«Il n’aurait jamais dû y avoir une telle relation»
VICTORIAVILLE. Faisant face à des accusations d’agression et d’attouchements sexuels en situation de confiance ou d’autorité à l’endroit d’une adolescente entre les années 2001 et 2004, Sébastien Girard a été reconnu coupable des deux chefs pesant contre lui.
D’un pas lent, la tête basse, il a quitté la salle d’audience après le prononcé du verdict, que la juge Guylaine Tremblay, de la Cour du Québec, a pris près de 45 minutes à lire, mercredi avant-midi, au Palais de justice de Victoriaville.
À plusieurs égards, la juge dit avoir accordé beaucoup plus de crédibilité à la version de la victime, notant plusieurs invraisemblances dans la défense de Sébastien Girard.
La juge Tremblay a estimé que «dans son contexte global, l’accusé était en situation de confiance par rapport à la victime», bien que la relation se soit amorcée quelques mois avant que l’accusé commence à diriger le stage band dont la victime faisait partie à l’École secondaire Le boisé, comme l’avait soulevé l’avocat de la défense Ronald Robichaud lors des plaidoiries.
«Parce qu’elle lui faisait confiance, la victime s’est embarquée dans une relation qui était loin d’être égalitaire, a-t-elle noté. Elle sortait de l’enfance. Lui, était un adulte. Il n’aurait jamais dû y avoir une telle relation.»
La juge n’a pas cru la version de l’accusé, qui disait pour sa défense que la relation était non seulement consentante, mais que la victime, dont le nom ne peut être dévoilé en raison d’une ordonnance de non-publication puisqu’elle était mineure au moment des faits, avait pris les devants lors du premier contact. «La version de la victime est infiniment plus crédible», a soulevé la juge, faisant référence au fait que c’est Sébastien Girard qui ait amorcé la relation en embrassant la victime en dehors du contexte scolaire.
La juge Tremblay a également eu des réserves quant à la crédibilité de quelques témoignages, dont celui d’un collègue et ami de l’accusé, qui soutenait qu’il était impossible qu’une relation ait pu avoir lieu dans un cubicule du local de musique de l’école, considérant son achalandage et sa disposition. «Les versions du témoin et de l’accusé concordent tellement, que ça en avait l’air arrangé», a-t-elle soulevé.
Le consentement de la victime, selon la juge, n’était qu’une apparence, vu son âge et sa position par rapport à l’accusé. «Je crois la victime lorsqu’elle dit que M. Girard était l’initiateur des contacts», a-t-elle lu, précisant que l’importance pour Sébastien Girard de garder le secret de cette relation, malgré le prétendu consentement mutuel, a également miné sa crédibilité.
La juge Guylaine Tremblay, concernant le chef d’agression sexuelle, a une fois de plus cru la victime. Ces événements sont survenus en octobre 2004, à Québec. Il s’agissait alors du dernier épisode de la relation. Vivant une situation difficile, la victime s’est rendue chez Sébastien Girard, après lui avoir téléphoné et obtenu l’assurance, selon elle, que rien ne se produirait, qu’il ne la toucherait pas. «Pour l’incident d’octobre 2004, la victime avait dit ne pas vouloir de relation sexuelle. C’est contraire au consentement, qui se doit d’être libre, volontaire et véritable. Pour cet événement, M. Girard est coupable d’agression sexuelle», a-t-elle tranché.
Le verdict étant maintenant tombé, Sébastien Girard reviendra en Cour le 27 novembre pour le dépôt du rapport présentenciel.
En raison de l’âge de la victime au moment des faits, cette cause a été frappée par une ordonnance de non-publication. Plusieurs détails ont donc volontairement été censurés afin d’empêcher l’identification de la victime.