Crimes sexuels : un ex-employé d’un collège privé reconnu coupable

Un ex-employé du Collège Clarétain de Victoriaville, Pierre Ellyson, a été reconnu coupable, vendredi, d’agression sexuelle par une personne en situation de confiance ou d’autorité et de contacts sexuels.

Me Michel Verville de la poursuite (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

Les faits reprochés à Pierre Ellyson sont survenus dans l’établissement entre les années 1991 et 1994 sur un adolescent qui fréquentait l’institution.

Pierre Ellyson a subi son procès cette semaine, procès qui s’est échelonné sur deux jours.

La poursuite, représentée par Me Michel Verville, a fait entendre quatre témoins : l’enquêteur au dossier, le sergent Gilbert Lemelin de la Sûreté du Québec, la victime, sa mère, de même que Jean-Roch Gagné qui faisait partie de la direction du collège à l’époque.

En plein procès, Pierre Ellyson a largué son avocat Me Jean-Riel Naud de l’Aide juridique. Le juge Simon Ricard de la Cour du Québec, qui présidait le procès, a d’ailleurs fait le constat, en rendant son jugement, vendredi midi, d’une collaboration mitigée de l’accusé.

Me Jean-Riel Naud de l’Aide juridique (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

D’ailleurs, la Cour avait ordonné, en juin, la détention de Pierre Ellyson qui faisait souvent faux bond à la justice. Il demeure derrière les barreaux depuis.

Au moment des événements, Pierre Ellyson résidait au Collège Clarétain. Il occupait le poste de responsable de la vie scolaire et il dispensait des cours de rattrapage aux élèves en difficulté. On lui avait aussi confié la responsabilité des travaux d’entretien, dont la tonte du gazon.

La preuve a révélé, lors du procès, que l’accusé invitait l’adolescent dans un local pour la pratique du judo.

Dans son témoignage, le plaignant a confié que Pierre Ellyson verrouillait les deux portes en plus de fermer les rideaux. Il invitait l’adolescent à des étirements et à lutter sous forme de jeu, prétextant qu’il s’agissait d’une bonne préparation en vue de la saison de hockey.

Lors d’étirements, Pierre Ellyson touchait à l’aine, passant d’un côté à l’autre en effleurant même le pénis, sans s’y arrêter.

La victime dit avoir constaté une érection chez Ellyson qui ensuite allait s’isoler dans sa chambre.

Le plaignant, qui le considérait comme une figure d’autorité, comme un grand frère, lui obéissait. D’ailleurs, il lui disait de ne pas en parler, que cela devrait rester entre eux.

Tout a pris fin, selon le plaignant, quand il a quitté l’établissement à la fin de ses études secondaires. C’est  en 2015 qu’il a décidé de porter plainte à la Sûreté du Québec.

Verdict

Dans cette affaire, tout repose sur la crédibilité, a souligné le juge Simon Ricard. Le magistrat n’a pas cru Pierre Ellyson. «Son témoignage, a-t-il dit, ne soulève aucun doute. Il avait peu à dire, prétextant n’avoir que très peu de souvenirs. Mais il a des souvenirs sélectifs. L’accusé a dit que le plaignant, en témoignant, n’avait pas l’air malheureux. Cela affecte sa crédibilité. Il a allégué que la victime a tenu des propos romancés pour faire de l’argent. Une affirmation sans fondement qui entache sa crédibilité.»

À l’opposé, le magistrat a fait valoir que le plaignant a offert un témoignage crédible et fiable. «Son témoignage n’est jamais vindicatif. Il donne suffisamment de détails. Il est posé, sincère, il dit la vérité», a noté le juge Ricard.

Le président du Tribunal, après analyse, s’est dit convaincu que les faits sont survenus, que ce sont des faits de nature sexuelle. Convaincu aussi que le plaignant n’a jamais consenti aux gestes, mais qu’il s’est soumis à l’autorité. «L’accusé a invité l’étudiant par abus de confiance et de pouvoir, il s’est servi de son autorité. La preuve révèle qu’il était en situation d’autorité. L’accusé décidait de tout, de la tâche à accomplir, du moment des pauses. Le plaignant le considérait comme une personne de confiance», a-t-il souligné.

Les représentations sur la peine ont été reportées. À la suite du jugement, Pierre Ellyson, qui n’avait plus d’avocat, semblait disposé à faire confiance de nouveau à Me Naud. «C’est un bon garçon, on pourrait faire alliance», a-t-il dit, assis dans la boîte des détenus. Pour la forme, question de vérifier la situation de l’avocat, les parties se retrouveront le 10 octobre. Mais les observations sur la peine à imposer devraient se tenir quelque part en novembre.