat de l’accusé, Me Jean-Riel Naud, tandis que la poursuite, représentée par Me Jean-Philippe Garneau, avait plaidé pour un emprisonnement ferme de six mois.

Arrêté notamment lors de l’opération Obélisque, le jeune homme, toutefois, n’avait pas de réel lien avec le réseau, a-t-on fait valoir lors des procédures.

Il a cependant reconnu sa culpabilité à des accusations de possession simple de cannabis, de trafic de cannabis alors qu’on avait  retrouvé dans son véhicule lors d’une interception au mont Arthabaska de la marijuana dans des sachets. Il a également été trouvé en possession de plus de 1300 $ et d’un poing américain, une arme illégale.

Mathieu Laliberté a aussi plaidé coupable à une accusation de voies de fait avec lésions, une affaire survenue en avril 2017. Alors qu’il était fortement intoxiqué par l’alcool et la drogue, se croyant chez lui, il s’est présenté à la résidence d’un inconnu, un homme de 67 ans, qui lui a demandé de quitter.

L’accusé a insulté le sexagénaire pour ensuite le rouer de coups et même le mordre.

«Il s’agit d’un geste gratuit, incompréhensible et très violent», a observé le juge Ricard tout en faisant remarquer que l’état d’intoxication pouvait peut-être faire en sorte de diminuer un tant soit peu son degré de responsabilité morale.

Le magistrat a aussi émis des réserves  sur la crédibilité des propos de l’accusé au sujet du trafic de stupéfiants lorsqu’il allègue qu’il dépannait des amis.

Le président du Tribunal a considéré également le rapport présentenciel, «un rapport ni positif, ni négatif», de même que le témoignage de l’accusé qui a notamment formulé des excuses à la victime, reconnaissant que l’homme devait être traumatisé.

Le juge d’ailleurs a évoqué les conséquences vécues par l’homme maintenant «plus prompt, plus méfiant» alors qu’auparavant il était calme et serviable. Pour plus de sécurité, il a aussi changé des façons de faire. Il se montre plus inquiet par certains bruits. «Il n’en revenait pas d’avoir été mordu au visage par un être humain», a noté le magistrat.

Chaque fois qu’il se regarde dans le miroir, l’image lui rappelle ces événements traumatisants. «J’espère que pour aurez chaque jour une pensée pour la victime», a dit le juge Ricard à Mathieu Laliberté.

Dans sa décision, le juge a signalé, comme facteurs aggravants, les nombreuses infractions, le geste gratuit, très violent, les séquelles pour la victime et la minimisation de la responsabilité concernant le trafic de stupéfiants.

Comme facteurs atténuants, le magistrat a retenu l’âge du jeune homme, son enfance difficile, les excuses sincères qu’il a présentées, son comportement de la dernière année (le respect des conditions imposées), l’absence d’antécédent, le plaidoyer de culpabilité et une certaine réhabilitation démontrée.

La peine, a rappelé le juge Ricard, doit respecter certains critères, comme la dénonciation et la dissuasion. «Elle doit vous faire prendre conscience de la nature inacceptable du geste posé», a-t-il souligné à l’accusé.

Le président du Tribunal a conclu qu’une peine d’emprisonnement s’imposant, tout en précisant qu’une peine dans la collectivité n’allait pas compromettre, selon lui, la sécurité du public.

Il lui a donc imposé une peine de huit mois d’emprisonnement à purger dans la collectivité assortie de nombreuses conditions.

Pour les quatre premiers mois, Mathieu Laliberté sera assigné à domicile en tout temps, sauf notamment pour un travail légitime et rémunéré, pour urgence médicale et pour, le jeudi entre 12 h et 18 h, pour l’achat de biens et de nourriture.

Pour les quatre derniers mois, il devra observer un couvre-feu entre 22 h et 6 h.

Il devra aussi faire installer une ligne téléphonique résidentielle pour répondre aux appels de l’agent de surveillance, faciliter l’accès à sa résidence à l’agent.

De plus, il devra effectuer un don de 1000 $ qu’il remettra au greffe pour la victime.

Le juge lui ordonne aussi de se présenter, dans un délai de trois mois, à l’unité Domrémy pour une évaluation en matière de toxicomanie.

La Cour lui interdit, par ailleurs, de communiquer avec la victime, de se rendre à son domicile et d’être en sa présence.

Une fois terminée la peine d’emprisonnement dans la collectivité, Mathieu Laliberté sera soumis à une période de probation de deux ans, dont un an avec suivi.