À la défense du cavalier urbain

Les démêlés de Jean Roy et de son cheval avec la Ville et la SPAA défrayent la chronique dans La Nouvelle Union. Ce n’est pas normal : un véhicule hippomobile ne devrait pas être harcelé à ce point alors que d’innombrables autres qui produisent beaucoup plus de dommages restent impunis.

Par exemple, à peu près tous les rassemblements publics se font aujourd’hui avec des puissants systèmes d’amplifications. J’ai déjà vu des parents passer avec la poussette de leur jeune enfant devant l’énorme haut-parleur au moment où celui-ci s’est mis à cracher des décibels excédentaires. Le bambin a non seulement été terrorisé : vu son âge, il a subi des dommages à ses fragiles tympans, une lésion importante qui va le handicaper irréversiblement le reste de ses jours. Avant de s’attaquer à Roy et à son animal, la Ville doit prendre les précautions pour que de tels accidents ne se produisent pas.

Autre cas : pour supporter les Félins à l’aréna, fréquenter certaines discothèques, etc. La Ville devrait rendre obligatoire le port de bouchons dans les oreilles : le bruit y est en effet plus élevé que sur les chantiers et dans les usines où l’omission de cette mention constitue une infraction grave qui peut aller jusqu’à des accusations criminelles.

Puisque la protection des enfants semble tant intéresser la Ville dans le cas de M. Roy, elle devrait aussi s’occuper d’urgence de ces parents qui, avec inconscience, se rendent à l’aréna avec des poupons en bas âge. Les gestionnaires de l’établissement et les élus doivent savoir que, faute d’avoir pris les mesures appropriées, ces enfants ressortent des quelques heures que dure le match avec des lésions irréversibles. Dire que cet aréna est commandité par un organisme dont la vocation sociale se prétend bien établie! La Caisse populaire!

Véhicule pour véhicule, il y en a d’autrement plus dérangeants et préjudiciables que l’animal de M. Roy. Lorsque, en zone résidentielle, un camion fait marcher ses freins Jacob ou son klaxon d’urgence à air comprimé, lorsqu’une seule moto au silencieux bruyant (sic!) ou pire qu’une escadre passe, d’innombrables personnes sont plus qu’incommodées : le bruit excessif provoque toujours des lésions plus ou moins légères qui deviennent cumulativement graves.

C’est surtout vrai la nuit pour les personnes sensibles comme les gens âgés, les malades et les convalescents, les femmes qui viennent d’avoir des enfants, enfin tous les individus au sommeil léger. La Ville a le devoir de s’occuper de leur bien-être et de leur sécurité avec le même zèle qu’elle prétend protéger la population contre le cavalier et son cheval. C’est loin, très loin d’être le cas. C’est dommages réels, les élus n’en ont même pas conscience! Ils préfèrent le haro sur le quadrupède isolé.

L’option serait elle-même de remercier et d’encourager Jean Roy et son paisible animal de venir projeter l’image de la sérénité campagnarde en pleine ville. On est loin.

Joseph A. Soltész