Le juge délibère concernant Pierre-François Blondeau

Après avoir entendu chacune des parties, mardi matin au palais de justice de Victoriaville, le juge François Huot de la Cour supérieure du Québec a pris la cause en délibéré et fera connaître, le 7 juillet, la peine qu’il imposera à Pierre-François Blondeau, alias le chanteur «Midaz», trouvé coupable d’agression sexuelle par un jury, le 6 mai. Des faits survenus en octobre 2014 à Victoriaville sur une adolescente de 15 ans et pour lesquels Jean-Christophe Martin et Dominic Vézina ont été condamnés.

Les parties se retrouvaient, mardi à Victoriaville, parce que le 19 mai dernier, à Québec, le juge Huot avait fait part de son étonnement devant la suggestion commune de 12 mois de détention que la poursuite et la défense lui présentaient. Le magistrat disait alors douter de son caractère raisonnable, invitant donc les parties à s’expliquer davantage. Ce que Me Éric Thériault du ministère public et Me Yves Savard, l’avocat de Blondeau, ont fait, mardi matin.

«À la suite de plusieurs échanges et discussions avec la poursuite, on en est venu à une suggestion commune qui satisfaisait la victime et qui tenait compte de plusieurs facteurs, comme le fait que mon client ne présentait aucune déviance, qu’il n’avait pas d’antécédent judiciaire, qu’il s’agit d’un événement isolé et non prémédité, qu’il est bien entouré, un facteur favorable à une réhabilitation sociale», a plaidé Me Savard, ajoutant que son client n’avait pas fait preuve non plus de violence ou de menaces, pas plus qu’il s’agissait d’une situation de confiance ou d’autorité.

Me Savard a aussi insisté sur l’acquittement prononcé sur les chefs de contacts sexuels et d’agression causant des lésions. «Et puis, le 19 mai, Pierre-François Blondeau a exprimé ses excuses à la victime, a renoncé aussi à interjeter appel des verdicts», a-t-il souligné, ajoutant aussi que les accusations et la médiatisation de l’affaire ont mis fin à ses rêves d’une carrière musicale comme chanteur, devant se réorienter dans la production musicale.

Me Savard a également fait savoir que son client a été victime de sévices de la part de codétenus à la prison de Trois-Rivières. Les deux autres aussi (Dominic Vézina et Jean-Christophe Martin), a-t-on appris, ont été malmenés.

Divergence sur la lecture des faits?

Me Yves Savard estime, à la lecture des verdicts, que le jury n’a retenu, comme geste sexuel, qu’une fellation concernant Blondeau, rejetant, selon lui, les rapports sexuels vaginaux et anaux. En poursuite, Me Thériault va dans le même sens, apportant certaines nuances. «Je ne pense pas que le jury a cru Blondeau, mais je pense qu’il a soulevé un doute raisonnable. Ce n’est pas de gaieté de cœur, a-t-il soutenu, mais logiquement, selon la séquence des événements, on n’a pas le choix de retenir qu’il y a eu une fellation hors de tout doute raisonnable, mais qu’un doute a été soulevé quant à la croyance de l’âge de la victime et de la pénétration.»

Le juge François Huot a, de son côté, soulevé un élément que les parties n’ont pas évoqué. «Personne ne m’a parlé de la tentative de pénétration que l’accusé a reconnue. On comprend de son témoignage qu’il a tenté sans succès. Il a d’ailleurs demandé la sympathie des membres masculins du jury», a fait valoir le magistrat.

Le président du Tribunal se dit d’accord avec le principe d’accepter une suggestion commune raisonnable. «Encore faut-il s’entendre sur la trame factuelle», a-t-il dit, ajoutant qu’il lui revenait de déterminer ce dont il est convaincu hors de tout doute raisonnable.

«On est ailleurs (côté peine) si vous déterminez qu’il y a eu tentative de pénétration. Pour nous, ça équivaut à une pénétration et ce serait une peine de pénitencier (2 ans et plus). Plus ou moins 30 mois en ce qui nous concerne», a signifié Me Éric Thériault de la poursuite.

En défense, Me Yves Savard maintient la suggestion de 12 mois qu’il considère d’ailleurs «trop élevée» pour une seule fellation. «Mais mon client a décidé de l’accepter», a-t-il noté.

Après avoir entendu les parties, le juge Huot a indiqué qu’il allait s’accorder un temps de réflexion avant d’imposer la peine, ce qu’il fera le vendredi 7 juillet par visioconférence depuis le palais de justice de Québec. En terminant, le magistrat a acquiescé à la demande de Me Savard en demandant aux autorités carcérales de faire en sorte que la sécurité de M. Blondeau soit assurée.