FIMAV : Erwan Keravec en pleine maîtrise de la cornemuse

À son premier spectacle au Québec, Erwan Keravec a su partager sa passion pour la cornemuse avec finesse et originalité samedi après-midi. Présentée à l’occasion du Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV), sa performance en solo a permis aux personnes présentes à l’église Saint-Christophe d’Arthabaska de mieux connaître son instrument.

Dès le début du spectacle, l’artiste a surpris la centaine de spectateurs en jouant ses premières notes à partir du balcon. Plusieurs personnes se sont alors mises à le chercher du regard. Il a finalement fallu attendre quelques minutes pour le voir descendre de l’endroit où il se trouvait. Jamais le sonneur, tel est le nom donné aux joueurs de cornemuse, n’a cessé de jouer. Même pas en descendant les marches ou en ouvrant une porte pour bien exploiter l’écho de la salle. Le ton était donné à sa seule pièce, d’une durée de plus de 50 minutes, ponctuée de quelques silences.

Pour en arriver à faire un tel usage de l’espace, l’artiste français s’est rendu à l’église la veille de sa performance. «De manière générale, quand j’arrive pour faire ce solo-là, je le réadapte pour le lieu où je vais. Après, je refais la pièce en me disant par où je vais commencer. Ce que je ne fixe pas, c’est le contenu.» Une église, selon lui, permet une grande latitude dans les tonalités. «Il y a vraiment de quoi s’amuser. C’est assez agréable de se dire que je peux jouer très loin. En étant tout en haut de la salle, on entend bien en bas. Et en descendant, la puissance du son apparait vraiment.»

Mis à part les chaleureux applaudissements de la fin, les échanges entre l’artiste et les spectateurs ont été discrets. En s’arrêtant à des moments clés, il s’est créé de profonds silences, souhaités pour la livraison de la pièce. «Si j’avais joué cinq minutes et que j’avais fait un silence, les gens m’auraient applaudi. Là, le premier silence apparait au bout de 20 minutes. Du coup, les auditeurs comprennent que ce n’est pas un arrêt. Ce n’est pas la fin de quelque chose. Tout le monde est resté dans le silence. C’était un très beau silence. Il n’y avait pas un bruit.»

Jeu entre le mouvement et l’immobilité

Tirée du disque «Urban Pipes», produit en 2007, la pièce est présentée par le sonneur dans différents pays. Très dynamique sur scène, il précise avoir pris goût à cette facette du spectacle en travaillant avec des danseurs contemporains dans les dernières années. Puisque, même si sa performance a été faite en solo, il a pour habitude de travailler en équipe. De marcher à un rythme régulier ou d’accélérer le pas change le son produit par la cornemuse et le positionnement de ses bourdons. Il s’agit en fait d’un jeu entre le mouvement et l’immobilité, illustre-t-il.

Étant arrivé au Québec jeudi, le sympathique Français a repris la direction de l’Europe samedi soir. Il dit avoir apprécié sa toute première visite dans la province et avoir trouvé l’église de toute beauté. Pour le FIMAV, il s’agissait d’un premier spectacle mettant en vedette la cornemuse.