«La ville allumette», la 4e enquête de Judith Allison

L’auteur de Tingwick, Maureen Martineau, a choisi de camper en partie le personnage de son plus récent polar dans sa ville natale, Hull (aujourd’hui Gatineau) et de revenir sur l’expropriation survenue à la fin des années 60 du centre-ville de l’endroit.

Ainsi, Judith Allison, sergente-détective et mère monoparentale, décide d’aller suivre un stage de formation en contre-terrorisme en Outaouais. Finalement, les choses se bousculent et elle se voit propulsée dans une enquête qui l’a mènera jusque dans le Nunavik.

Les lecteurs découvriront donc les deux régions éloignées, mais qui sont toutes deux aux prises (à différents niveaux) avec le développement urbain et le saccage du patrimoine immobilier. Maureen le dit d’entrée de jeu, elle a passé les 20 premières années de sa vie en Outaouais et se souvient de cette vague d’expropriations de maisons d’ouvriers au profit de la construction d’édifices nationaux. «Ils ont rasé le centre-ville, mais la maison allumette de ma grand-mère a été oubliée», rappelle-t-elle. D’ailleurs, elle s’inspire de cette maison pour en faire la résidence d’enfance de l’activiste Jacob Lebleu dans son roman policier.

Ce 4e livre de la série propose donc aux lecteurs une intrigue provenant du monde immobilier, mais avec des drames humains intéressants. «C’est une réflexion sur le développement urbain, un plaidoyer pour les logements des moins fortunés», explique-t-elle en entrevue. Un sujet pas très «sexy» comme elle le dit elle-même au premier abord, mais qui porte aussi sur les paysages et la beauté naturelle. «Je voulais me donner ce défi», a-t-elle souligné.

Pour Maureen, ce livre aura nécessité beaucoup de recherches. Elle s’est d’ailleurs rendue au Nunavik il y a deux ans pour rencontrer les gens et visiter les lieux. Elle mentionne aussi que «La ville allumette» est sûrement son livre le plus personnel et le plus documenté.

C’est également un peu pour faire la paix avec le passé qu’elle a voulu revenir sur cette expropriation qu’elle a vécue de près. «On en parle peu, c’est de l’histoire oubliée», déplore-t-elle. L’écrivaine a donc voulu revisiter, à sa manière, ces événements et surtout laisser des traces. L’intrigue se déroule donc sous fond historique de débat social avec un crime comme fiction.

Le polar, publié par VLB Éditeur, sera disponible en librairie dès le 14 février. Un lancement est prévu le 21 février à la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot. Il se tiendra à 18 h 30 et sera suivi par la rencontre animée par Danielle LeBlanc, «Plaisir d’écrire, bonheur de lire», où Maureen parlera de son cheminement littéraire. Des tirages sont prévus.

En mission au Malawi

En attendant le lancement, Maureen prépare un voyage au Malawi pour participer à un projet avec One Drop et Cowaters. Son travail consistera, avec son vis-à-vis malawite, à identifier des troupes de théâtre et autres et de les rencontrer en entrevue pour préparer un projet avec les centres de santé et les hôpitaux de districts de trois régions, plus spécifiquement pour les services de maternité.

«On veut utiliser l’art social pour sensibiliser aux services sanitaires et à l’utilisation de l’eau», explique-t-elle. Dans ce pays pauvre, l’eau et les services sanitaires ne sont pas disponibles partout donc il faut trouver des façons de montrer aux femmes enceintes les avantages à bien se laver les mains à l’eau pour éviter les maladies. «Nous en sommes au début du projet», ajoute-t-elle.

S’il est important d’installer l’équipement sanitaire dans les régions éloignées, il l’est tout autant de trouver des moyens (l’art social en l’occurrence) pour faire valoir les bonnes pratiques et les comportements à adopter face à cela. Cela fait depuis 2007 que Maureen Martineau, avec son bagage théâtral, travaille pour One Drop. Encore une fois, elle est très enthousiaste d’aller découvrir ce pays et trouver les formes les plus adaptées d’art pour faire passer un important message.

D’autres projets

En plus de tout cela, Maureen doit  se mettre à l’écriture de cette fiction documentaire sur la nation abénakise pour laquelle elle a obtenu une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec et qui s’intitule «Sangs mêlés, notes de voyage en terre abénakise». Elle travaille à ce projet avec Réjean OBomsawin et Jacinthe Laliberté, tous deux d’Odanak.

La recherche pour cet écrit, qui mélangera les genres littéraires, s’achève et, selon Maureen, le résultat devrait être dévoilé l’automne prochain. Elle a également été approchée par les éditions Héliotrope pour écrire un autre polar basé sur le territoire québécois. Elle avait préalablement écrit «Une église pour les oiseaux», qui prenait place dans les Bois-Francs. Cette fois, elle veut explorer les zecs dans le coin de La Tuque. Le livre devrait être publié quelque part en 2019.