L’installation immersive de Heidi Barkun au Centre d’art

Dans le cadre de la 11e Biennale nationale de sculpture contemporaine de Trois-Rivières, le Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger du Carré 150 de Victoriaville accueille l’exposition signée Heidi Barkun et intitulée « Let’s get you pregnant! Quand la fécondation in vitro échoue ».

Rencontrée alors qu’elle procédait à la mise en place de l’installation immersive, l’artiste a expliqué qu’elle était bien assise au centre d’un salon aménagé où les visiteurs seront également invités à prendre place, que l’exposition dévoile l’expérience de l’échec de la fécondation in vitro. Que ce soit dans le cadre scientifique, social ou politique, cet échec de la maternité, qui ne laisse au final aucune trace, est un sujet bien peu abordé dans la société actuelle. On entend bien davantage parler des réussites de ces longs procédés qui nécessitent la prise de multiples médicaments et différentes interventions.

L’ayant vécu elle-même, l’artiste a choisi d’aborder ce thème qui lui est donc bien personnel. Les visiteurs qui viendront voir l’exposition pourront donc s’installer confortablement sur une des chaises (dont trois appartenaient à sa grand-mère) placées en cercle de partage, autour d’un décor familier et chaleureux et entendre le témoignage de 28 femmes (dont Heidi) qui racontent leur histoire. « Comme si j’invitais les gens chez moi dans mon salon », explique-t-elle d’ailleurs avant d’enlever ses souliers et s’asseoir. Huit haut-parleurs remplacent des chaises, laissant ainsi la place à ces femmes qu’on ne voit pas, mais qu’on apprend à connaître. « L’enregistrement dure 6 heures et aborde 18 sujets différents », précise Heidi. Les gens voudront ainsi peut-être revenir à différents moments afin d’entendre autant de parties de ces récits de vie touchants qui parlent de médicalisation d’un procédé qui devrait être intime, du temps qu’il faut y consacrer, de l’espoir en passant par l’échec, du deuil, etc.

Ensuite, ils sont invités dans le second espace, tout blanc et aseptisé presque, où 16 présentoirs, tous différents les uns des autres, exposent des objets donnés par certaines participantes, reliés à leur expérience de fécondation in vitro. « Il y a des objets personnels et médicaux qui apportent un côté didactique et montrent le clivage entre les processus et le vécu », souligne l’artiste. Fioles de toutes sortes, documents, pilules, échographies, petites pantoufles, autant de mémentos rappelant que moins de 30% des tentatives de procréation assistée, en 2018, se sont soldés par la naissance d’un enfant vivant. 

Heidi Barkun aura réalisé trois expositions au total sur ce sujet bien personnel dont elle considère avoir abordé les différents aspects. Elle se plongera maintenant dans l’univers de la maladie chronique, en étant elle-même victime.