Alexandre Daigle, un vrai champion!

J’ai eu la chance de voir évoluer Alexandre Daigle en tant que voisin, mais surtout en tant qu’ami. Je me souviens avoir parcouru d’innombrables arénas partout au Québec à bord de l’increvable Jetta diesel de son père Jean-Yves.

Du niveau Pee-wee jusqu’à la grande ligue, j’ai ainsi pu vivre à travers lui l’ultime rêve de beaucoup de jeunes Québécois. J’ai, par ailleurs, eu la chance de faire brièvement la connaissance de plusieurs autres étoiles montantes du hockey que ce soit Éric Dazé repêché par les Blackhawks en 1993; un grand gaillard ayant grandi de 4 pouces en un été à la fin de son Bantam ou encore Jocelyn Thibault repêché en 1993 par les Nordiques au premier tour; un parfait gentleman ayant joué également avec Alexandre dans le Midget 3A.

Tout cela pour dire qu’au Québec, au début des années 90, il y avait beaucoup de talent sur la planète hockey. Alexandre n’était alors qu’un espoir parmi d’autres. À chaque niveau, il aurait pu être recalé, à chaque match il aurait pu se blesser. De même, je me souviens très clairement

de toutes les joutes politiques auxquelles il a dû faire face pendant ses jeunes années de hockeyeur. L’enjeu le plus important fut sans doute celui du temps de glace. Lorsqu’on a du talent, ça dérange… surtout lorsque les pères qui s’impliquent dans le hockey le font spécifiquement pour faire jouer davantage leur propre enfant. Ce n’est donc pas sans heurts

qu’Alexandre se tailla une place au sommet de son sport.

Ainsi en 1991, Alexandre fut repêché au premier rang dans la Ligue junior majeure du Québec. Sélectionné par les Tigres de Victoriaville, il dut alors quitter ses parents à 16 ans; un âge où beaucoup de jeunes s’écartent souvent du chemin qui mène au succès. Encore une fois,

Alexandre répondit avec force à son destin en alignant deux belles saisons remplies de rebondissements. En outre, j’étais présent le soir ou Alexandre a frappé un joueur accidentellement par-derrière à Drummondville, le laissant inerte sur la patinoire. Il fallait, sans

doute, être là pour le croire, mais ce soir-là les spectateurs en colère ont lancé une poubelle en feu sur la glace. Suivant une longue controverse médiatisée liée à cet évènement malheureux, Alexandre fut suspendu quelques matchs. Rétrospectivement, en tant que jeune adulte, je

pense que cet évènement malheureux constitua une forme de préparation, quoique brutale, à toute l’attention médiatique à laquelle il aurait à faire face, une fois réclamé au premier rang du repêchage de la LNH en 1993 par les Sénateurs d’Ottawa.

Fort d’une carrière de 616 matchs qui l’aura mené dans diverses équipes: Les Sénateurs, les Flyers, le Lightning, les Rangers, les Pingouins et le Wild. Il a pu ainsi jouer en compagnie des plus grands joueurs du monde tels que Mario Lemieux ou Éric Lindros pour ne nommer que

ceux-là. Du reste et sans aucun doute, sa plus belle saison fut celle de 2003-2004. En effet, lors de l’été 2003, sans contrat en poche qu’il se présenta au camp d’entraînement du Wild du Minnesota. Croyez-le ou non, c’est en tant que premier pointeur qu’il finit cette saison avec un

total de 51 points. Après la saison 2005-2006 Alexandre a continué sa carrière en Europe, gagnant au passage la coupe Spengler, un trophée plus qu’honorable.

En somme, bien que conspué par plusieurs pour ses propos hors glace ou encore pour ses statistiques jugées décevantes par certains, Alexandre devrait mériter, selon moi, beaucoup plus de reconnaissance considérant tous les accomplissements qui ont jalonné sa carrière.

Au repêchage de 1993, nous attendions peut-être, comme tous bons catholiques, un autre sauveur possédant l’envergure de Mario Lemieux? Malheureusement, à ce que je sache, 25 ans plus tard, il y en a toujours pas eu d’autres!

Pour moi, il n’y a pas de doute, le parcours d’Alexandre fut celui d’un réel champion n’en déplaise à ses détracteurs.

P-S. Un gros bravo! à toute l’organisation des Tigres de Victoriaville qui, dans le but d’honorer sa contribution à la Ligue junior majeur du Québec, a retiré le numéro 91 vendredi dernier.

Denis Lambert de Laval