L’orchestre de matières sympathiques de Danys Levasseur
VICTORIAVILLE. Il y a longtemps que Danys Levasseur chérissait un projet, très longtemps même. En fait, 20 ans pour être plus précis.
Durant cette période, il était resté dans un coin reclus de sa zone créative, prêt à ressurgir lorsque le moment serait venu. Celui-ci est arrivé il y a quatre ans et après un nombre incalculable d’heures de travail, il a vu le jour l’an dernier.
Intitulé Orchestre de matières sympathiques, cette installation sonore consiste en des résonateurs vibrant aux fréquences d’une composition en huit canaux d’une durée de quinze minutes, nommée Réserve phonique. Chacun d’entre eux réagit d’une manière différente, selon la fréquence utilisée.
Pendant son processus de fabrication, il s’est inspiré du sitar. Cet instrument à cordes, d’origine indienne, l’a influencé autant dans sa carrière musicale que pour la mise en place de cette œuvre.
«Sur le sitar, il y a des cordes sous ses touches qui résonnent en sympathie lorsque tu joues une mélodie et j’ai trouvé cela intéressant. Je m’imaginais ensuite concevoir des boîtes sympathiques et de fil en aiguille, ça s’est transformé : j’ai modifié des haut-parleurs en vibrateur en y ajoutant des objets», a-t-il raconté au sujet de son rendu final.
L’artiste aguerri n’est toutefois pas à ces premières armes dans le genre. En 2001, sur le site qui a vu naître la Clairière – Art et Nature à Chesterville cinq ans plus tard, il avait suspendu des plaques de métal au-dessus d’un ruisseau, agrémenter d’un pickup contact. Le bruit du cours d’eau était ensuite retransmis dans une console de son, devenant la trame de fond de ses improvisations.
Un travail de moine!
Il aura fallu quatre ans au musicien multidisciplinaire pour mettre à terme l’Orchestre de matières sympathiques. Un travail de moine, comme se veut l’expression.
Isolé dans son laboratoire de création, Danys Levasseur a passé des mois à réaliser des tests avant d’aboutir au résultat escompté. «Puisque chaque résonateur ne vibre pas aux mêmes fréquences, j’ai composé une pièce avec un langage et un lexique distincts. Ça a été un énorme devoir de recherche», a-t-il confié.
Il a présenté les fruits de son labeur l’an dernier, au GRAVE, avec une formule composée d’un groupe. Le président du Festival international de musique actuelle de Victoriaville, Michel Levasseur, était parmi les spectateurs.
«Il m’a félicité pour mon travail et m’a demandé si j’accepterai de l’exposer lors du FIMAV. C’était un honneur pour moi, car j’ai assisté à la première édition du festival et il a aussi influencé ma vie de musicien», a laissé entendre celui qui devient le premier de Victoriaville et sa région à obtenir un espace pour une installation sonore.
Par ailleurs, il a reçu d’excellents commentaires de la part des visiteurs, surtout chez les enfants. «Ils m’ont dit que c’était leur station préférée!», s’est-il exclamé.
Un projet sans fin
Maintenant qu’il est désormais construit, Danys Levasseur ne veut pas s’arrêter là avec Orchestre de matières sympathiques. Le cerveau tournant à plein régime, il a encore une pléiade d’idées dans la tête afin de le garder en vie.
«C’est un peu un projet sans fin. J’aimerais qu’il puisse se retrouver dans des centres d’artistes de la province. De plus, j’ai pensé en faire peut-être une version portative, un peu comme une valise que l’on ouvre et que la musique joue de manière instantanée», a-t-il mentionné.
Cependant, divisera ses énergies entre leur réalisation et son studio, Le Vent Dominant. Il s’apprête à enregistrer le nouvel album de l’ex-membre de La Bottine Souriante,, Yves Lambert. Il espère également faire de même avec ses propres compositions.