Lorraine Ricard suit les traces de son père…

Il y a quelques mois, vous auriez demandé à Lorraine Ricard si quelqu’un de sa famille avait hérité du talent de peintre de son père, Yves Ricard, elle aurait répondu personne. Mais aujourd’hui, elle s’est mise à l’œuvre et après seulement 12 toiles, on lui découvre un talent certain en la matière.

D’entrée de jeu, elle explique que c’est peut-être à la suite d’intimidation, alors qu’elle avait 11 ans, qu’elle a tant attendu pour prendre le pinceau. «J’avais gagné un concours de dessin à l’école et on m’a dit, avant de me donner une volée, que je n’avais pas de mérite parce que mon père était peintre. Ça a été fini après», se souvient-elle encore avec douleur.

Bien entendu, la création a toujours fait partie de sa vie quand même. Elle a été styliste patronniste (on lui doit d’ailleurs plusieurs créations pour les défuntes Fêtes victoriennes), décoratrice et, aujourd’hui, elle dessine des armoires de cuisine par ordinateur. Le dessin n’a donc jamais été bien loin d’elle.

C’est à la suite d’une opération à la hanche, au début de la présente année, qu’elle s’est mise à dessiner plus sérieusement pour passer le temps. Elle a fait du portrait au pastel avec Marie-Josée Larochelle, mais cette technique ne lui permettait pas d’aller travailler et s’inspirer sur le terrain, dehors. «J’avais atteint un plateau et je savais que ce n’était pas ça que je cherchais», a-t-elle découvert.

Après cela, elle a été invitée à l’Atelier, galerie d’art où elle a rencontré Francine Simard. C’est avec elle que Lorraine a découvert (ou plutôt redécouvert) la peinture à l’huile que son père utilisait pour peindre. Francine lui a également fait connaître l’acrylique et actuellement Lorraine passe d’un médium à l’autre. «Elle m’a montré la recette du gâteau», apprécie-t-elle. Lorraine doit maintenant adapter cette recette, selon ses goûts.

«Je n’ai pas commencé à peindre pour être bonne, j’ai commencé pour être bien», confie-t-elle. Mais avec seulement une douzaine de toiles réalisées (et deux vendues), les commentaires sur son travail (qu’elle présente notamment sur Facebook) sont encourageants. Elle réalise principalement des paysages, des endroits qui l’inspirent.

Et puisqu’elle est fonceuse de nature, c’est elle qui est à l’origine du projet d’exposition dans la vitrine du 44, rue Notre-Dame Est. «Et j’ai le sentiment que, dans tout ça, mon père me pousse», apprécie-t-elle.

Dans son appartement, il y a d’ailleurs plusieurs toiles du peintre bien connu dans la région et à l’extérieur aussi, qui viennent également l’encourager et l’inspirer. Elle se rappelle cet homme, décédé beaucoup trop jeune (à 57 ans) et qui peignait à la maison. «Nous étions six enfants à la maison et notre père embarquait dans nos affaires. Il a toujours travaillé pour gagner sa vie et celle de sa famille. Il a aidé ma mère à faire ses études pour qu’elle s’épanouisse. Chez nous, nous n’étions ni dans la classe ouvrière, ni dans celle des professionnels», rappelle-t-elle.

Elle a choisi de s’embarquer dans la peinture avec toute son énergie. Elle souhaite faire bouger les choses et ouvrir des portes. «Je trouve déplorable qu’à Victoriaville, il n’y ait pas de lieu d’exposition pour les artistes «ordinaires». Il y a l’Atelier, installé dans un sous-sol, mais il me semble qu’il serait possible de bâtir quelque chose, d’offrir un lieu pour les artistes du coin», déplore-t-elle.

Ce ne sont pas les projets qui manquent à Lorraine. Déjà, avec la vitrine au centre-ville, elle a fait un bon pas, osant montrer son travail. «Je sais que je ne suis pas une professionnelle, mais je suis capable de voir que mon travail est bon», note-t-elle. Sa mère, Monique, devient bien émue lorsqu’elle voit son travail, se souvenant à quel point Lorraine s’entendait bien avec son papa.

Pour l’artiste (qui n’ose pas encore porter ce titre), la peinture aura été un moyen de se sentir bien. Les toiles, une fois complétées, sont un bon prétexte de socialiser avec les autres.

Bien des années ont passé depuis qu’on l’a intimidée à l’école primaire. Un long détour qui lui a permis de se libérer de ses démons. Aujourd’hui, elle s’est reprise en main et a l’intention de faire bouger les choses pour donner des lieux d’exposition aux artistes comme elle. Lorraine souhaite également prendre sa place dans ce domaine qui lui fait tant de bien.