S.M.Art : un vernissage au 6e étage de l’Hôtel-Dieu

L’artiste Sophie Chabot a mis sur pied une activité qui permettra aux participants de visiter le 6e étage de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska.

C’est en partenariat avec la Fondation Hôtel-Dieu d’Arthabaska et les services spécialisés en santé mentale qu’elle offrira, le mercredi 15 novembre, un vernissage dans les salles d’attente de la clinique externe et de l’hôpital de jour de l’étage de santé mentale de l’hôpital (6e).

Dans ces lieux un peu froids et impersonnels, des œuvres d’artistes seront accrochées afin de mettre un peu de vie et de gaieté. Le vernissage du 15 novembre d’œuvres permanentes, proposé en formule 5 à 7, permettra, en plus de découvrir l’étage, de voir des œuvres d’artistes professionnels, de participants à S.M.Art. L’activité se conclura par un encan d’œuvres choisies dont les profits (on espère au moins 10 000 $) permettront la tenue d’ateliers artistiques pour les personnes vivant des problèmes de santé mentale.

On pourra apprécier et acquérir 25 œuvres réalisées par des participants à des ateliers artistiques, 75 livres d’art créés lors d’une autre activité S.M.Art ainsi que des œuvres de 15 artistes connus dans la région, dont Isabelle Couture, Andrée-Anne Laberge et Caroline Dion.

«Ce sera une première exposition dans ces murs», explique l’artiste qui est aussi infirmière deux jours par semaine. Avec ce projet S.M.Art (santé mentale art), l’artiste souhaite démystifier les problèmes de santé mentale. Pour Yoan Larouche, chef des services en santé mentale, zone sud Mauricie-Centre-du-Québec, il s’agit d’une belle occasion de mettre fin aux tabous. «Dans notre société, il est plus facile de parler de sexualité que de santé mentale», a-t-il remarqué. Pourtant, il ajoute que 10 personnes sur 10 sont à risque de faire une dépression au cours de leur vie. C’est donc dire que tout le monde devrait être sensible à la santé mentale.

Les ateliers qui suivront le vernissage, destinés aux gens souffrant d’une maladie mentale, permettront de briser l’isolement et voir que même avec ce trouble de santé, on peut avoir des activités. «Voyant les œuvres de participants, les gens qui ont été hospitalisés auront l’espoir qu’on peut s’en sortir», souhaite M. Larouche.

Ce dernier déplore le fait que lorsqu’une personne annonce qu’elle souffre d’un cancer, les gens accourent pour l’entourer. Le contraire de celle affectée par un trouble de santé mentale.

«Et nous tenions à ce que l’activité ait lieu au 6e étage de l’hôpital pour démystifier les lieux. En plus, ça va embellir les installations», apprécie-t-il.

Le titre de porte-parole artistique de ce vernissage a été confié à Alexandra B. Lambert. Celle-ci confie être bipolaire. «Je suis artiste, peintre principalement. Je pratique la photographie, la sculpture, l’écriture et j’explore l’installation, la sérigraphie, la performance et la musique expérimentale. Je suis entrepreneure, étudiante en philosophie, honnête citoyenne, responsable, je pratique la méditation, la respiration. J’ai une excellente conscience sociale et environnementale. Je suis féministe, pas juste bipolaire…», indique-t-elle.

L’artiste insiste aussi pour dire que le rétablissement est possible puisqu’elle y est arrivée. «La stabilité permet de vivre une vie satisfaisante. On peut même être heureuse et productive».

Quant à la présidence d’honneur, elle a été confiée à Dr Pascal Lambert-Comeau, psychiatre à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska. Il s’agira de la première fois qu’il accepte un tel rôle. «Je ne suis pas très à l’aise avec le titre mais il s’agit d’un geste super positif qui vient de la communauté (par la Fondation HDA)», a-t-il expliqué en entrevue téléphonique.

Selon lui le projet permettra aux gens de mieux comprendre les soins qu’on donne dans le département. «C’est aussi l’occasion de parler de la maladie et de l’art qui devient un moyen d’expression valorisant», a-t-il mentioné encore.  

Sans être un grand historien, le psychiatre estime qu’on parle de plus en plus de la maladie mentale et de rétablissement. «Il y a un courant avec une vague de fond. Il faut savoir qu’au-delà de la maladie, il y a un potentiel.»

Et en plus de la sensibilisation à la cause, l’événement permettra de mettre de la vie à des murs qui sont actuellement, un peu tristounets.