Un texto mène un jeune homme à la prison

Un Warwickois de 25 ans, Gérémy Laroche, qui a reconnu avoir texté au volant et causé un accident avec blesses, a été condamné, vendredi matin, à purger, de façon discontinue, 60 jours de prison.

Le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec a ainsi entériné une suggestion commune présentée par la procureure de la poursuite, Me Cynthia Cardinal, et l’avocat de l’accusé, Me Jean-Philippe Anctil.

Gérémy Laroche, en février dernier, a reconnu sa culpabilité à une accusation de négligence criminelle causant des lésions à ses deux amis qui l’accompagnaient au moment de la sortie de route survenue à la fin juillet 2013 à Sainte-Séraphine. Le véhicule conduit par l’accusé a percuté un ponceau.

En résumant les faits, Me Cardinal du ministère public a indiqué que les policiers, en discutant avec l’accusé sur les lieux, avaient détecté une odeur d’alcool.

Gérémy Laroche leur a admis, malgré la mesure zéro alcool à laquelle il était soumis, qu’il avait consommé quelques consommations durant la soirée.

«Mais suite aux négociations avec la poursuite, les accusations de refus de fournir un échantillon d’haleine et de conduite avec les capacités affaiblies ont été retirées», a confié Me Anctil en défense.

L’accusé, a rappelé la procureure aux poursuites criminelles et pénales, a reconnu que, tout en conduisant, il avait utilisé son cellulaire pour envoyer un message texte. «En raison de différents éléments juridiques, il y a eu entente sur l’aspect de la négligence», a fait savoir Me Cardinal qui a tenté de contacter, sans succès, les victimes qui ont subi des blessures.

L’un d’eux a été hospitalisé pendant environ une semaine ayant subi une fracture du sternum et plusieurs fractures aux côtes.

L’autre victime a souffert d’une luxation de la hanche et a subi une intervention chirurgicale le jour même.

Les représentations

La représentante du ministère public a confié que l’accusé, un jeune homme sans antécédent judiciaire, présentait un rapport présentenciel positif, tout en ajoutant que, depuis 2013, aucune infraction ne lui a été reprochée. «On en tient compte, a-t-elle fait valoir. L’individu est un actif, il a un travail et il s’approprie une bonne responsabilisation.»

«Il s’agit d’un cas isolé dans son parcours, a poursuivi, en défense, Me Jean-Philippe Anctil. C’est un jeune homme sage, timide, posé, bien intégré socialement et qui peut compter sur le support de sa famille. Il ne présente aucune fibre de délinquant.»

Me Anctil a précisé que la suggestion commune ne suggérait aucune perte de permis de conduire pour ne pas nuire au jeune homme qui travaille avec des machineries agricoles.

«Par contre, notre suggestion envisage qu’il dédommage chacune des victimes avec un montant de 500 $», a précisé M. Anctil.

La décision du Tribunal

En entérinant la proposition des parties, le juge Bruno Langelier n’a pas manqué de rappeler que les jeunes au volant, la nuit, «sont les plus impliqués dans des accidents qui occasionnent des dommages aux gens qui circulent sur la route». D’ailleurs, comme l’a noté le juge, de nouvelles mesures en sécurité routière viennent d’entrer en vigueur aujourd’hui (vendredi).

«Ils (les jeunes) représentent une large proportion dans ces situations catastrophiques sur les routes», a souligné le magistrat. «Ici, il apparaît que le fait de texter au volant constitue le facteur majeur qui vous a impliqué dans cet accident qui a causé des blessures importantes à vos amis», a-t-il ajouté.

La peine suggérée par les parties, le juge Langelier l’a qualifiée de clémente. «Mais vous ne représentez pas un danger pour la collectivité. Une peine plus sérieuse ne serait pas appropriée», a-t-il signalé tout en considérant que le jeune n’avait pas d’antécédent, qu’il présente un rapport «excellent». «On a peu à redire sur votre cheminement, a dit le juge à Gérémy Laroche. Vous avez réfléchi sérieusement, vous êtes un actif pour la société avec un bon emploi. Vous ne présentez aucune caractéristique d’un individu délinquant. Mais il y a cette situation malheureuse qui laissera sûrement des traces sur laquelle vous pourrez continuer de mûrir.»

Le magistrat a expliqué, par ailleurs, que le Tribunal pouvait s’écarter de la fourchette de peines imposées dans les cas où, comme c’est le cas, ici, la réhabilitation apparaît convaincante et marquée.

Gérémy Laroche a donc été condamné à 60 jours de prison, à purger les week-ends dès le 26 mai.

Soumis à une probation d’une année, le jeune homme devra, en guise de dédommagement, payer 500 $ à chacune des victimes.

De plus, le juge est allé plus loin, en lui interdisant , pendant la probation d’un an, de consommer de l’alcool ou d’en avoir en sa possession. «Pour approfondir votre réflexion», a confié le juge Langelier.

Et pour qu’il réfléchisse davantage aux dangers que représente le cellulaire au volant, il lui a interdit aussi d’avoir un cellulaire en sa possession lorsqu’il prendra la route.