« J’étais en train d’y passer », raconte un policier

À l’enquête préliminaire de Michaël Landry, accusé notamment de tentative de meurtre sur un policier, l’agent Derek Brière de la Sûreté du Québec du poste de la MRC d’Arthabaska a raconté avoir bien failli mourir en fin de soirée le 2 juillet dernier.

Il fait partie des deux témoins (deux policiers) que l’avocat de l’accusé, Me Jean-Philippe Anctil, a contre-interrogé, mercredi avant-midi, au palais de justice de Victoriaville.

Parce que la défense ne contestait pas le renvoi à procès, l’étape de l’interrogatoire par le ministère public n’a pas été requise. Me Anctil a donc rapidement entrepris de questionner les témoins.

À commencer par l’agent Brière qui, ce soir-là, patrouillait avec son collègue l’agent David Lecours. Derek Brière était au volant de la voiture de police.

Ils ont voulu, a-t-il relaté, intercepter le véhicule de Michaël Landry après avoir constaté qu’il circulait les phares éteints. Or, le véhicule suspect ne s’est pas immobilisé. Il y a eu fuite.

Les patrouilleurs l’ont suivi, constatant une conduite très erratique. « Le véhicule allait de gauche à droite, c’était une conduite très dangereuse, très erratique », a indiqué l’agent Brière.

La poursuite a pris fin sur la rue de la Petite-Manic à Saint-Rosaire, le véhicule s’immobilisant après s’être encastré, selon le policier, dans un rondin.

L’agent a raconté avoir dégainé son arme en constatant que le suspect a entré son corps et ses mains dans le véhicule, comme pour récupérer quelque chose, selon lui.

Le policier s’est lancé à sa poursuite lorsque l’homme a pris la fuite vers le bois. « Il faisait extrêmement noir. Je n’ai pas vu le fossé d’une profondeur d’environ quatre ou cinq pieds », a-t-il dit.

L’agent Brière a réussi finalement à mettre la main sur le fuyard et l’a poussé. Mais dans la chute, l’homme l’a agrippé et le policier s’est retrouvé dos au sol dans l’eau jusqu’aux oreilles. L’accusé, selon son témoignage, lui a sauté dessus et s’est placé à cheval sur lui en appliquant les deux mains sur sa gorge.

Interrogé sur la durée de l’événement, l’agent Brière a confié que tout lui a paru très long. « J’ai failli mourir. Le temps s’est arrêté, j’étais sur le bord de mourir », a-t-il raconté.

Difficile à évaluer, mais cela a pu durer environ une minute, une minute et demie, a-t-il estimé.

Avec l’arme dans sa main droite, le policier a tenté de se dégager, assénant un premier coup au front de l’accusé qui n’a pas bronché. Un deuxième coup a été porté à la tête. « Il m’a dit alors : crois-tu que tu me fais peur? », a indiqué l’agent Brière.

Quand son collègue est arrivé, il s’apprêtait à tirer pour sauver sa peau. « J’avais pris la décision de faire feu. J’étais en train d’y passer », a-t-il exprimé.

Il a pu s’extirper de sa position vulnérable quand l’agent Lecours a frappé l’accusé à la tête. « Il m’a lâché la gorge. Avant de se lever, il m’a donné un coup aux côtes pour ensuite aller attaquer mon collègue », a-t-il précisé.

Le policier dit avoir replacé l’arme dans son étui avant d’aller à la rescousse de son partenaire.

Deuxième témoin

L’agent David Lecours a relaté qu’une fois le véhicule immobilisé, il a vu la portière s’ouvrir du côté passager. À ce moment, les deux agents ne savaient pas qu’une personne autre que le conducteur se trouvait dans la voiture. Il s’agissait d’une femme, la conjointe de l’accusé.

L’agent Lecours s’est alors occupé, a-t-il dit, de gérer la passagère, invitant la dame à demeurer dans la voiture et à ne pas bouger.

Il s’est aperçu qu’il avait perdu de vue son collègue et le conducteur du véhicule. « Je ne les voyais plus sur place. Une vingtaine de secondes plus tard, j’ai vu mon collègue au sol dans le fossé et l’homme par-dessus », a-t-il fait savoir.

Non, il n’a pas sorti son arme, a-t-il répondu à la question de Me Anctil. Mais voyant son collègue en difficulté, il a frappé l’homme à coups de poing pour lui faire lâcher prise. « L’homme s’est retourné, m’a sauté dessus et m’a roué de coups. Mon collègue s’est relevé pour venir à mon aide », a-t-il confié.

« Combien de coups avez-vous portés pour le faire lâcher? », lui a demandé Me Anctil. « Je ne me souviens pas exactement du nombre, mais au minimum deux », a mentionné l’agent Lecours.

Questionné également sur l’état de l’accusé, le policier a aussi fait mention d’un état d’ébriété très avancé. « Sa conduite était très erratique. Et après lui avoir passé les menottes, j’ai senti une forte odeur d’alcool », a-t-il souligné.

Après l’audition des deux policiers, puisque le renvoi n’était pas contesté, la juge Dominique Slater de la Cour du Québec a cité Michaël Landry à procès pour tentative de meurtre.

Me Jean-Philippe Anctil a alors fait savoir que son client optait pour un procès devant juge et jury. Ainsi, le dossier a été reporté à l’ouverture du prochain terme des assises criminelles de la Cour supérieure du Québec le 5 avril.

Si l’enquête préliminaire ne portait que sur le chef de tentative de meurtre, Michaël Landry, âgé de 39 ans, fait aussi face à des accusations de conduite avec les capacités affaiblies, fuite, conduite pendant interdiction et voies de fait sur un agent de la paix.