Huit ans de pénitencier pour Pierre Jr Rhéaume-Taillon

Le ministère public réclamait 12 ans de pénitencier et la défense, cinq ou six ans. Mais le juge Jacques Lacoursière de la Cour du Québec en a décidé autrement. Il a condamné, mercredi midi, Pierre Jr Rhéaume-Taillon à huit ans de pénitencier pour le braquage à domicile survenu vers 21 h 30 le 11 décembre 2013 à Saint-Rosaire. Mais en retranchant la détention provisoire, Rhéaume-Taillon doit purger un total de 56 mois.

En faisant part de sa décision, le magistrat a d’abord rappelé que l’individu a reconnu sa culpabilité à des accusations d’introduction par effraction, de vol qualifié, de voies de fait, de séquestration, de menaces de mort et de déguisement.

Il a aussi plaidé coupable, dans un autre dossier, d’avoir participé à une émeute à la prison de Trois-Rivières et de méfaits de plus de 5000 $.

Dans le dossier principal,  Pierre Jr Rhéaume-Taillon est le seul accusé, a rappelé le juge. «Jamais, parce qu’il dit craindre pour sa vie, il n’a révélé l’identité de ses complices.»

Le président du Tribunal a relaté les événements dramatiques, rappelant que les victimes, l’homme et la femme, ont été ligotés, séquestrés, menacés de mort avec un objet long, une arme, ont cru les victimes.

La preuve, toutefois, n’a pu conclure qu’il s’agissait d’une arme à feu. «Toutefois, les victimes ne pouvaient faire autrement que croire qu’il s’agissait d’une arme qu’ils ont eue sur la tempe. Ils ont craint sincèrement pour leur vie. Il s’agit d’un crime extrêmement violent», a soulevé le juge Lacoursière.

Après le vol d’un montant estimé entre 35 000 $ et 45 000 $, les bandits ont quitté en disant aux victimes de ne pas bouger tout en les menaçant de mort.

«Le lendemain, l’accusé s’est vanté à l’Hôtel Le Victorin d’avoir en sa possession 30 000 $», a signalé le magistrat.

Analyse de la preuve

L’ensemble de la preuve, a analysé le juge, ne permet pas au Tribunal d’exclure le témoignage de l’accusé soutenant qu’Il n’était pas entré dans la résidence, qu’il faisait le guet et qu’on avait fait appel à lui pour son expertise à ouvrir un coffre-fort.

«Mais la responsabilité de l’accusé concernant toutes les accusations reste entière même si sa participation dans les faits est moins grande», a exprimé le juge Lacoursière, ajoutant qu’il n’a pas cru l’accusé qui pensait s’en prendre à des criminels. «Il ne pouvait ignorer qu’il s’agissait d’honnêtes gens et qu’il y aurait des gestes de violence», a-t-il indiqué.

Le juge a aussi évoqué les témoignages émouvants livrés par les résidents. «Leur vie a été brisée. Leur rêve d’une retraite paisible et tranquille  s’est transformé en véritable cauchemar. Maintenant, ils craignent d’aller à la ferme. La tristesse, l’incompréhension, les difficultés de sommeil font partie de leur quotidien», a souligné le président du Tribunal, insistant sur le fait que la peine devait nécessairement être très sévère «pour manifester la réprobation de la société envers ce crime violent chez soi».

En matière de braquage à domicile, la jurisprudence, a noté le juge, fait état de peine variant entre 4 et 16 ans de pénitencier.

En exposant les positions des parties, le magistrat a soutenu que la suggestion de la poursuite ne tenait pas suffisamment compte  de la possibilité de la réhabilitation de l’individu à moyen et long terme.

«Quant à la position de la défense, elle ne considère pas les circonstances et la gravité du crime. Elle ne suffit pas à assurer la sécurité des victimes et de la société. Le braquage à domicile commande des peines sévères dans lesquelles la dénonciation et la dissuasion doivent primer. Il faut envoyer un message à quiconque est tenté de poser de tels gestes qu’ils s’exposent à des peines exemplaires.»

La décision du magistrat tient également compte, a-t-il fait valoir, des nombreux antécédents de l’accusé, du fait qu’il se trouvait en liberté illégale lors du crime. «Monsieur rejette aussi le blâme sur ses complices. Il doit comprendre qu’on a toujours le choix de refuser de participer aux aventures proposées. La peine doit susciter la pleine conscience de sa responsabilité», a conclu le juge avant d’imposer huit ans de pénitencier à Pierre Jr Rhéaume-Taillon.

La Cour lui retranche la détention provisoire (il est détenu depuis août 2014), ce qui signifie qu’il doit purger 50 mois de détention, tout en ajoutant six mois pour sa participation à l’émeute au centre de détention.

En plus de la peine d’emprisonnement, Rhéaume-Taillon se voit interdire la possession d’armes pendant 10 ans. Il lui est aussi interdit d’entrer en contact avec les victimes et leurs proches.