Mai banqueroute : une autre vision de la région

Antoine Larocque vient de lancer à Montréal un recueil de photographies, «Mai banqueroute», qui témoigne d’un passage dans sa ville natale, Victoriaville, et des environs.

Dans une approche documentaire, anthropologique même dira-t-il, Antoine a voulu montrer, avec une démarche artistique sérieuse, «l’impact des lieux et de la nature qui nous entourent, en particulier ses effets psychologiques observables chez les jeunes», peut-on lire sur la page Facebook de la publication.

On y retrouve différentes photographies, jamais mises en scène (sauf pour une), qui montrent des aspects un peu moins reluisants de la municipalité. En couverture, un jeune homme, assis au fond de ce qui semble être une piscine, fume la pipe à l’eau. Lorsqu’on ouvre le livre, on retrouve une préface, signée du député de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes. C’est d’ailleurs le seul écrit du livre entier. Il y parle notamment de «notre magnifique région», «d’une destination de choix pour les amoureux du grand air», un paradoxe puisque les photos montrent plutôt des fleurs dans lesquelles est coincé du plastique, des animaux morts et des scènes quelque peu osées. Des lieux croqués sur le vif dans des bars, des rues, des cours arrière ou même des endroits publics. «C’est ça le gag», explique Antoine en ajoutant que le député n’avait pas demandé à voir les photos qui illustreraient la publication. Il avait d’ailleurs l’intention d’aller lui porter une copie du produit final, imprimé à une centaine d’exemplaires. «Il n’y a rien d’autre d’écrit parce que je veux que les gens se fassent leur idée, qu’ils créent leur propre narratif», ajoute-t-il.

Le livre se veut une autre lumière sur des lieux communs, l’autre côté de la médaille. L’éditeur, Ok cool, décrit le projet ainsi (traduit de l’anglais) : «À travers des visites dans sa ville natale de Victoriaville, ce corpus explore le contraste entre l’atmosphère monotone de cette ville régionale et les efforts des jeunes pour briser l’ennui. Il en résulte une série photographique et artistique éclectique et omniprésente».

En entrevue téléphonique, Antoine explique d’entrée de jeu qu’il n’avait aucun but au départ, mais un lien environnemental s’est formé au fil du temps : «une tension entre l’ordre de la nature et la construction humaine alors qu’on parle de développement durable», dira le photographe en ajoutant que tout le monde se déculpabilise en allant porter son compost au chemin.

Il souhaite donc, dans sa démarche, dénoncer une certaine hypocrisie. «Au départ, je ne voulais même pas nommer la ville puisque ça pourrait être n’importe où. Ça démontre que ce n’est pas toujours facile de grandir dans des petites villes», prend-il le soin d’ajouter.

Ce projet photographique a également été publié sur Phroom magazine, il y a quelques mois. Pour certains, il pourrait être qualifié de provocateur, un adjectif qui revient souvent dans ce que propose Antoine, comme il a confié lui-même. «Je veux susciter une interrogation», indique-t-il.

Ce même sujet, Antoine l’aborde dans un film qu’il a réalisé récemment avec Antoine Provencher, un autre gars du coin. «Le film explore le même thème et le même territoire que le livre», a-t-il mentionné.

Étudiant en arts à Montréal, il continue son exploration artistique où l’image est toujours omniprésente. Il cherche toujours, dans son travail, à montrer les choses autrement.