Trois œuvres de Jocelyn Fiset à Copenhague
VICTORIAVILLE. Le directeur du Grave et artiste Jocelyn Fiset revient tout juste de Copenhague, où il a créé trois œuvres qui sont exposées à la galerie Peter Holmgaard.
Avant de parler art, il convient de revenir sur cette expérience au Danemark puisque l’artiste y était du 13 au 21 février, alors qu’à eu lieu l’attentat qui a finalement fait deux victimes, le 14 février.
«Ça ne s’est pas déroulé dans mon secteur et je n’ai rien vu. Sauf la nuit des événements où j’entendais des sirènes», a-t-il expliqué. Jamais Jocelyn ne s’est senti en danger et ces dramatiques événements n’ont pas teinté son séjour.
«Je n’ai pas eu peur. J’ai eu la chance de beaucoup voyager, notamment à Paris dans les années 80. Toutefois, j’ai eu un drôle de «feeling» avant de partir, me disant que c’est au Danemark justement que ça a commencé (les caricatures représentant Mahomet)», se souvient-il.
Jocelyn avait été invité par Peter Holmgaard qu’il a rencontré en 2010 lors d’une exposition au Japon. «Nous avons bien fraternisé, étant deux maniaques de ramens», raconte-t-il. Et le plus drôle c’est que les deux expriment leur art avec du ruban adhésif (électrique pour Jocelyn et cache pour Peter) et sont tous deux directeurs de galerie. D’ailleurs, les deux artistes ont travaillé en même temps à garnir la galerie de leur travail.
Pour Jocelyn, le but était de réaliser trois œuvres éphémères en partant du thème : L’origine du monde selon Stephen H.
Il a donc utilisé les trois murs mis à sa disposition (et des bouts du plancher, ce qui ajoute une autre dimension) pour réaliser son travail. «C’est quelque chose que j’expérimente depuis un certain temps et j’avais hâte d’avoir l’endroit pour le faire», a-t-il apprécié.
Il faut aussi expliquer que Jocelyn travaille habituellement à l’extérieur des bâtiments, sur les murs ou les fenêtres. Là, il créait à l’intérieur, dans un lieu spécifiquement dédié à l’art, ce qui lui permettait d’aller plus loin. «On n’a pas à se préoccuper de la sensibilité des gens», a-t-il apprécié.
Sa première œuvre, intitulée Oil painting, s’inspire de l’œuvre de Borduas. La seconde a comme titre Landscape et la troisième Some do not really goals for us (l’utilisation de l’anglais est plus facile dans ce pays), inspirée d’une création de Serge Lemoyne.
Les trois réalisations ont fait en sorte de développer le caractère plus engagé de son travail. Et lorsqu’on lui dit que ça lui permet de se «radicaliser», il ne manque pas de sourire puisqu’il est justement à terminer un petit manifeste sur le sujet de la radicalisation… soit dit en passant.
Ses œuvres demeurent en place jusqu’au 9 mars. Ensuite, quelqu’un aura la tâche de décoller tout le ruban et il ne restera rien de ce travail, sauf quelques photographies. Cela s’intègre bien à la démarche de l’artiste qui veut «limiter la production d’objets en art pour augmenter la production de sens dans la société».
«Et on crée du sens quand on critique, mais positivement. J’essaye de trouver des solutions d’artiste à des problèmes de société», explique-t-il. Ainsi, pour Jocelyn, le processus est beaucoup plus important que le résultat. «Et quand on y pense, c’est comme ça partout», ajoute-t-il.
Même si Jocelyn Fiset fait encore des dômes avec son ruban (c’est un peu sa marque de commerce), son travail va plus loin maintenant. Il est très heureux d’avoir pu expérimenter à Copenhague (c’était sa première visite dans les pays scandinaves) et continue sa création artistique.