Spécimen rare

L’entomologiste Georges Brossard est une drôle de bibitte. Vendredi soir dernier, son message coloré avait comme mission de rappeler qu’on devait protéger la vie. Même celle des insectes qui, bien que petits, jouent un grand rôle dans l’écosystème.

«Quel geste d’ignorance crasse d’écraser un insecte que vous appelez bibittes. L’insecte que tu tues bêtement est peut-être un papa ou une maman qui donne un sens à la vie», a dit le fondateur de l’Insectarium de Montréal à la foule réunie au souper des Amis de la réserve de la faune du lac Saint-François.

Ce sont les insectes qui ont le mieux réussi de tous les animaux selon lui. «Ils sont les plus nombreux, les plus âgés et ils ont su s’adapter pour traverser le temps, et ce, même s’il n’en reste que 10% des espèces que la terre ait connues. Ils sont utiles à la nature et protègent les richesses naturelles.»

Parlant d’utilité, il a défendu la mouche, cette grande pollinisatrice qui nourrit le sol. «Il n’y a pas de vie inutile.»

Biodiversité menacée

Il a rappelé qu’il ne restait que 20% des ressources naturelles sur la terre. Il a qualifié le fleuve Saint-Laurent de majestueux, un élément essentiel qui joue plusieurs rôles importants dans la vie de l’homme, de la faune et de la flore. Un patrimoine à entretenir.

Pour le passionné de 75 ans, il faut protéger cette vie afin de préparer un monde meilleur. Inspirer les jeunes à un futur qui se veut également meilleur.

«Les Amis de la réserve, ce n’est pas croyable ce que vous endurez, alors que le fédéral vous interdit d’imposer un prix d’entrée. Je m’objecte à ce que ce soit gratuit. Vous supportez la vie, c’est noble», a indiqué M. Brossard, donnant comme exemple le bio-parc de la Gaspésie auquel il a donné un insectarium. Une action qui a permis à l’endroit de doubler son achalandage et ainsi augmenter son budget.

À Montréal, son projet d’Insectarium en avait fait rire plus d’un. Pourtant, il attire 600 000 visiteurs en moyenne par année.

Il a ainsi appelé les Amis de la réserve à être plus agressif afin d’assurer sa survie, le tout en dirigeant ses propos vers Alain Castagner, préfet de la MRC du Haut-Saint-Laurent et la députée néo-démocrate Anne Quach, tous deux présents dans l’assistance.

Il a dit défendre les cotons, ces gens souvent laissés pour compte. À l’hôtel Plaza, qui abritait à l’époque la Montreal Cotton, sa vision trouvait un nouveau sens. «Touche pas à mon coton. Il y a une trentaine d’insectes qui s’en nourrissent.»

Quelques statistiques sur les insectes

45 % de ce qui vit est un insecte

On dénombre 160 000 papillons

85 000 mouches

110 000 abeilles, guêpes et fourmis

500 000 coléoptères et scarabées

Par Éric Tremblay