Claude Guillot coupable : soulagement pour les victimes

C’est avec soulagement que les victimes du pasteur baptiste Claude Guillot ont accueilli le verdict de culpabilité prononcé à son endroit par le juge Christian Boulet qui l’a trouvé coupable de 18 chefs d’accusation de voies de fait, de harcèlement et de séquestration pour des faits survenus entre 1982 et 2014 à Victoriaville et à Québec à l’endroit de cinq victimes. Concernant un sixième garçon, il a bénéficié d’un acquittement pour des questions de droit, précise-t-on dans Le Journal de Québec.

Marc Levasseur n’avait que 4 ans lorsqu’il a commencé à subir les foudres du pasteur Claude Guillot dans le sous-sol de l’église baptiste évangélique de la rue Saint-Paul à Victoriaville. « Je suis la plus jeune des victimes de Claude Guillot. Je suis entré à l’école en janvier 1983 à l’âge de 4 ans », souligne-t-il lors d’un entretien téléphonique avec le www.lanouvelle.net.

L’enfant a subi des sévices pendant plus d’un an, de janvier 1983 jusqu’en mai 1984, moment où, dit-il, Guillot a été congédié. « Les souvenirs que j’ai, c’est que les abus ont tous eu lieu dans le même local au sous-sol de l’église. Il me frappait, de quelques coups jusqu’à mon pire souvenir. Cette fois-là, il a perdu les pédales, il m’a rentré dans le mur en me tenant par la nuque et il m’a infligé 22 coups de bâton », se rappelle M. Levasseur qui, encore aujourd’hui, demeure marqué par de tels événements.

« J’ai essayé de fonctionner dans ma vie, de me construire, de me bâtir, exprime-t-il. Mais c’est en 2014 que s’est produit l’élément déclencheur. J’ai décidé de porter plainte à la police quand j’ai appris que cet homme avait une garderie en milieu familial. Cela m’a jeté par terre. » 

Il lui a fallu quelques mois avant d’avoir le courage de se rendre à la police. « Je ne savais pas alors qu’à quelques semaines d’intervalle, deux frères allaient aussi formuler une plainte aux policiers après s’être sauvés du domicile de Claude Guillot », relate-t-il.

Pour Marc Levasseur, le grand soulagement avec le verdict rendu, « c’est le caractère de validation de ce qu’on a vécu, des voies de fait armées et causant des lésions, des gestes criminels inacceptables ». 

Les faits ne peuvent être plus clairs, maintenant. Ce qui n’était pas le cas auparavant. « Parvenu à l’âge adulte, quand nous parlions de nos souffrances d’avoir vécu des châtiments corporels, on nous répondait que nous l’avions mérité, que ces châtiments nous étaient infligés parce que nous étions de mauvaises personnes, des enfants tannants, turbulents ou des petits monstres. On nous disait que c’était parce qu’on nous aimait et que c’était pour notre bien », se souvient-il.

Les victimes attendent maintenant l’autre étape, celle des représentations en regard de la peine à imposer. On ignore pour l’instant à quelle date Claude Guillot connaîtra son sort. Pour le moment, il a évité la détention, le juge n’ayant pas donné suite à la demande du ministère public d’imposer une incarcération immédiate.

Marc Levasseur sait fort bien que le pasteur n’avait jusqu’ici aucun antécédent judiciaire, un élément que le tribunal considère dans la détermination d’une peine. Mais il estime appropriée l’imposition d’une peine de pénitencier. « Plutôt 10 ans que 10 mois », dit-il, tout en observant que Claude Guillot, tout au cours du long processus judiciaire entamée en 2015  « n’a jamais exprimé de remords, de la sympathie, ni un sentiment de culpabilité ». « Au contraire, il a soutenu qu’il n’était pas coupable, qu’il était redevable à Dieu. Même qu’il a ri à plusieurs reprises lorsque nous étions contre-interrogés », déplore-t-il.

Marc Levasseur pilote aussi avec d’autres un recours collectif autorisé par la Cour supérieure du Québec contre Claude Guillot, l’AEBEQ, l’Église baptiste évangélique de Victoriaville et l’Église évangélique baptiste de Québec-Est.

Le recours vise les victimes qui ont étudié à l’école-église de Victoriaville de 1982 à 1984 et à celle de Québec-Est entre 1999 et 2015.