L’art pour sortir de l’isolement

«De l’isolement au rayonnement», tel est le titre de cette exposition proposée à la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot de Victoriaville et qui présente des œuvres réalisées dans le cadre d’une série d’ateliers, donnés à des femmes et enfants victimes de violence conjugale et résidants de la maison d’hébergement la Volte-Face.

Ces ateliers étaient animés par l’artiste Andrée-Anne Laberge. C’est la seconde année qu’elle avait la chance d’aider ces femmes et enfants (en nouveauté) à profiter de l’art pour leur faire vivre des réussites, mais aussi voir leur potentiel créatif. Elle était très heureuse du résultat présenté lors du vernissage jeudi soir. «J’ai intégré une partie écriture cette année», a-t-elle expliqué. Ainsi, au début des ateliers, les participantes ont reçu un cahier dans lequel elles étaient invitées à écrire ce qu’elles ressentaient lors ou à la suite des ateliers. «Ça vient enrichir le processus», estime l’artiste. Aussi, il allait de soi d’intégrer les enfants dans ces ateliers, leur permettant d’utiliser l’art pour s’exprimer librement.

Pour elle, ça aura été, encore une fois, un grand plaisir que d’accompagner les femmes dans ces ateliers. «Je donne tout ce que j’ai, mais je reçois encore plus», a-t-elle découvert. L’exposition comprend donc les œuvres des cinq femmes et des sept enfants qui ont complété les dix ateliers. «Chaque atelier permet de s’exprimer à travers une diversité de médiums. D’un atelier à l’autre, différents sujets sont mis de l’avant et permettent de vivre des succès à travers les réalisations», ajoute encore Andrée-Anne.

Chaque œuvre est signée d’un pseudonyme, assurant la confidentialité pour des raisons évidentes de sécurité des participantes et petits participants. L’exposition permet de briser l’isolement, de créer des liens, mais aussi crée un rapprochement avec la communauté tout en sensibilisant à la violence conjugale. «En ce sens, le dimanche 26 novembre, dans le cadre des «12 jours contre la violence faite aux femmes», les intervenantes de Volte-Face et l’artiste Andrée-Anne Laberge seront sur les lieux de l’exposition de 13 h 30 à 15 h pour rencontrer les gens et répondre à leurs questions.

Bella

Parmi les participantes, il y avait Bella. Une femme qui a bénéficié, récemment et pendant deux mois et demi, des services d’hébergement (et bien d’autres aussi) de Volte-Face. Aujourd’hui sûre d’elle, elle a expliqué que les ateliers lui avaient permis, notamment, de toucher à l’art, pour lequel elle avait toujours eu un intérêt. «Avec ce que je vivais à Volte-Face, j’avais besoin de décrocher. Les ateliers étaient pour moi des moments de paix, de présence avec les autres», a-t-elle expliqué. Bella a même vécu une expérience troublante pendant les ateliers, qu’elle a expliquée en racontant une histoire à la foule présente lors du vernissage.

Elle voulait écrire un message sur son œuvre et mettre des couleurs par-dessus, mais que les mots demeurent visibles. Pour cela, elle a pris la peine d’écrire avec trois crayons différents (dont un à l’encre permanente). Une fois les mots écrits, elle a ajouté un filet d’eau et des couleurs et l’œuvre s’est transformée pendant que les mots s’effaçaient. «À ce moment, tout est devenu plus clair et j’ai entendu une voix en dedans de moi dire : ouvre ton cœur. À partir de là, la joie s’est installée», explique-t-elle. Pour Bella, l’œuvre aura été libératrice, comme un éveil à l’amour et à la paix.

L’ancienne résidente a également voulu partager son expérience à la maison d’hébergement. Elle a confié qu’avant d’y entrer, elle songeait au suicide. Difficile à croire en la voyant aujourd’hui si épanouie et bien dans sa peau. Quatre mois seulement ont passé depuis son séjour, mais elle confie y avoir vécu une expérience intense. Voulant à tout prix s’en sortir, elle n’a pas hésité à utiliser tous les services qu’on mettait à sa disposition. «Je suis reconnaissante d’être passée par là», a-t-elle terminé.