Une serre verticale pour approvisionner des RPA

Des résidences privées pour personnes âgées autosuffisantes en fraises, mûres, piments, salades et haricots? « Pourquoi pas! », s’est dit Louis-Philippe Séguin des Résidences Aurores Boréales, groupe qui gère la résidence des Jardins les Becquets, à Saint-Pierre–les-Becquets.

C’est d’ailleurs dans cette municipalité de la MRC de Bécancour qu’il compte jeter les bases de de ce vaste projet. Il prévoit construire une serre verticale sur un terrain situé à proximité de la résidence.

L’échéancier n’est toutefois pas encore établi même si le projet est dans l’air depuis trois ans. Plein de facteurs expliquent la situation, regrette M. Séguin, qui espère cependant pouvoir aller de l’avant lorsque l’état d’urgence sanitaire en vigueur depuis le 13 mars 2020 sera levé.

« Quel chemin de croix [pour les propriétaires de résidences pour aînés], ces deux dernières années!, laisse tomber d’entrée de jeu M. Séguin. Les opérations ont demandé tellement [d’énergie]. »

Plusieurs coups durs ont dû être essuyés, fait-il valoir pour expliquer le report du projet de serre. Il cite en exemples l’approvisionnement rendu difficile en raison de la pandémie (« L’an dernier, j’ai manqué de lait parce que mon fournisseur n’avait plus de rouleaux de plastique pour l’ensacher »), la pénurie de main-d’œuvre (« Le ministère de la Santé a invité le personnel à revenir dans le réseau de la santé avec des incitatifs. J’ai des gens qui ont quitté, alors j’ai dû me réorganiser »), les mesures sanitaires à appliquer et la détresse des gens (« À un moment donné, les résidences ont été transformées en hôpitaux de campagne »).

« Plein d’événements comme ça sont survenus. Ce n’est pas simple », exprime-t-il.

Lorsque la crise se résorbera, le projet pourra voir le jour. Le montage financier est réglé. Monsieur Séguin parle d’un investissement de 3 M $, comprenant un soutien de la Financière agricole.

« L’objectif est d’implanter dans la serre un système à la fine pointe. Attention, ça ne veut pas dire qu’il y aura des robots qui se promèneront à l’intérieur. Ce sera des cultures aéroponiques en étage (six étages, probablement) », explique M. Séguin. Cela signifie que les racines des plants seront suspendues. « Leur arrosage se fera par vaporisation. L’eau sera enrichie de nutriments et recyclée. »

Des lumières LED changeant de couleur par cycle de 24 h permettront en outre d’optimiser la croissance des plants, ajoute le promoteur. « La serre sera alimentée par le réseau électrique d’Hydro-Québec. Normalement, il devrait y avoir au maximum six employés une fois la construction réalisée. »

Le projet devrait être d’une ampleur suffisante pour approvisionner à longueur d’année les résidences du groupe Aurores Boréales en ce qui concerne certaines catégories de fruits et de légumes : fraises, mûres, piments, trois types de salades et fèves. « Ça va remplacer ce qu’on achète. L’excédent sera vendu sur les marchés locaux ou à d’autres résidences. Si le modèle fonctionne, on grossira. »

Pour le moment, le groupe Résidences Aurores Boréales gère deux résidences qui hébergent, en tout, près de 200 personnes. Ces résidences sont situées à Saint-Pierre–les-Becquets, tel que mentionné ci-haut, et à Sainte-Croix-de-Lotbinière. Deux autres devraient s’ajouter à son parc immobilier dans un proche avenir.

« On voit bien, en situation de crise, à quel point c’est important d’acheter local, de faire les choses nous-mêmes, de devenir indépendants », martèle M. Séguin. « Tant mieux si on peut éviter d’acheter, pendant l’hiver, des fraises grosses comme des poings qui viennent de Chine ou de Californie. »