Il poursuit la victime avec un pic à bois

Un homme de 57 ans, Michel P. Giroux, a reconnu sa culpabilité à une accusation de voies de fait armées pour s’être lancé à la poursuite d’un homme muni d’un pic à bois.

Ces événements se sont produits le 1er mai 2021 à Lyster sur un chemin mitoyen entre deux terres à bois. « Alors que l’accès se trouvait bloqué, une altercation verbale a débuté, puis l’accusé, avec un pic à bois, a couru vers le plaignant tout autour d’un véhicule et il l’a frôlé à trois reprises au bras et au ventre. Des témoins sont intervenus et les policiers ont été appelés », a relaté la procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Cynthia Cardinal.

L’enfant du plaignant, qui prenait place dans le véhicule, a assisté à la scène. La représentante du ministère public a relevé la quiétude troublée et des craintes comme conséquences psychologiques chez l’homme et son fils.

La poursuite et la défense ont suggéré une peine commune au juge Matthieu Poliquin de la Cour du Québec, à savoir une absolution conditionnelle assortie d’un don de 600 $ et d’une interdiction de contacts.

En défense, le procureur a fait valoir l’absence d’antécédent de son client et le fait que le public ne serait pas choqué par cette absolution puisque son client, un actif pour la société, a bien le droit de gagner sa vie honorablement.

Il travaille comme magasinier dans une entreprise spécialisée de pièces de véhicules récréatifs, un emploi qui l’amène à se rendre aux États-Unis. Un dossier criminel l’en empêcherait.

L’accusé a déploré son comportement, se disant « déçu de la tournure des événements ».

Le juge Poliquin, pour sa part, n’a pas caché son étonnement. « C’est étonnant qu’une situation dégénère ainsi, qu’un homme comme vous sans antécédent judiciaire s’élance à la course avec un pic à bois. Heureusement que vous ne l’avez pas atteint. Si ça avait été le cas, vous seriez peut-être encore détenu aujourd’hui en attendant la suite des choses », a indiqué le magistrat.

Même si habituellement les juges entérinent les suggestions communes, le juge Poliquin a rappelé qu’il n’était pas lié par la proposition s’il la jugeait déraisonnable. « Je dois m’interroger à savoir si elle est contraire à l’intérêt public et si elle déconsidère l’administration de la justice », a-t-il exposé.

Le président du tribunal a spécifié qu’un public bien informé comprend bien les objectifs et critères de détermination de la peine, comme la dénonciation et la réhabilitation. « Ce n’est pas un public qui se choque à chacune des décisions des tribunaux », a-t-il souligné.

Le juge Poliquin lui a donc fait bénéficier d’une absolution conditionnelle, assortie d’un don de 600 $ à l’organisme Homme Alternative et d’une période de probation de 12 mois comprenant les conditions de garder la paix, d’avoir une bonne conduite en plus d’une interdiction de contacts avec le plaignant et les membres de sa famille immédiate. « J’espère que ce passage à la cour aura un effet dissuasif pour ne plus vous revoir », a dit le magistrat au quinquagénaire, tout en le prévenant qu’un manquement aux conditions pourrait entraîner la révocation de l’absolution et l’imposition d’une peine.