«Sang-mêlé», parce qu’il était temps de s’en mêler

C’est le 21 novembre que sera lancé le livre «Sang-mêlé, notes de voyage en territoire abénakis». Pour ses trois auteurs, Maureen Martineau, Réjean OBomsawin et Jacinthe Laliberté, l’aventure littéraire aura été plus exigeante que prévu.

En entrevue, le trio a expliqué que l’histoire abénakise était à revoir et que leur quête leur avait permis de faire de belles découvertes. «Ça commence à être le temps de s’en mêler», indique Réjean OBomsawin. «Pour nous, ça été une expédition dans l’histoire», note l’écrivaine de Tingwick, Maureen Martineau.

Pour elle, le projet lui a permis de sortir de sa zone de confort, elle qui écrit habituellement des romans policiers. Mais le livre, tout de même, entremêle fiction et faits historiques. On y raconte l’histoire de Stella Hamel qui, à la mort de son père, se met à la recherche d’un frère dont elle vient tout juste d’apprendre l’existence. Elle ira jusqu’à Odanak pour le rencontrer et de là part l’histoire qui les mènera tous les deux en Mauricie, à L’Avenir, jusqu’aux limites du Vermont et même jusqu’à Victoriaville. «Pendant le trajet, elle va apprendre l’histoire de la présence abénakise sur le territoire», annonce Maureen.

Le livre relie donc la fiction de Maureen avec les chroniques écrites par Jacinthe Laliberté et le chef spirituel Réjean OBomsawin. Et pendant leurs recherches, ils auront fait des découvertes comme celle d’un cimetière abénakis caché à L’Avenir, accueillant les dépouilles des défunts installés dans les deux villages du coin.

Pour Réjean OBomsawin, les recherches sur le terrain lui auront permis de marcher sur les traces de ses parents et ainsi de renouer avec ses ancêtres. Elles auront également fait en sorte de découvrir que des villages abénakis se sont fait tasser malgré qu’ils étaient situés sur des terres qu’on leur avait accordées. Plusieurs faits et témoignages, vérifiés, s’intègrent au livre, permettant au lecteur de mieux connaître le «peuple de l’aurore» et voir que leur histoire se mêle parfois à la nôtre.

Ce sont des «sang mêlés» qui ont écrit le livre et ils espèrent que plusieurs personnes le liront et qu’ils s’interrogeront aussi sur leurs origines. Ils y ont intégré des photos rarement vues de même que des cartes pour situer les différents endroits dont il est question. «Nous espérons aiguiser la curiosité pour développer d’autres questions», souhaite M. OBomsawin. «À force de faire des recherches, on découvre qui on est», soutient Jacinthe.

Pour Maureen, tout le processus lui aura fait comprendre comment le territoire d’origine a été approprié par les différents régimes au pouvoir. Et elle espère que le fait d’en connaître davantage sur les Abénakis permettra de changer la perception et le regard face aux autochtones (ou aborigènes).

Le trio s’est attardé au territoire (l’occupation et la perte) comme sujet, mais pourrait bien en écrire un autre sur le système économique. Le livre sera disponible dans les bibliothèques des écoles de la Commission scolaire des Bois-Francs (CSBF) et le lancement aura lieu le mercredi 21 novembre à 18 h 30 à la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot de Victoriaville. À cette occasion, de courts extraits du livre seront lus. Le lancement sera précédé d’un rite de purification officié par Réjean OBomsawin.