François Lécuyer prend le chemin de la prison

La juge Marie-Claude Gilbert de la Cour du Québec a condamné François Lécuyer à 18 mois de prison ferme. La détermination de la peine avait lieu vendredi matin.

L’homme d’affaires et ancien propriétaire des Blue Sox de Thetford a fraudé la physiothérapeute Lucie Drouin en parvenant à la convaincre de retirer un montant de 722 500 $ de ses placements, incluant les Régimes épargnes études de ses deux enfants, pour l’investir avec lui dans des projets immobiliers et pharmaceutiques, notamment, en retour d’un rendement nettement supérieur aux institutions financières. Les faits reprochés remontent à 2014. Selon la victime, cette offre lui avait été présentée comme un privilège pour la récompenser des cinq ans de commandite et de bénévolat au sein de son équipe de baseball.

Au cours du processus judiciaire, François Lécuyer a plaidé coupable en échange d’une peine d’emprisonnement de 18 mois et le remboursement de la moitié de la somme volée. Bien qu’elle s’est dite «chanceuse» d’avoir pu récupérer une partie de son argent, soit 321 000 $, la victime estimait que la suggestion commune datant de 2021 n’était pas raisonnable. Elle réclamait une peine exemplaire et dissuasive, ainsi qu’une ordonnance de dédommagement de plus d’un million $ pour toutes les pertes encourues.

Lors du prononcé de la sentence, la juge Gilbert a mentionné que la suggestion commune de 18 mois de prison ferme est raisonnable. Elle estime que les avocats sont parvenus à un règlement équitable et conforme à l’intérêt public. Elle a également cité plusieurs exemples de peines imposées dans des dossiers similaires.

De plus, elle a rejeté la demande de dédommagement présentée par la victime puisque celle-ci a déjà obtenu le remboursement qui avait été convenu entre les deux parties. La juge a aussi expliqué que la Cour ne doit pas se substituer à un tribunal civil.

UNE SENTENCE DÉCEVANTE

Invitée à commenter la peine imposée à l’accusé, la victime Lucie Drouin estime que le système judiciaire permet aux fraudeurs de bien s’en sortir et trouve cela très décevant. «Je considère qu’il n’est pas suffisamment dissuasif. En conclusion de mon expérience, le message envoyé à la société est le suivant : frauder, c’est payant.»

Elle dit avoir vécu neuf ans de stress psychologique et physique, des pertes financières et de multiples conséquences dans toutes les sphères de sa vie. Bien qu’elle n’ait actuellement pas le goût de s’embarquer dans un autre processus judiciaire qui pourrait s’échelonner sur plusieurs années, Lucie Drouin n’écarte pas complètement l’idée de s’adresser au civil pour obtenir un dédommagement. «L’avenir le dira», a-t-elle conclu.