Les médecins de famille d’ici réagissent
Les médecins de famille des Bois-Francs ont été d’abord surpris puis choqués et, pour beaucoup, finalement démoralisés devant les charges politiques dont nous sommes la cible. Nos médecins ont de tout temps travaillé très fort pour maintenir les services essentiels que nous leur demandons : urgence, patients admis à l’hôpital, obstétrique, pouponnière, soins palliatifs, centres de soins de longue durée, soins à domicile, psychiatrie, et autres.
Les tâches administratives se sont alourdies pour la préparation de protocoles, l’intégration d’infirmières, la qualité des soins, la formation des stagiaires en médecine, etc. La clientèle vieillit, les maladies chroniques sont plus nombreuses, les traitements plus complexes. L’accès aux spécialistes est souvent difficile si le cas n’est pas urgent. Le temps passé avec nos dossiers pour la gestion des résultats et la complétion de notes n’a jamais été aussi long.
C’est dans cette réalité que nous devons organiser notre horaire de bureau : lorsque les tâches obligatoires et essentielles sont comblées (pour la plupart des plus jeunes c’est 7 jours d’hospitalisation consécutifs, une semaine sur quatre, 10 heures par jour, en plus des appels de soir, de nuit et des déplacements d’urgence), il faut placer les cliniques de semi-urgence, les réunions administratives et de formation. Donc le temps qui reste sert pour 1100 patients en moyenne (pour les plus vieux, c’est jusqu’à 2300 patients).
Nous sommes dans les plus vieux groupes de médecine de famille au Québec. Cette entente avec le gouvernement sert à fournir de l’aide aux cliniques et à notre clientèle pour certains services tels infirmière clinicienne pour l’enseignement des maladies chroniques, aide à l’informatisation, lien avec les centres de santé. Dans notre région nous avons toujours voulu créer une entité concertée d’une dizaine de cliniques du territoire afin de partager les efforts administratifs, la planification du travail des infirmières et les efforts en heures défavorables plutôt que de former des GMF indépendants. Nous ne voulions pas laisser les médecins travaillant seuls en plan.
L’offre de service des GMF est négociée avec l’agence de santé, le département régional de médecine générale, le ministère et le comité paritaire à Québec. L’offre tient compte de notre réalité locale, entre autres, notre participation dans les tâches prioritaires comme l’hôpital. Nous en sommes à notre quatrième accréditation. Lors de la troisième, il y a trois ans, nous avons offert avec fierté un nouveau service de mini-urgence la fin de semaine ouvrant ses portes à toute la population (pas seulement à nos patients inscrits en GMF). Comme nous avons 10 sites pour 4 GMF et un grand territoire, nous nous sommes entendus pour louer un local à proximité de l’hôpital. Par contre, une fois par mois le service se donne à Plessisville. De plus, tous les soirs de la semaine, au moins quatre cliniques sont ouvertes soit une par GMF. Nous avons toujours respecté l’entente signée et approuvée par le ministère.
Nos GMF sont en processus de réaccréditation depuis quelques mois déjà. En décembre, nous avons fait une offre qui comprenait une augmentation du double des heures de sans rendez-vous la fin de semaine. Nous attendons encore une réponse du ministère et espérons qu’on nous permettra de maintenir nos services à la population. Nous ne faisons pas partie des GMF qui ont eu un avertissement du ministère concernant les cibles d’inscription ou les heures d’ouverture. Il n’y a pas eu jusqu’à présent de menaces de dissoudre le GMF. Nous laissons ça au ministre.
Voilà donc ce qui explique notre étonnement devant cette sortie publique et politique dans le contexte d’un projet de loi 20 qui met une pression énorme sur tous les médecins du territoire : plus de patients, pénalités si la clientèle consulte à l’urgence, jusqu’à 25 ans de service obligatoire en établissement et 35 ans en cabinet, plus de jours travaillés etc.. Nous ne commenterons pas notre intention si l’accréditation de nos GMF est refusée, nous préférons attendre les voies officielles habituelles et nous déciderons de notre avenir comme nous l’avons toujours fait soit en collaboration harmonieuse entre nos médecins, le centre de santé, l’agence et le ministère.
Louis Auger, médecin responsable du GMF des Bois-Francs 4, médecin coordonnateur des 4 GMF, vice-président du département régional de médecine de famille (à l’agence de santé)
Pierre-Hugues Blanchard, médecin responsable du GMF des Bois-Francs 1
Sylvain Labbé, médecin responsable du GMF des Bois-Francs 2 et président de l’association des médecins omnipraticiens des Bois-Francs (instance syndicale)
Pierre Belle-Isle, médecin responsable du GMF des Bois-Francs 3