Star Wars VII : le directeur artistique est un p’tit gars de la place!

CINÉMA. Yanick Dusseault est un p’tit gars originaire de Plessisville, sur l’avenue des Érables. Il y a fait ses études primaires avant que sa famille ne déménage à Victoriaville où il y a complété son secondaire. Il est aujourd’hui l’un des grands magiciens du cinéma américain!

Âgé de 43 ans, il vit à San Francisco depuis une douzaine d’années. Il est marié et papa d’une petite fille de seulement trois mois. Son cheminement est tout simplement original tout comme le sont ses créatures, vaisseaux et paysages que les fans de la saga Star Wars pourront découvrir dans le prochain film (Le Réveil de la Force), dont la sortie est prévue le 18 décembre.

Quatre années de conceptualisation et de recherche

M. Dusseault est le directeur artistique des effets spéciaux pour ce septième film et œuvre sur ce projet depuis maintenant quatre ans accompagné d’une demi-douzaine d’artistes qu’il supervise.

«Il n’y avait pas encore de réalisateur ni d’écrivains quand nous avons commencé à travailler en préproduction, soit de conceptualiser le film avant même son tournage. Au cours des 18 derniers mois, nous avons plutôt travaillé en postproduction, c’est-à-dire sur les images que nous verrons à l’écran», a-t-il indiqué par téléphone sans pouvoir dévoiler de grands secrets.

À quelques semaines de l’échéancier, M. Dusseault explique que la tâche n’est pas encore terminée, mais que le produit sera livré à temps lui qui œuvre pour la compagnie Industrial Ligth & Magic (ILM), l’une des plus réputées dans le domaine des effets spéciaux et filiale de Lucasfilm.

M. Dusseault affirme que son plus grand défi de ce septième épisode aura été de comprendre la vision du réalisateur J. J. Abrams et de créer une interrelation avec ce qui a déjà été fait dans les films précédents, notamment le grand classique de 1976 où il n’y avait pas de trucs par ordinateur.

«C’était vraiment important pour nous de rendre les effets visuels les plus crédibles, de créer le meilleur réalisme possible pour que les spectateurs croient à l’histoire et ne décrochent pas du film, une pensée qui est différente de celle de plusieurs autres productions», fait-il valoir.

Des portes qui s’ouvrent

M. Dusseault estime que les portes sont ouvertes pour les jeunes qui désirent faire carrière dans le domaine de l’animation et des effets visuels, la technologie étant dorénavant beaucoup plus accessible qu’elle ne l’était à ses débuts.

«Le logiciel que j’utilisais coûtait 60 000 $ et je devais travailler sur une machine de 100 000 $. Aujourd’hui, il est possible de se créer un petit film à partir de chez soi à prix raisonnable et d’être vu partout dans le monde via Internet», indique-t-il tout en précisant que l’éducation a cependant joué un rôle important dans son ascension.

«J’ai en effet quitté le Québec à 16 ans pour aller étudier au Collège Sheridan, en Ontario, qui était le plus reconnu dans le domaine de l’animation et de l’illustration. Je ne parlais pas anglais à l’époque et je me souviens que ça n’a pas toujours été facile, mais ce fut un passage qui a été primordial pour lancer ma carrière», explique celui qui a par la suite été embauché par une compagnie montréalaise, ce qui l’a conduit jusqu’à Los Angeles dans un premier temps où il a contribué à des films tels que Titanic et Au-delà de nos rêves (What Dreams May Come) qui a raflé un Oscar pour les meilleurs effets spéciaux visuels.

En 2003, il remporta aussi le prix du «Outstanding Matte Painting in a motion picture» du Visual Effect Society pour son travail sur le film Pirates des Caraïbes. Ses décors numériques ont été utilisés dans plusieurs films à grand budget, dont les deux derniers de la série Star Trek et les deux premiers films de la trilogie Le Seigneur des Anneaux où il a travaillé sur cette production pendant quatre ans en Nouvelle-Zélande pour ensuite venir s’installer sur la côte Ouest américaine afin de se joindre à l’équipe d’IPL et de collaborer au sixième opus de Star Wars, La Revanche des Sith.

Ironie du sort, la saga Star Wars aura joué tout un rôle dans sa vie. «Je me souviens, alors qu’on demeurait toujours à Plessisville, que mon père (André), qui était enseignant (il habite toujours Victoriaville), m’avait fait manquer l’école pour m’amener voir le deuxième Star Wars (L’Empire contre-attaque) dans un cinéma à Victoriaville et que je m’étais fait un plaisir de raconter à mes amis cette toute première expérience cinématographique. Ce film m’avait fait découvrir le monde artistique. C’est là que j’ai embarqué», de conclure celui qui retient de feu sa mère cette fibre artistique.

Notons que ses œuvres personnelles et professionnelles se retrouvent sur le site Internet : www.dusso.com