Un jeune motocycliste victime de sa témérité

«La vitesse excessive  doublée de la témérité d’un jeune conducteur qui sont à l’origine de cette tragédie», conclut le coroner Me Yvon Garneau dans son rapport d’enquête du 14 février entourant la mort tragique de Francis Poliquin, 24 ans, de Daveluyville.

Le jeune motocycliste  a tragiquement perdu la vie vers 21 h 50 le 30 juin 2017 à la suite d’une perte de contrôle dans une courbe du 13e rang Est à Notre-Dame-du-Bon-Conseil.

Ce soir-là, il devait compléter les derniers mouvements du déménagement avec sa conjointe dans un nouveau logement à Saint-Cyrille-de-Wendover, question de se rapprocher de son travail.

Le comportement de conducteur du jeune homme à la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) n’a rien révélé de majeur, note le coroner Garneau, à l’exception de quelques infractions pour vitesse.

Des proches ont toutefois fait savoir au coroner que Francis Poliquin aimait la haute vitesse, surtout lorsqu’il circulait à moto.

Le rapport de la Sûreté du Québec révèle d’ailleurs que le jeune homme roulait à une vitesse excessive sur le rang 13 à Notre-Dame-du-Bon-Conseil lorsqu’il a violemment dérapé au début de la courbe prononcée en roulant en direction est.

Même que, quelques minutes avant le funeste accident, différents témoins l’ont aperçu à très haute vitesse sur le 3e rang de Saint-Cyrille-de-Wendover.
Des patrouilleurs de la SQ, qui se trouvaient dans le secteur, l’ont vu également. «Aucune interception n’a été possible en raison de la grande vitesse (environ 120 km/h dans une zone de 50), écrit le coroner Yvon Garneau, malgré le signal de gyrophares. Il n’y a pas eu de poursuite engagée non plus.»

Le coroner, par ailleurs, est catégorique : la configuration de la route et l’état mécanique de la motocyclette ne sont nullement en cause dans cet accident.

L’alcool, non plus, n’a pas joué un rôle dans l’accident. Les analyses toxicologiques ont révélé une alcoolémie de 49 mg d’alcool par 100 ml de sang, sous la limite légale de 80. Aucune autre substance n’a été détectée dans son organisme.

Des questions

Blessé grièvement, le jeune motocycliste a été conduit au centre hospitalier Sainte-Croix de Drummondville. «Une équipe de médecins spécialistes le prend immédiatement en charge (…) Toutes les techniques possibles sont appliquées, toutes les interventions possibles sont posées afin de le maintenir en vie, allant même jusqu’à suggérer un transfert en traumatologie au Centre hospitalier régional de Trois-Rivières (CHRTR)», souligne Me Garneau.

Mais aucune ambulance sur le territoire n’est disponible pour le transfert. Seule une ambulance de Pierreville pourrait se présenter. «Vu le pronostic très sombre, l’instabilité du patient et la détérioration de son état, l’équipe médicale décide d’annuler ce transfert», indique le coroner.

Cette situation l’a amené à vérifier les protocoles. «L’analyse confirme qu’aucun véhicule n’était disponible dans le secteur au moment de l’appel pour un transfert au CHRTR, mais que malgré cela, le plan de relève a été appliqué selon les protocoles en vigueur(…) Il faut bien réaliser que si une telle situation se reproduisait, l’indisponibilité de véhicules d’urgence pourrait être un facteur aggravant, et ce, malgré le respect des protocoles», estime le coroner Yvon Garneau.

Le présent cas témoigne-t-il d’un manque d’ambulances pour couvrir le territoire de Drummond? La question se pose, indique le coroner, mais les informations obtenues auprès de personnes compétentes en la matière laissent entendre que ce manque d’effectifs n’est pas fréquent et que la soirée du 30 juin 2017 a été exceptionnellement très occupée à Drummondville et dans les environs.

L’annulation du transfert du jeune motocycliste, reprend le coroner, relève davantage de l’état détérioré du patient et du sombre pronostic envisagé par les médecins experts sur place.

Enfin, le coroner soulève une dernière question. Me Garneau s’interroge à savoir si, dans les circonstances (blessé inconscient), les ambulanciers auraient pu être dirigés immédiatement vers le centre de traumatologie le plus près, une distance d’environ 40 minutes à parcourir entre les lieux de l’accident et le CHRTR.