Un avocat coupable de conduite avec les capacités affaiblies

Le criminaliste victoriavillois Me Guy Boisvert a été reconnu coupable de conduite avec les capacités affaiblies, une infraction survenue en après-midi le 26 janvier 2017 dans le stationnement du palais de justice de Victoriaville.

La juge Micheline Paradis a rendu son verdict, jeudi matin, après avoir délibéré depuis le procès tenu au début d’octobre. Elle a d’abord fait état de la preuve qui lui a été présentée.

L’avocat a été arrêté vers 15 h 05. Peu avant, le policier Gilbert Côté de la Sûreté du Québec, agent de liaison au palais de justice, a aperçu Me Boisvert en conversation avec le procureur Me Jean-Philippe Garneau au bureau de la poursuite.

L’agent Côté a fait état de la position échancrée de l’accusé qui, selon lui, en plus d’avoir les yeux rouges et vitreux, dégageait une forte odeur d’alcool.

C’est lui qui a empêché l’avocat d’avancer avec son véhicule alors qu’il s’apprêtait à quitter les lieux. La vitre étant ouverte, le policier a confié avoir perçu une odeur d’alcool provenant du véhicule. Il a ouvert la portière, a enlevé les clés au conducteur tout en l’informant qu’il était en état d’arrestation.

Deux autres policiers se sont ensuite amenés, dont l’agent Mario Leroux qui, a affirmé dans son témoignage, qu’il ne faisait aucun doute dans son esprit que l’avocat était en état d’ébriété.

Emmené au poste de la SQ à Victoriaville, un premier test d’alcoolémie n’a pas été concluant en raison d’une éructation.

Les policiers ont attendu 20 minutes pour reprendre le processus, mais cette fois, un dysfonctionnement de l’appareil est survenu, de sorte que Me Boisvert a dû être conduit au poste de Plessisville pour y subir vers 18 h l’ivressomètre. Les deux tests, effectués à 20 minutes d’intervalle, ont révélé des taux d’alcoolémie s’élevant à plus de trois fois la limite légale.

Un chimiste, entendu par la poursuite, a estimé, grâce à une méthode de rétrocalcul, que lors de l’événement survenu vers 15 h, le taux d’alcoolémie de l’accusé devait se situer entre 226 mg et 239 mg d’alcool par 100 ml de sang. Selon lui, le scénario de consommation présenté par l’avocat ne correspondait pas aux résultats obtenus.

Appelé en défense par Me Boisvert qui se représentait seul, Me Jean-Philippe Garneau, un procureur aux poursuites criminelles et pénales, a confié avoir noté chez l’accusé, même s’il se trouvait de l’autre côté d’une fenêtre, une forte odeur d’alcool et des yeux très rouges.

Me Jean-Philippe Anctil, pour sa part, a relaté avoir croisé Me Boisvert au palais de justice. Celui-ci pleurait en raison d’une situation personnelle. Me Anctil, a noté la juge, n’a constaté aucun symptôme ni senti d’odeur. Selon lui, l’arrestation a été effectuée sans motif suffisant.

Témoignant pour sa défense, Guy Boisvert a reconnu avoir consommé le midi du cidre et de la vodka avant de quitter le palais. Selon lui, l’alcool n’avait pas eu le temps de produire son effet. Il soutenait pouvoir retourner chez lui, pensant être correct, tout en reconnaissant avoir pris une mauvaise décision, a souligné le Tribunal.

L’accusé a expliqué ses yeux rouges par ses verres de contact et les pleurs.

Décision

Après avoir analysé l’ensemble de la preuve, la juge Paradis en est arrivée à la conclusion que le scénario de consommation de l’accusé était «difficilement crédible».

La présidente du Tribunal a aussi relevé différents témoignages, dont ceux d’un agent de sécurité et de membres du personnel du bureau du directeur des poursuites criminelles et pénales qui ont fait état de différents symptômes, comme l’odeur et une démarche lente.

Après la déclaration de culpabilité, les parties ont convenu de se retrouver le 10 janvier pour les représentations sur la peine.

Visiblement atterré, Guy Boisvert, à la sortie de la salle d’audience, a fait savoir qu’il s’accordait 24 heures pour décider s’il comptait interjeter appel du verdict.

L’avocat, rappelons-le, est en démarche d’appel concernant le verdict de culpabilité rendu à son endroit en avril dernier pour une infraction de même nature survenue à Laval en juin 2015. Cette démarche se poursuit en janvier.