COVID-19 : déprogrammer la peur, est-ce possible?

Je vous répondrai d’emblée que la peur s’apprivoise d’abord avant de se déprogrammer. En fait, notre cerveau est programmé pour répondre aux dangers. Biologiquement, comme tous les autres animaux, notre cerveau est conçu pour assurer la survie de l’espèce et, chez les humains, l’intelligence est sa principale défense contre les dangers externes. C’est pour cette raison que les mauvais souvenirs sont plus puissants que les bons souvenirs. Me souvenir des dangers, c’est la possibilité de le reconnaître et de le combattre.

Depuis le début de la pandémie, notre capacité à réfléchir, à évaluer les risques, à communiquer nos connaissances et à prendre des décisions nous a permis de prendre des dispositions pour nous protéger de ce virus. Nous avons pu constater que d’aplatir la courbe de propagation en maintenant ces dispositions nous protégeait. Bien que le confinement puisse être source de frustration, d’inconvénients et de solitude, il est aussi synonyme de sécurité. Après six semaines, le confinement nous a éloignés du risque du virus et a apporté une certaine aisance.

Alors, le déconfinement est déstabilisant dans les circonstances. La peur et l’incompréhension sont légitimes alors que nous entendons que le confinement a été un succès. Mais si nous devons survivre biologiquement, nous devons aussi survivre socialement et psychologiquement. Le retour à la vie est inéluctable et essentiel au maintien de notre équilibre.

Par le biais de la peur, notre cerveau retourne à la case départ et se demande comment il peut maintenant se prémunir contre ce virus. Nous devons maintenant retourner à notre réflexion, à l’évaluation des risques, à la communication de nos connaissances et à la prise de décision.

Le premier ministre Legault nous invite à un déconfinement graduel. Il devrait en être de même pour chaque individu. Sortir du cocon familier de ses appartements peut représenter un réel défi pour les personnes qui sont enfermées depuis le début de la crise. Il est donc nécessaire d’avoir un bon plan d’exposition graduelle au monde externe. Sortir tous les jours un peu plus, tout en respectant les consignes de sécurité, jusqu’au jour du retour au travail. Prenez le temps d’apprivoiser votre peur. Marcher dans votre quartier, commencer votre saison de vélo, faire vos emplettes plutôt que de faire livrer, rouler en auto jusqu’à votre travail et téléphoner à des collègues pour reprendre contact sont quelques-uns des comportements qui peuvent vous aider à retrouver de la sécurité à l’extérieur du foyer.

Comme je l’ai mentionné lors de mon premier article, la peur est un signal interne normal dans les circonstances actuelles. Le défi est d’y répondre adéquatement. Les règles de sécurité imposées par la santé publique sont de bons piliers pour contenir notre peur. Se laver les mains, tousser dans son coude, maintenir deux mètres de distance avec les autres et porter un masque ou des gants quand cela est nécessaire (ou toute autre mesure de protection nécessaire) sont des dispositions encore exigées. Réagir en adoptant des mesures appropriées au danger potentiel est une réponse suffisante pour retrouver un sentiment de contrôle sur notre sécurité.

Le virus est encore présent et nous devrons apprendre à vivre avec cette réalité pendant plusieurs mois. Il est donc normal d’avoir peur et de continuer à prendre les mesures nécessaires pour éviter le danger. Cependant, maintenant que la courbe de propagation est atténuée, les mesures se transforment et s’adaptent à la situation. Résister aux changements ne ferait qu’accentuer la peur. Le gouvernement nous promet de réviser les mesures de sécurité sanitaire en fonction du danger réel et des changements de la fameuse courbe. Ce sont nos capacités d’adaptation qui seront garantes de notre capacité à faire face aux fluctuations de la propagation et à avoir une réponse adéquate au danger réel de la COVID-19. Continuons d’écouter les recommandations de la santé publique au jour le jour, d’apprivoiser doucement notre peur et de maintenir les mesures de sécurité sanitaire. Ainsi, nous voguerons plus aisément sur la courbe changeante de la propagation de ce virus.