Le juge devra trancher entre la prison ferme ou dans la collectivité

Alors que le ministère public réclame une peine ferme de six mois de détention, la défense plaide plutôt pour une peine dans la collectivité pour Mathieu Laliberté, un accusé visé notamment dans l’opération Obélisque. Le juge Simon Ricard de la Cour du Québec tranchera la question, vendredi.

Âgé de 21 ans, le Victoriavillois a reconnu sa culpabilité à des accusations de possession de cannabis concernant l’opération Obélisque du mois de juin 2017. «Son nom est sorti, il figurait dans l’enquête, mais il ne faisait pas partie véritablement du réseau. Les policiers d’ailleurs n’ont saisi que très peu de cannabis», a fait remarquer son avocat Me Jean-Riel Naud.

Me Jean-Riel Naud de l’Aide juridique représente l’accusé. (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

Mathieu Laliberté attend aussi sa peine concernant une affaire de voies de fait avec lésions survenue en avril 2017. Fortement intoxiqué, il a attaqué un inconnu, un homme de 67 ans, qu’il a roué de coups de poing en plus de le mordre.

Questionné par son avocat, le jeune homme a indiqué n’avoir que très peu de souvenirs de l’événement, se rappelant s’être réveillé ensanglanté au poste de police. «Je ne comprenais pas ce qui se passait», a-t-il dit, tout en qualifiant d’inacceptable ce comportement. «La violence, ce n’est pas moi, ça», a-t-il fait valoir.

Mais pourquoi le «poing américain» (que les policiers ont retrouvé dans son sac à dos) si vous n’êtes pas violent?, lui a demandé Me Naud. «À 13 ans, c’était juste pour le «trip» de l’avoir. Je ne me souvenais plus qu’il se trouvait là», a répondu l’accusé.

Son avocat a soulevé aussi la question des 1300 $ qu’il avait dans son porte-monnaie. «C’est de l’argent que j’avais mis de côté», a-t-il dit.

L’accusé a connu une enfance difficile, quittant la maison familiale à 14 ans. «J’ai décidé de voler de mes propres ailes. Et pour m’évader, j’ai commencé à consommer du cannabis. Je fumais 14 joints par jour, et de la cocaïne à l’occasion», a-t-il confié, ajoutant qu’il était maintenant sobre depuis plus d’un an.

Mathieu Laliberté a fait savoir qu’il n’avait pas apprécié la détention, mais il a finalement compris ce qu’il est et ce qu’il vaut.

«Je suis sobre. Je me suis rendu compte que le cannabis, ça ne me va pas. Et j’ai fait le ménage dans mes amis. Aujourd’hui, je côtoie du bon monde qui me soutient.»

En évoquant le rapport présentenciel, Me Naud l’a qualifié de mi-figue, mi-raisin. «Le fil conducteur, la grande problématique le concernant, c’est la consommation. Mais il est maintenant sobre et le dossier le plus grave, celui de l’agression en état d’intoxication, l’a bouleversé et fait réfléchir. Il a été secoué, déstabilisé par la gravité de son geste», a fait valoir l’avocat.

S’il pouvait rencontrer la victime, Mathieu Laliberté a dit qu’il lui présenterait ses excuses. Il se dit ouvert à un dédommagement de 1000 $ et à un suivi pour prévenir la consommation si la Cour l’ordonne.

Dans sa plaidoirie, Me Jean-Riel Naud a fait valoir le fait que son client a toujours travaillé, qu’il est un actif pour la société. Une peine de détention ferme risquerait, selon lui, de lui faire perdre son emploi.

Voilà pourquoi il a suggéré une peine dans la collectivité, ou si le Tribunal décidait d’une peine de détention, que celle-ci puisse être purgée de façon discontinue.

La poursuite

Le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Jean-Philippe Garneau, pour sa part, a soulevé qu’une peine possible de 18 mois d’emprisonnement démontrait la gravité objective du geste. «Une attaque gratuite en pleine nuit sur un inconnu  qui a reçu plusieurs coups en plus d’une morsure», a-t-il signalé, tout ajoutant que la victime, dans sa déclaration, se disait choquée, traumatisée et affichant encore des séquelles, une cicatrice. «Il ne comprend pas pourquoi il a vécu ça», a indiqué Me Garneau.

Me Jean-Philippe Garneau, procureur aux poursuites criminelles et pénales (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

L’événement, a-t-il poursuivi, est survenu alors que l’accusé avait une cause pendante devant la justice. «Cela démontre qu’une prise de conscience n’a pas été faite», a-t-il soutenu.

Le procureur du ministère public, par ailleurs, est d’avis qu’à bien des égards, Mathieu Laliberté présente «de belles excuses plutôt que d’assumer sa responsabilité». «C’est toujours la consommation, mais pas sa faute. Il a une justification pour tout, pour les 1300 $, pour le poing américain. Il n’a pas fait preuve d’introspection. Il assume plus ou moins les conséquences», a plaidé Me Garneau estimant que l’accusé «ne présente pas un profil d’individu, en soi, honnête, et on ne peut écarter le risque de récidive».
«Ce n’est pas le profil idéal pour accorder l’emprisonnement dans la collectivité», a indiqué le représentant de la poursuite qui estime «réaliste», une peine de six mois de détention pour une attaque brutale gratuite, pour le bris d’engagement et les infractions liées aux stupéfiants.

Le juge Ricard imposera, vendredi, la peine qu’il réserve au jeune Victoriavillois.