L’auteure de son propre malheur?

Lors de son plaidoyer pour défendre la non-culpabilité de sa cliente, Ginette Duclos, dans le procès portant sur la séance de sudation mortelle, Me René Duval a déclaré que Mme Lavigne a fait des choix qui sont l’auteur de son propre malheur.

Bien qu’ils représentent les accusés de façon individuelle, Me René Duval et Me Jean-François Lauzon ont recoupé leur argumentaire, faisant valoir que le rôle joué par leur client respectif, soit Ginette Duclos et Gérald Fontaine, est fort semblable.

Si les deux affirment avoir surveillé les participants durant l’expérience, l’une a tenté de porter secours à Mme Lavigne, l’autre a veillé sur Julie Théberge, au terme de la hutte de sudation du 28 juillet 2011.

Expertises manquantes

D’entrée de jeu, les deux procureurs ont contesté le travail des enquêteurs qui auraient eu avantage à expertiser davantage le matériel trouvé sur place ainsi que le contenu gastrique de Chantal Lavigne. D’après Me Duval, il aurait ainsi été possible de savoir si cette femme avait mangé et si elle était déshydratée avant d’entreprendre la séance de sudation.

«On nage en plein mystère sur des éléments qui auraient pu donner un éclairage sur les causes de ce décès tragique», a déploré l’avocat, au style plutôt théâtral.

À titre d’exemple, Me Lauzon aurait trouvé pertinent que les couvertures des victimes soient recueillies et expertisées pour connaître le type de tissus qui les composaient.

Ils ignorent ce qui est reproché

Les deux hommes de loi ont fait ressortir le thème récurrent de l’enseignement de Gabrielle Fréchette, qui parlait de responsabilisation. «Les participants étaient libres de participer aux huttes. Ça, c’est capital», s’est exclamé Me Duval. Son homologue a également défendu que ces derniers n’éprouvaient aucune contrainte à se défaire des couvertures, au besoin.

Quant aux boîtes de carton installées au-dessus de la tête des participants, Me Lauzon prétend qu’elles visaient à faciliter la respiration, créant une «poche d’air» qui évitait que la couverture colle sur le visage.

«Il n’y avait pas d’attente que les participants devaient aller au-delà de leurs limites», a ajouté Me Duval.

Tentant de distinguer la faute civile à la négligence criminelle, la défense a souligné que les deux tiers des participants n’ont rien subi lors de la hutte, ce qui démontre de manière éclatante que l’activité n’était pas dangereuse.

Qui plus est, durant leur plaidoyer, Me Duval et Me Lauzon ont affirmé ne pas savoir exactement ce que la Couronne reprochait à leur client, puisque les participants jouissaient d’une liberté totale.

À qui la faute?

Le procureur de Ginette Duclos a rappelé les propos du Dr Daniel Lafleur, urgentologue à l’hôpital Sainte-Croix, confirmant que la déshydratation était un facteur qui prédisposait au coup de chaleur, à l’origine des malaises de Julie Théberge et du décès de Chantal Lavigne. «Même chose pour l’exercice», a poursuivi Me Duval.

De fait, tous les avocats de la défense ont focussé sur la marche de 12 kilomètres, qui a duré environ quatre heures, à laquelle les deux victimes ont pris part, la veille de la hutte de sudation. Une promenade au cours de laquelle les deux femmes ne se seraient pas suffisamment hydratées.

«Il y a une énorme différence entre une personne qui a une fragilité et une personne qui se place dans une situation de fragilité», a laissé tomber Me Duval.

À tour de rôle, les avocats de Ginette Duclos et Gérald Fontaine ont indiqué que leur client, lors de cette hutte de sudation, avait consenti à suivre les consignes dictées par Melkisédeck, cette entité envers qui les deux vouent une grande confiance.

«Mme Duclos a témoigné qu’elle croyait sincèrement à la réalité de Melkisédeck et à la sagesse de ses enseignements», a communiqué Me Duval. Son collègue, Me Lauzon, soulève l’habitude qu’avait M. Fontaine de consulter Melkisédeck lorsqu’il vivait des questionnements. Il lui demandait conseil.

Au dire des deux procureurs, les deux assistants ne sont donc aucunement responsables des événements ayant conduit à ce drame puisqu’ils n’avaient décidé de rien… ou presque.