Cinq autres témoins entendus au procès Beaudet

Le ministère public a fait entendre, mercredi matin, cinq autres témoins au procès de Bernard Beaudet, ex-directeur du Service de sécurité incendie de Warwick, sur qui pèse six chefs d’accusation de vol, fraude, abus de confiance et usage de faux documents. Des infractions qui seraient survenues entre les mois de mars 2010 et 2014.

Un pompier de 24 ans, Michael Martel de Warwick, a été le premier à se faire entendre, mercredi, racontant d’abord son embauche comme sapeur, expliquant aussi les différentes tâches à la caserne que lui assignait Bernard Beaudet, comme le lavage des camions, le ménage des lieux.

Différents taux horaires existaient aussi, a-t-il expliqué, pour le travail à la caserne, les activités de prévention et les interventions incendie.

Pendant neuf mois, le pompier Martel a travaillé 40 heures et plus par semaine, notamment lors de la période de déménagement dans la nouvelle caserne.

Le témoin a indiqué qu’il remplissait sa feuille de temps qu’il remettait à son directeur.

Interrogé sur le climat qui régnait à la caserne, le pompier a fait valoir que c’était plutôt difficile avec le directeur. «On se disputait souvent, c’était difficile par moment. Le renforcement positif, ce n’était pas sa force. Je n’aimais pas la manière dont on se faisait parler», a-t-il souligné, ajoutant que la situation est tout autre avec le nouveau directeur Mathieu Grenier. «C’est plus facile et plus agréable», a-t-il noté.

À un moment, Michael Martel a constaté une irrégularité sur sa feuille de temps. «Il me manquait des heures de travail à la caserne et les heures d’intervention étaient gonflées. Pour mon salaire, toutefois, cela revenait au même», a-t-il dit.

Le jeune pompier a parlé de cette situation à son directeur. «Il m’a dit de ne pas m’inquiéter. Je n’ai pas posé plus de questions. Je lui ai fait confiance puisqu’il était mon directeur», a-t-il signalé.

Mais cela ne le rassurait pas du tout, a-t-il répondu ensuite à la question de la procureure de la poursuite Me Isabelle Roy.

Un jour où il vivait des moments difficiles  à la suite d’une séparation, au bord de l’épuisement, le jeune homme essuie un refus à sa demande d’obtenir un jour de congé. «Il m’a dit qu’il avait besoin de moi pour encore deux semaines, tout en signifiant que si je m’en allais, c’était fini. J’avais besoin de consulter un médecin. Il m’a confié : si tu ne termines pas ta journée, tu perds ton emploi. J’ai décidé de partir», a-t-il relaté.

Il a toutefois continué comme pompier à temps partiel.

Le jeune homme a dû faire part de la situation des irrégularités sur les feuilles de temps à la directrice générale Lise Lemieux et son adjointe Jacqueline Vallée en raison de questions soulevées par les intervenants du bureau de chômage.

«Ils ont finalement accepté ma demande, en indiquant, comme motif de cessation d’emploi, le manque de travail. Mais ce n’est pas la vérité. Et ce n’est pas non plus un départ volontaire. J’étais malade, je ne pouvais plus travailler. J’ai été forcé à quitter», a-t-il signalé, en contre-interrogatoire, ajoutant aussi qu’il était conscient qu’un départ volontaire signifiait qu’il ne toucherait aucune prestation.

Autres témoins

Trois employés de l’établissement Accomodation Gaz Store Ultramar de  Warwick ont ensuite été appelés à témoigner, à commencer par la chef caissière Esther Boutin.

Selon elle, Bernard Beaudet utilisait une carte de crédit qu’il sortait de son porte-monnaie pour payer le plein d’essence de son véhicule. «Il utilisait toujours son véhicule Cherokee rouge. Il se promenait toujours avec», a-t-elle confié.

Le témoin a dit ne pas avoir souvenir que l’accusé ait utilisé l’autre carte (celle que conserve l’établissement pour les pompiers devant faire le plein des camions incendie). «Mais on l’aurait pris puisqu’il était directeur», a-t-elle souligné.

Personne, a-t-elle soutenu, n’aurait pu utiliser cette carte pour leur véhicule personnel. «On ne l’aurait pas permis.»

En contre-interrogatoire, Mme Boutin a fait savoir que Bernard Beaudet n’a jamais utilisé la carte de crédit de la ville pour payer ses dépenses personnelles. Il payait comptant ou avec sa propre carte.

Deux autres employés, dont le gérant, ont témoigné ensuite, suivis de l’enquêteur au dossier, le sergent Maxime Bouchard.

Les détails à venir ultérieurement.