Jocelyne Fortin, bien installée pour affronter défis et projets

Jocelyne Fortin vient de compléter sa deuxième année à titre de directrice générale et conservatrice du Musée Laurier. Elle a plusieurs projets et défis à réaliser.

«Pour un nouveau directeur, ça prend de trois à cinq ans pour s’installer. On arrive dans une nouvelle institution, on regarde qu’est-ce qu’il y a, on veut faire notre marque, des changements», explique-t-elle, installée à l’étage de l’Hôtel des postes. D’ailleurs, son objectif est de démocratiser les lieux, afin que le Musée Laurier et l’Hôtel des postes fassent partie de la communauté.

Parmi ses priorités en 2020, elle se doit de trouver le financement nécessaire afin de réaliser d’importants travaux, estimés à 200 000 $, pour rénover les balconnets et galeries de bois du Musée Laurier. «J’ai déposé une demande de subvention au fédéral et une autre sera à faire au provincial et au municipal. Les travaux sont urgents à réaliser», indique-t-elle.

Ces boiseries faisaient partie du grand projet de rénovations, il y a quelques années, mais ne semblent pas avoir tenu le coup. Il a fallu installer, au milieu des marches du perron de façade du musée, une rampe puisque celles de côtés ne sont plus sécuritaires. «On ne cherche pas de coupable, mais il faut faire quelque chose. Et tant qu’à les refaire, j’ai demandé qu’on essaye d’inclure le moins de collage possible et l’utilisation d’une essence de bois qui va mieux résister à l’hiver. Tout ne sera pas jeté par terre, nous allons conserver ce qu’on peut. En 2020, ces travaux seront priorisés», annonce la directrice.

Cette urgence fait en sorte que les réaménagements prévus pour faciliter l’accessibilité à l’Hôtel des postes, pour les personnes à mobilité réduite, et pour lesquels des activités de financement avaient été réalisées en 2019 (grande brocante, expo-bénéfice «Deuxième vie»), sont reportés. «Ces travaux sont toujours dans la mire et, si c’est possible, je vais mettre tous les travaux dans la demande de subvention provinciale, pour avoir une plus grande portée financière», dit-elle encore.

Des départs

En plus des travaux, la directrice générale doit également jongler avec deux importants départs dans l’équipe. Linda Pinard (secrétaire), qui a retraité après 40 ans de service, et Patrick-Olivier Meunier (assistant aux collections et aux expositions), qui vient d’annoncer son départ pour relever de nouveaux défis. «C’est un coup dur et il faudra s’organiser. Le poste de Patrick-Olivier est important et il faut trouver quelqu’un avec une expertise en histoire ainsi qu’en ethnologie», ajoute-t-elle. Parce que l’ethnologie fait son entrée à l’Hôtel des postes notamment avec la présentation, bientôt, de l’exposition soulignant les 50 ans du Cégep de Victoriaville.

Tout de même, les départs surviennent au bon moment alors que le financement est assuré pour les trois prochaines années. «Nous sommes dans une stabilité financière, même si on a perdu un peu d’argent du ministère de la Culture. On travaille fort pour récupérer, dans trois ans, ce qu’on a perdu», espère-t-elle.

L’ouverture des salles

Le plus grand changement de 2019, selon Jocelyne Fortin, aura été l’ouverture des différentes pièces du Musée Laurier. En effet, depuis l’été, les visiteurs peuvent, plutôt que de demeurer dans le cadre de la porte et tendre le cou pour bien voir à l’intérieur, entrer dans les salles. Une grande amélioration qui permet de mieux vivre l’expérience du musée en mettant littéralement les pieds dans la chambre à coucher de Wilfrid Laurier.

Pour poursuivre dans cette voie, les guides costumés d’époque, disponibles aussi depuis l’été dernier, ont été appréciés. Si bien qu’ils seront de retour en 2020. Même qu’ils contamineront le reste du personnel du musée qui sera aussi vêtu d’époque. Un réaménagement du bureau d’entrée est aussi prévu afin de cacher téléphone et ordinateur et faire en sorte que, dès son entrée, le visiteur soit plongé, sans anachronisme, à l’époque de Laurier.

