Après une pause, le procès de Normand Plante a repris
VICTORIAVILLE. Après une pause de presque toute une journée, mardi, à la suite d’un pépin informatique, le procès de Normand Plante a repris, mercredi matin, au palais de justice de Victoriaville.
Plante, un ex-professeur de karaté, est accusé de délits de nature sexuelle envers une adolescente de 14 ans à l’époque des faits allégués qui se seraient produits en 2009 et 2010.
En défense, mercredi matin, Me Simon Ricard a repris son contre-interrogatoire de la présumée victime, questionnant la jeune femme sur la lettre qu’elle aurait remise à l’accusé. Une lettre dans laquelle elle lui annonçait qu’elle avait désormais un ami de cœur et qu’elle souhaitait que cesse leur relation.
Pressée de questions par l’avocat de la défense, la plaignante a dû admettre la fausseté de certains passages de la lettre datée du 21 août 2009, mais qui a été rédigée, selon elle, à un autre moment dont elle n’a pas souvenir.
L’audience a fait l’objet d’une suspension d’environ une heure en avant-midi pour que le juge Jacques Trudel analyse une objection formulée par la représentante du ministère public, Me Ann Marie Prince, au sujet du journal intime de la victime présumée.
Le magistrat a finalement autorisé le contre-interrogatoire sur certains éléments du journal intime.
Invitée par Me Ricard à préciser pourquoi elle avait effacé le contenu de la lettre qu’elle avait commencé à retranscrire dans son journal, la plaignante a expliqué qu’elle ne pouvait continuer à écrire. «J’en suis venu à considérer, ce que je ne voulais pas m’avouer, que c’était inacceptable ce qui s’était passé», a indiqué la jeune femme.
L’avocat de l’accusé a aussi attiré son attention sur un passage du journal intime où il est inscrit : «Quand on veut, on peut. Je te veux, alors je peux».
À ce sujet, la plaignante a soutenu qu’elle ne connaissait pas la signification de ce passage écrit, selon elle, avant les événements présumés.
Elle a précisé, de plus, qu’un poème contenu dans le journal et qui fait état de «la belle qui brise le cœur» ne présentait pas de signification particulière.
Le contre-interrogatoire de la victime présumée a pris fin à l’heure du lunch.
La mère témoigne
En après-midi, la poursuite a fait entendre son second et dernier témoin, la mère de la plaignante.
Au départ, selon elle, sa fille ne souhaitait pas porter plainte, soutenant qu’il ne s’agissait que de simples baisers.
Mais la victime présumée se serait décidée à dénoncer pour éviter qu’une autre jeune fille, qu’elle voyait jaser avec l’accusé, ne subisse le même traitement.
Interrogée sur l’état d’esprit de son enfant, la mère a souligné qu’elle se trouvait calme malgré tout. «Je voyais qu’elle voulait parler, mais c’était difficile pour elle de tout dévoiler, a-t-elle confié. Je devais lui tirer les vers du nez. D’une fois à l’autre, elle en rajoutait.»
La veille de la rencontre avec les policiers, la mère aurait insisté auprès de sa fille sur l’importance de tout raconter. «Je lui ai demandé s’il y avait eu, oui ou non, des relations sexuelles complètes. Elle m’a répondu, oui».
En contre-interrogatoire, le témoin a raconté avoir trouvé trois lettres, une première en 2009, lettre tombée par accident du journal intime.
Puis, elle a affirmé avoir retrouvé une lettre, en deux exemplaires, en décembre 2010 dans la chambre de sa fille, l’une à son intention, et l’autre pour Normand Plante.
Après la découverte de la première lettre, la mère n’a pas osé interroger sa fille puisqu’elle ne s’attendait pas à sa collaboration. Aux questions de Me Ricard, la dame a reconnu que le contenu, même romancé, l’avait troublée, troubles liés aux gestes décrits et à son contenu sexuel. «Je n’en ai pas parlé à ma fille pour ne pas briser sa confiance», a-t-elle exprimé.
Mais après les lettres découvertes en décembre, faisant état du nouveau copain de sa fille et du fait qu’elle souhaitait la fin de la relation avec l’accusé, la mère et sa fille ont échangé. Et la dénonciation à la police est survenue, selon la mère, une semaine plus tard.
La mère a aussi rappelé, à la demande de l’avocat de la défense, l’appel fait à l’accusé à un certain moment. Elle lui demandait alors s’il s’était aperçu que sa fille était amoureuse de lui, comme peut l’être une élève pour son professeur. «Je n’ai rien remarqué, m’a-t-il répondu. Il m’a confié que ça allait passer et qu’il avait même suivi un cours advenant le cas où un élève l’accusait d’agression sexuelle», a fait savoir le témoin.
La maman a aussi fait remarquer qu’elle a refusé chaque fois les demandes de Normand Plante qui aurait souhaité que la plaignante l’accompagne pour dispenser des cours de karaté à Saint-Ferdinand.
Le témoignage de la mère a mis fin à la preuve de la poursuite.
En défense…
Le procureur de Normand Plante a pu, avant l’ajournement du procès, faire entendre son premier témoin, Ginette Lessard, l’ex-épouse de l’accusé avec qui elle a eu trois enfants au cours de leur union de 27 ans, dont Catherine, décédée tragiquement en juin 2010 dans un accident de VTT.
L’ex-conjointe a confié avoir brièvement connu la plaignante, se souvenant notamment lui avoir offert un transport pour aller la conduire, à la demande de sa fille, à la terre de Normand Plante à Princeville.
Mme Lessard, qui a rompu avec l’accusé en 2011, a un souvenir précis du 15 novembre 2010, moment d’un rendez-vous avec une avocate pour initier les démarches de la séparation.
«Pourquoi avoir un souvenir si précis de ce 15 novembre?», a questionné Me Ann Marie Prince de la poursuite en contre-interrogatoire.
«C’est le jour de mon rendez-vous avec l’avocate, le jour où j’ai enlevé mes alliances. Un jour mémorable où je faisais le grand saut», a-t-elle souligné, avant de reconnaître, par la suite, que c’est vraisemblablement à cette période que Normand Plante l’aurait informée d’une lettre reçue de la présumée victime.
«Il m’en a parlé. J’ai été surprise, tout comme lui. Il semblait être question d’une rupture. Il ne comprenait rien, il disait : qu’est-ce que c’est que cela? Je pense qu’il a jeté la lettre. Je n’ai pas cherché à en savoir plus», a répondu l’ex-épouse à la représentante du ministère public.
L’échange a pris fin sur sa réaction lorsqu’elle a appris l’arrestation et les accusations portées. «J’ai été très surprise», a-t-elle confié.
Plante lui avait envoyé un message texte signalant qu’il lui était arrivé «quelque chose de bizarre.» «Cela m’a traumatisée, a-t-elle dit. Dans la nuit, il m’a contactée au téléphone, il m’a parlé d’agression. Mais il ne pouvait parler longtemps, il ne disposait que de cinq minutes.»
À 16 h 15, le président du Tribunal a ajourné le procès à jeudi matin. L’accusé Normand Plante doit alors témoigner pour sa propre défense.