Réflexions sur la santé et l’éducation en démocratie

La racine du mot démocratie vient de «démos», le peuple, et de «kratos», le pouvoir. En clair, «le pouvoir du peuple». La démocratie nous vient de l’antiquité plus précisément de chez les Grecs. Elle dura environ de 600 à 400 ans avant J.C. Cette première démocratie disparue faisant place à une oligarchie. Il aura fallu attendre la Révolution française de 1789 pour qu’elle réapparaisse. On arrive à environ seulement 500 ans d’existence à la démocratie. 500 ans au vu de l’histoire c’est peu. Son histoire à travers les siècles fut pour le moins une rareté.

L’antonyme de démocratie est «tyrannie». C’est le pouvoir entre les mains d’un seul individu ou d’un petit groupe d’individus. La tyrannie donne à celui qui la contrôle la capacité d’influer sur la façon de vivre et surtout de penser. On y forge les hommes dans un moule limité. Ce qui fragilise une société démocratique, c’est l’ignorance et la peur. L’acceptation de la dominance est comme un glissement paresseux comme ça devait se passer au temps des cavernes. Genre s’occuper de son propre estomac le mieux possible et laisser le plus fort manger la moitié du mammouth. Il y a chez l’individu une aisance à se désengager et faciliter son existence en se laissant conduire. On lui donnera pour ça une vision de lui-même centriste. La peur, elle, tout aussi efficace que primitive permet de soumettre facilement.

         La démocratie et la tyrannie sont des vases communicants, le dosage entre les deux influe sur les choix sociaux fait par des hommes pour des hommes. Une société démocratique fait le pari d’aspirer à l’égalité des chances pour tous les «citoyens». Un besoin d’exister dans un environnement social favorisant une identité personnelle en harmonie avec le troupeau. Une saine démocratie permet d’éviter les conflits violents à l’intérieur d’une société donnée. Elle peut exister seulement si ses citoyens remplissent leur rôle démocratique premier, voter. Si un groupe donné se rend toujours davantage aux urnes, cette classe sociale risque d’avoir le pouvoir plus souvent. Parmi les ingrédients nécessaires pour qu’il y ait une  démocratie plus vivante, il y a cette nécessité de soutenir sans cesse de façon factuelle et publique les principes de la chose.

         Santé et éducation

         Le coût de la santé au Québec n’a jamais cessé de croître. C’est  sûrement le meilleur vecteur électoral. La grosse machine scientifique qui nous soigne dont on ne veut pas perdre les services reste un mystère insoluble. On n’a pas encore trouvé de quelle manière résoudre l’énigme. Personne n’a encore trouvé  la recette. On cherche toujours…

         La qualité de la santé et de l’éducation dans une entité sociale dépend des choix politiques qu’on vote. Ces deux pièces maîtresses à la base de notre sécurité physique et de l’accès au savoir font de nous ce que nous sommes. On peut se lasser d’entendre dans la bouche de trop de monde que dans la vie il n’y a rien de plus important que les enfants.

         Ça finit par devenir une plate marotte qu’on répète et qui se vide toujours un peu plus de son sens. L’éducation publique au Québec n’a pas eu un poids sérieux dans l’équilibre des budgets ces derniers temps. Faire des coupures graduelles en éducation s’endure plus facilement que le nombre de minutes d’attente de trop dans une urgence d’hôpital, moins dur pour les épaules. Seule la jeunesse et ceux qui y travaillent tous les jours connaissent la réalité de nos écoles. Il est facile de couper à tous les niveaux en éducation, de la garderie à l’université sans risquer de perdre les élections. Faire ce choix entraîne nécessairement une baisse significative du niveau de qualité de la communication sociale. Ça peut durer toute une génération ou deux ou trois… Il est alors difficile de garder en bonne «santé» la démocratie. Nous ne devrions pas avoir à choisir d’en financer un mieux que l’autre. Les deux sont à la base de la qualité de notre milieu de vie et de son avenir.

         La santé et l’éducation sont aussi des vases communicants… Une meilleure présence des gens de la santé dans nos écoles apporterait à nos enfants une sensibilisation directe et un meilleur support. On y apprendrait mieux la nécessité d’une bonne santé physique et mentale. Et aussi, pourquoi pas, les conséquences de la malnutrition ou de la maltraitance dans les apprentissages. «Si les enfants sont ce qu’il y a de plus important dans la vie», on aurait intérêt à essayer de prévenir ce qui s’en vient.

         Il y a des pays surtout scandinaves où on réussit à avoir un équilibre entre la santé et l’éducation bien différent d’ici. On y choisit de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que l’école soit le passage incontournable menant l’individu à participer à la société de façon informée et responsable. Ils réussissent tout autant à donner à la population un niveau de soins médicaux satisfaisant sans heurt. C’est possible, il y en a d’autres qui le font. C’est vrai que ce sont des peuples politiquement libres qui n’attendent pas la péréquation. Une population éduquée est moins malade qu’une population où l’analphabétisme est une plaie. L’éducation et la santé sont liées. Les deux entités doivent collaborer.

         Si on se donne un pharaon au ministère de la Santé et une poupée russe à l’éducation, on peut être assuré que l’équilibre des ressources entre les deux ministères  sera inégal. Une mauvaise gestion à la santé et à l’éducation dans un pays fortuné est pour le moins décevante et questionnable.

René Boucher