Une analyse de la « Vie artistique de David Milne » signée Anne-Marie Ninacs

Dans un livre récemment publié aux Presses de l’Université de Montréal dans la collection Art +, la Victoriavilloise d’origine, Anne-Marie Ninacs, propose une analyse critique de la vie artistique de David Milne (c’est d’ailleurs le titre de l’ouvrage).

Pour l’historienne de l’art qui est aussi professeure à l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal depuis 11 ans, il s’agit en fait de sa thèse de doctoral qu’on lui a demandé de publier en format de livre. C’est donc le résultat de plus de 16 ans de travail et de recherches qu’elle présente dans cet écrit qui se veut également un outil de référence sur un des grands peintres canadiens ayant vécu au XXe siècle.

En entretien téléphonique, celle qui habite maintenant Saint-Camille a expliqué que c’est lors de son congé de maternité, voulant ressourcer sa pratique, qu’elle s’est lancée dans la recherche qui s’est ensuite transformée en doctorat. Quant au choix de David Milne, elle souligne avoir découvert l’artiste alors qu’elle étudiait l’histoire de l’art, de même que lors d’une exposition. « C’est devenu mon peintre historique canadien préféré », confie-t-elle. Voulant en connaître davantage sur la vie artistique de ce peintre qui a vécu de 1882 à 1953, elle a décidé d’y porter un regard différent puisqu’elle est issue de l’art actuel.

Le document de plus de 450 pages, comme l’indique sa description, « …vise à comprendre les relations étroites qui se nouent entre l’éthique et l’esthétique d’un homme engagé dans une « vie de peinture » ». Pour cette contribution majeure, l’auteure s’est inspirée en partie de la soma-esthétique de Richard Shusterman qui utilise les données biographiques en lien avec le processus de création artistique.

Pour parvenir au résultat final, Anne-Marie aura parcouru les archives reliées à l’artiste afin de vérifier ses intuitions de départ. Elle a ainsi eu accès à une multitude de documents et a également pu rencontrer le fils de David Milne. Elle aura ainsi mis une année entière à simplement ramasser des documents et témoignages.

Ayant déjà une carrière de conservatrice et « un enfant sous le bras », comme elle le dit elle-même, elle s’est lancée dans ce projet de doctorat qui, lui, aura duré neuf années. À cela il faut ajouter six ans qui ont été nécessaires pour modifier la thèse afin d’en faire un livre plus accessible. Cela peut sembler long, mais il lui a fallu, entre autres, traduire tous les matériaux de recherche et demander les autorisations pour les 206 images qui s’y retrouvent.

Il faut mentionner que son travail représente le premier doctoral réalisé sur ce peintre estimé, issu de la même génération que le Groupe des sept. « Mais pas du même parcours », précise l’auteure. Dans son livre, elle fait non seulement une lecture plus théorique de la vie artistique de Milne, mais aborde aussi ses méthodes d’atelier, ses valeurs, ses pratiques d’écriture, d’introspection et de symbolisation. « Tout est lié », estime-t-elle.

Tout ce processus de doctorat semble avoir satisfait sa curiosité puisqu’il lui a permis de découvrir beaucoup de choses sur le peintre et sa vie. De plus, il fait d’Anne-Marie Ninacs une référence vivante de sa génération en ce qui concerne David Milne. « Il y a eu de bons experts avant moi », dit-elle avec humilité. Rien n’empêche que sa contribution, avec ce livre qui devient une référence, puisse être qualifiée de significative en ce qui a trait à l’histoire de l’art canadien.

Maintenant que le livre est disponible, Anne-Marie Ninacs s’affaire à une traduction anglaise du document qui, lui, sera publié du côté de la « McGill Queen’s University Press ». Un travail qui lui prendra, elle l’espère, moins de six années à réaliser. Anne-Marie Ninacs (la fille du regretté William A. Ninacs davantage connu à Victoriaville sous le prénom de Bill) a été conservatrice de l’art actuel au Musée national des beaux-arts du Québec et continue ses recherches sur David Milne au Musée des beaux-arts de l’Ontario de Toronto en plus de poursuivre l’enseignement.