Une zone d’exception

Les démarches de l’enseignante Yolaine Rousseau afin de protéger les asclépiades du terrain vague situé à l’angle du boulevard Labbé et de la rue De Bigarré ont convaincu la Ville de Victoriaville qui vient d’en faire une «zone de biodiversité».

Un panneau illustré d’un monarque a été installé bien à la vue expliquant que les asclépiades qui se trouvent sur ce terrain sont indispensables au cycle de vie de ce papillon menacé de disparaître.

En juillet, Mme Rousseau ayant constaté que des centaines d’asclépiades poussaient sur ce terrain et que s’y trouvaient des chenilles de papillon monarque avaient communiqué avec la Ville et avec Jacques Martel, propriétaire du terrain.

Mme Rousseau savait que la Ville finirait par obliger le propriétaire à faucher le terrain, menaçant ainsi l’habitat de la chenille du monarque. Cette dernière se loge à même un plant d’asclépiade et se nourrit d’un bout de feuille.

La Ville de Victoriaville s’était déjà montrée sensible à la requête de la citoyenne et, avec l’autorisation du propriétaire, a finalement institué son terrain «Zone de biodiversité», y fichant un placard.

«C’est une façon d’expliquer pourquoi ce terrain n’est pas fauché et d’informer la population sur l’importance des asclépiades», explique la coordonnatrice du service de l’environnement de la Ville, Carline Ghazal. Elle ne cache pas que la Ville fait exception à son règlement sur la coupe des herbes et qu’elle devrait le faire appliquer si une plainte était déposée.

Elle ajoute que cette mesure ne «bloque» aucunement les projets d’occupation que le propriétaire pourrait développer sur son terrain.

C’est la première fois que la Ville se sert d’un terrain privé pour sensibiliser le public à la biodiversité. Dans plusieurs de ses sites, comme Terre-des-Jeunes, le mont Arthabaska, l’Érablium de la Place Sainte-Victoire, la Ville installe des panneaux explicatifs, identifie plantes ou arbres.

D’autres devraient faire leur apparition sur l’avenue du Parc au bord de la Nicolet ou encore au boisé Stein, remarquable par la présence de ses noyers noirs.

Sur son compte Facebook, Yolaine Rousseau a remercié la Ville ainsi que Jacques Martel et sa conjointe Émeraude Morency d’avoir accepté que le terrain serve de moyen de sensibilisation.

Elle a tracé le bilan de ses observations estivales sur le terrain, ayant vu six chenilles et sept papillons. Lors de l’entrevue qu’elle avait accordée à La Nouvelle Union en juillet dernier (http://bit.ly/2hOgq0Q) elle avait dressé la liste des prédateurs de la chenille. Aux oiseaux, souris et écureuils, elle aurait pu ajouter un petit bonhomme de 8 ans. Le garçon savait que la chenille était celle d’un papillon monarque, mais ne savait pas qu’en l’apportant chez lui où l’asclépiade était absente, il la condamnait. Yolaine Rousseau le lui a enseigné.