Mais pour rester bien de son temps, le Musée Laurier a présenté une autre demande de subvention, du côté de Tourisme Centre-du-Québec cette fois, pour un plan de mise à niveau numérique. «Ensuite, nous demanderons l’autre partie de la subvention pour un nouveau site Internet où les groupes pourront réserver en ligne ou acheter des billets», précise-t-elle.

Pour ce qui est des expositions à venir, l’été prochain, on songe à poursuivre avec l’alimentation à l’époque victorienne pour le Musée Laurier. «On voudrait éventuellement avoir un potager et Sara (médiatrice culturelle) a prévu plusieurs activités d’animation touchant l’alimentation», souhaite la directrice. La pièce, qui sera présentée à la Grange Fleury, pourrait aussi suivre ce thème de l’alimentation ou encore s’inspirer de l’exposition permanente de la poste, au troisième étage de l’Hôtel des postes.

Cette exposition, d’ailleurs, est toujours bien appréciée des plus jeunes (notamment en visite scolaire) qui peuvent désormais avoir un carnet du postier et revêtir le costume du postier. «Une exposition importante puisqu’il n’y a plus de musée de la poste officiel. Il n’y manque qu’une vidéo qui parlerait du métier et enlèverait un peu de texte.»

La salle de l’horloge

Parmi les projets, des travaux pour faciliter la visite de la salle de l’horloge à l’Hôtel des postes. (Photo www.lanouvelle.net)

Adjacente à l’exposition de la poste, la salle de l’horloge subira de son côté une cure de rajeunissement. Des travaux sont d’ailleurs en cours pour en faciliter la visite.

Il y a quelque temps, le poids de cette horloge d’époque est tombé. Le tout a été réparé et permet maintenant de voir ce même poids descendre le coin au fond dans la salle, derrière le mécanisme. Les panneaux d’interprétation seront refaits et un panneau de verre sera installé pour permettre la visite les lieux. «On aimerait trouver une façon de montrer la vue en haut de l’horloge aux visiteurs. C’est très beau, mais pour des raisons de sécurité, ce ne sera pas possible dans un avenir rapproché», souligne Mme Fortin.

Il semble que les visiteurs, masculins surtout, apprécient beaucoup cette visite qui leur permet d’apprécier tout le mécanisme. «Quand on peut monter avec eux et leur faire remonter l’horloge, c’est vraiment un plus», ajoute la directrice. Ces travaux sont mineurs et estimés à environ 5000 $.

Le même montant a été investi du côté de la Maison Fleury pour la réfection de la toiture qui coulait ainsi que quelques aménagements intérieurs facilitant la visite des groupes. D’autres petits travaux ont été effectués dans la Grange Fleury pour assurer la sécurité des petits visiteurs estivaux.

Bien installée

Après deux années à la barre du Musée Laurier et de l’Hôtel des postes, Jocelyne Fortin estime qu’elle est désormais bien installée. «Je comprends maintenant mon trousseau de clés», dit-elle en souriant.

Elle se sent partie prenante du milieu et s’est intégrée dans différents comités, dont Gourmands de culture qui reviendra l’automne prochain pour une troisième année.

Mme Fortin souhaite poursuivre son travail afin que le musée soit vu, par le milieu, comme un lieu dynamique, démocratique et ouvert sur sa communauté. «Le musée a vraiment besoin de sa population. Le plus grand défi, c’est le manque de financement qui se comble par des entrées, des cartes de membre, une fréquentation. Même le premier dimanche du mois, lorsque l’accès est gratuit, un montant d’argent est versé pour le nombre d’entrées. Nous avons donc besoin que les gens visitent les lieux, toute l’année», espère-t-elle.