La fin d’un long processus pour les 14 victimes

Le dossier de Dany Gilbert s’est terminé, hier au palais de justice de Thetford Mines, alors que l’homme de 44 ans a été condamné à une peine de trois ans d’emprisonnement dans un pénitencier fédéral pour avoir commis plusieurs agressions sexuelles.

La juge Réna Émond a également demandé à ce qu’un échantillon de son ADN soit prélevé et que son nom soit inscrit au Registre des délinquants sexuels à perpétuité. La magistrate a donc pris en compte la proposition de la procureure de la Couronne, Me Isabelle Côté, qui demandait trois à quatre ans de prison. L’avocat de la défense, Me Luc Ouellette, avait quant à lui proposé une peine de trois mois de prison discontinue à purger les fins de semaine et de 240 heures de travaux communautaires.

La juge Émond a par ailleurs ajouté 15 jours à la peine d’emprisonnement pour un bris d’engagement. En effet, alors qu’il lui était interdit d’entrer en contact de quelconque manière avec ses victimes, Gilbert avait aperçu l’une d’elles lors d’un événement public en 2015 et l’avait saluée.

Rencontrée peu après l’annonce de la sentence, l’une des victimes n’a pas voulu commenter sur la peine imposée par la juge, mais elle se disait toutefois contente que les longues et difficiles démarches judiciaires soient terminées.

Pour sa part, Me Côté se disait satisfaite de l’aboutissement du dossier. «La juge a bien soupesé tous les éléments. C’est surtout la fin d’un long processus pour les victimes», a-t-elle souligné. Notons que l’avocat de Dany Gilbert, Me Luc Ouellette, n’a pas voulu faire de commentaires à l’auteure de ces lignes.

Rappel des faits

En avril dernier, alors que son procès devait s’amorcer, le Thetfordois avait plutôt décidé de plaider coupable à 15 chefs d’agression sexuelle sur 14 victimes. L’homme de 44 ans a commis ces gestes sur des femmes et une adolescente de 16 ans à différents moments entre mai 2012 et septembre 2013, tandis qu’il exerçait son métier de massothérapeute à Thetford Mines et à Saint-Ferdinand. Il a depuis été radié et ne peut plus exercer.

Il avait été arrêté au début du mois d’octobre 2013 et accusé une première fois de cinq chefs d’agression sexuelle. L’enquête s’était poursuivie et il avait de nouveau été accusé en janvier 2014 de cinq chefs en semblable matière. D’autres victimes s’étaient par la suite manifestées au cours de la même année et davantage d’accusations avaient été portées. Il a été mentionné au cours du processus judiciaire que la publication de son arrestation dans les médias avait convaincu d’autres femmes de porter plainte.

Rappelons qu’au cours de séances de massothérapie, il a, à plus d’une reprise, frotté ou posé ses parties génitales sur le corps, les bras et les mains de plus d’une victime. À l’une d’entre elles, il a également introduit son doigt dans son vagin pendant plusieurs minutes sous prétexte de lui replacer le coccyx. Les autres gestes posés sont des attouchements à la vulve, aux seins et aux fesses, ainsi que des baisers sur la bouche et différentes parties du corps.

À quelques occasions lors des événements, l’accusé a tenté de justifier ses gestes auprès de ses victimes en disant que c’est comme cela qu’il avait appris à faire son métier. Il a de plus mentionné que des ennuis de santé, notamment la prise d’un médicament, et des problèmes avec sa conjointe avaient été à l’origine de certains gestes déplacés. Il avait d’ailleurs essayé de blaguer avec une victime à propos de son manque de relations sexuelles. Enfin, mentionnons qu’il avait tenté d’amadouer quelques clientes pour ne pas qu’elles portent plainte en leur offrant des rabais sur les séances de «massage».

Plusieurs conséquences

Cinq victimes de Dany Gilbert sont venues, lors des plaidoyers, expliquer les conséquences des gestes posés par l’ancien massothérapeute sur leur vie. Idées suicidaires et pour l’une d’elles, tentative de suicide, dépression, problèmes conjugaux, divorce, incapacité de se laisser toucher de façon intime, insomnie et peur que l’accusé vienne se venger sont quelques-unes des séquelles qui ont été énumérées par ces femmes.

Elles ont mentionné que ces conséquences sont encore bien présentes dans leur vie aujourd’hui. L’une d’elles a même raconté se sentir coupable de ne pas avoir parlé avant puisqu’elle aurait pu éviter qu’il fasse d’autres victimes. Pour la plupart, un lien de confiance existait entre elles et Dany Gilbert puisqu’il était un ami de la famille ou il les avait déjà traitées par le passé sans qu’il y ait de problème. Croyant que leur cas était isolé et ne voulant pas détruire sa famille, elles avaient décidé de ne pas en parler au début, mais la médiatisation de l’affaire leur avait fait prendre conscience qu’elles n’étaient pas seules.