Collision mortelle à Lyster : deux causes retenues par la CNESST

Une voie partiellement entravée et une méthode de travail déficiente, voilà les deux causes retenues par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) pour expliquer la collision mortelle entre un autobus scolaire et un camion nacelle en décembre 2021 à Lyster.

Le drame, qui a coûté la vie à un petit garçon de 5 ans, a secoué toute la communauté de Lyster. Au lendemain de la tragédie, une cellule de crise avait été instaurée à l’école primaire Bon-Pasteur pour aider les élèves, les enseignants, les parents et toute personne impliquée dans la vie de ces enfants.

En conférence de presse mercredi avant-midi à Trois-Rivières, la CNESST a dévoilé les conclusions de son enquête relativement à cette funeste collision survenue vers 15 h 30 le 14 décembre 2021 sur le 8e rang Ouest à Lyster. 

La Commission a d’abord tracé une chronologie des faits. Ce jour-là, deux travailleurs de la compagnie Les entreprises québécoises d’excavation L.E.Q.E.L. s’affairaient à l’installation d’un câble à fibre optique à partir d’un camion nacelle. « Pour ce faire, le conducteur roulait à basse vitesse en effectuant des arrêts fréquents afin de permettre au travailleur installé dans la nacelle déployée vers le réseau de télécommunication de ligaturer le câble », explique-t-on dans le rapport.

Les travailleurs exécutaient leur tâche quand un autobus scolaire a percuté le camion nacelle qui était immobilisé et qui entravait partiellement la voie de circulation. « Lors de l’impact, peut-on lire, une composante du camion nacelle s’est insérée à l’intérieur de l’autobus. Les deux véhicules se sont imbriqués et ont été projetés vers le fossé, ce qui a amené le travailleur présent dans la nacelle à sauter au sol. » 

Le conducteur de l’autobus, un septuagénaire, et deux enfants âgés de 10 et 5 ans ont été blessés. Ils ont été conduits dans un centre hospitalier. La Sûreté du Québec a confirmé en soirée le décès du bambin de 5 ans. 

Les causes

L’enquête de la CNESST a mis en lumière deux causes pour expliquer la collision.

D’abord, le camion nacelle entravait partiellement la voie en direction ouest, ce qui a mené à une collision avec l’autobus qui circulait dans cette même voie ouverte à la circulation.

Deuxièmement, la CNESST conclut en une déficience de la méthode de travail utilisée lors de l’installation de câbles à fibre optique. « La méthode de travail exposait les travailleurs à un danger de heurt par les usagers de la route dû à la mise en place d’une signalisation inadéquate », précise l’organisme.

La CNESST, à la suite du tragique accident a exigé de l’entreprise qu’elle lui fournisse une méthode de travail sécuritaire pour la reprise des travaux. De plus, la Commission a interdit l’utilisation du camion et de la nacelle et a demandé des évaluations de conformité avant la réutilisation. Actuellement, l’employeur n’a pas été en mesure de soumettre à la CNESST une méthode de travail sécuritaire qui répond à la réglementation en signalisation routière pour reprendre les travaux. 

Pour éviter un tel accident

Des solutions existent, note la CNESST, pour prévenir les accidents lors de travaux réalisés sur les chemins ouverts à la circulation ou aux abords de ces routes.

La planification des travaux en fonction des risques reliés à la circulation routière, la mise en place d’une signalisation conforme, la formation des travailleurs et travailleuses concernant les risques et les règles de sécurité à respecter sur ce type de lieu de travail et une supervision font partie des ces solutions.

La CNESST informe qu’en vertu de la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires.

Les travailleurs doivent aussi faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.

Des suivis

Son enquête maintenant terminée, la CNESST en transmettra les conclusions à l’Association des travailleurs en signalisation routière du Québec, à l’Association regroupant les installateurs et les signaleurs du Québec et à la Fédération des coopératives de câblodistribution et de télécommunication du Québec afin que leurs membres en soient informés. 

De plus, elle les soumettra aussi au ministère des Transports et de la Mobilité durable notamment pour envisager la normalisation d’une signalisation spécifique aux travaux de pose de câble aérien. La CNESST recommandera aussi au ministère de prévoir l’utilisation d’un véhicule de protection lors de travaux mobiles réalisés à l’aide d’un véhicule servant à effectuer les travaux qui permet le levage de travailleurs, en conformité avec la norme de référence régissant ce type de véhicule.

Le rapport d’enquête sera, de plus, distribué aux associations sectorielles paritaires de même qu’aux gestionnaires de mutuelles de prévention.

On assurera également la diffusion du rapport d’enquête dans les établissements de formation offrant le programme d’études Montage de lignes électriques et de télécommunications pour sensibiliser les futurs travailleurs et travailleuses.