L’abandon d’Apple CarPlay par GM inquiète plusieurs concessionnaires

•    Des concessionnaires GM s’inquiètent de l’abandon des applications Apple CarPlay et Android Auto par la compagnie dès 2024.

Il y a quelques mois General Motors y allait d’une véritable bombe en annonçant qu’à compter de 2024, elle allait cesser d’offrir la compatibilité avec les applications Apple CarPlay et Android Auto.

Sa solution de rechange ? Un système intégré de Google offrant une foule d’applications, dont Spotify et Google Maps, bien sûr. Le système va faire ses débuts avec le Chevrolet Blazer EV 2024.

C’est un pari risqué. Dès l’annonce, on a entendu des voix s’élever. Deux mois plus tard, d’autres voix s’élèvent pour manifester leur inquiétude, cette fois du côté des concessionnaires. Pour vendre des véhicules, ça prend le plus grand nombre d’arguments possible. Or, avec la perte de ces applications, il devient plus difficile de convaincre certains acheteurs.

L'interface Apple CarPlay dans une Chevrolet Cruze

Selon plusieurs sondages, la majorité des gens aiment utiliser une application comme Apple CarPlay ou Android Auto lorsqu’ils conduisent.

Lors de la conférence WWDC (conférence mondiale des développeurs d’Apple) de 2022, Apple déclarait que CarPlay était offert avec 98 % des nouveaux véhicules neufs vendus et que 79 % des acheteurs souhaitaient que leur prochain véhicule soit compatible avec CarPlay. De son côté, le magazine Consumer Reports constatait lors d’une enquête récente que 57 % des personnes interrogées étaient « très satisfaites » de CarPlay, contre 50 % pour le système intégré du constructeur.

Dans ce contexte, on peut comprendre que les concessionnaires GM sont très inquiets. Plusieurs d’entre eux ont déclaré au quotidien Detroit Free Press qu’ils craignaient que les nouveaux acheteurs se tournent vers des concurrents qui prévoient proposer CarPlay indéfiniment.

« CarPlay fonctionne bien. Pourquoi l’abandonner ? », a déclaré au journal une source bien informée et près de plusieurs concessionnaires GM. « Le risque d’échec est très élevé.

« Si nous retirons cette fonction de nos véhicules, nous devons répondre par un programme et une offre client tout aussi convaincants, voire plus », déclarait Paul Jacobson, le directeur financier de GM, à Yahoo Finance au début de l’année. « Nous pensons qu’avec notre partenariat avec Google et, en fin de compte, avec les données que nous possédons sur les véhicules, nous pouvons créer une expérience que les clients vont adorer. »

L'interface Android Auto de Google

Karl Brauer, un analyste chevronné au sein du groupe iseecars.com, comprend pourquoi GM a pris la décision d’abandonner CarPlay, mais il estime que cette décision pourrait s’avérer coûteuse. Selon lui, la décision est motivée par l’appât du gain, généré par des revenus supplémentaires grâce à des abonnements mensuels. Il explique que si GM croit que le système de Google sera supérieur à celui d’Apple, pourquoi ne pas continuer à offrir les deux. Si celui de Google est supérieur, les gens l’adopteront, tout simplement. 

GM n’aurait pas l’intention d’agir ainsi et de laisser le choix à l’utilisateur.

Le risque est bien réel. Les analystes s’entendent ; GM cherche à amasser des données qui lui sont propres pour mieux comprendre les habitudes de ses consommateurs, mais aussi pour augmenter ses marges bénéficiaires. La compagnie déclarait au printemps dernier qu’elle souhaitait atteindre des marges de 20 % sur les « nouvelles activités » d’ici à 2030. On parle ici de nouvelles façons de générer des revenus, dont les abonnements à des services qui seraient offerts avec la nouvelle interface multimédia. 

Un représentant de la compagnie nous confiait, lors d’une récente visite à Detroit, que plusieurs services seraient offerts gratuitement pour une période donnée (trois ans), mais que par la suite, il appartiendrait aux propriétaires de s’abonner aux services qu’il désire. 

Tesla propose des services d’abonnements, Ford cherche à faire de même et l’on a vu BMW y aller d’options payantes par abonnement, comme pour des sièges chauffants. 

Chez Ford cependant, le chef de la direction, Jim Farley, a mentionné qu’il ne se débarrasserait pas de l’application Apple CarPlay, rappelant que 70 % des clients de Ford aux États-Unis sont aussi des clients Apple. Pourquoi cesser de leur offrir un service qu’ils aiment ? « Ça ne semble pas très centré sur le client, et Apple fait du très bon travail », a-t-il précisé.

Le mot de la fin appartient à Karl Brauer d’iseecars.com. Il explique que lorsque les consommateurs ne voient immédiatement la valeur d’un abonnement, ou le fait de devoir payer quelque chose qui était auparavant gratuit, l’image de l’entreprise qui exige des frais en prend pour son rhume. 

C’est à ce titre que GM joue gros, comme toutes les autres entreprises qui vont user d’une stratégie similaire. 

Contenu original de auto123.