Une famille témoigne des bons soins d’un CHSLD

Les histoires d’horreur vécues dans les centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD), on en entend depuis fort longtemps. C’est un peu pourquoi Marie-Claude Bergeron-Morin, elle-même infirmière, a ressenti des craintes, lorsque sa mère, atteinte d’Alzheimer, a dû entrer au Roseau, il y a 14 mois. À la suite du décès de cette dernière, sa fille désirait transmettre un message : Suzan Bergeron y a reçu de très bons soins.

Suzan Bergeron n’avait que 64 ans, le 12 novembre, lorsqu’elle a rendu son dernier souffle. Depuis 10 ans, elle avait dû apprendre à vivre avec l’Alzheimer, jusqu’à l’irrémédiable déménagement en CHSLD. Marie-Claude Bergeron-Morin s’attable avec Réjean Rheault, conjoint des 28 dernières années de sa mère. Tous deux viennent de perdre cet être cher. Toutefois, ils constatent la bienveillance qui a régné lors des derniers moments de Suzan Bergeron, loin du tableau inhumain du milieu hospitalier trop souvent dépeint.

Tout a commencé il y a une dizaine d’années, raconte M. Rheault. Sa conjointe a d’abord des problèmes d’élocution, elle comprend moins bien ce qui lui est dit. Au départ, les spécialistes suspectent une aphasie primaire progressive. Un neurologue diagnostiquera une forme de la maladie d’Alzheimer qui touche particulièrement le langage.

Suzan Bergeron a passé les 14 derniers mois de sa vie au Roseau, à Victoriaville. (Photo lanouvelle.net)

En septembre 2017, Mme Bergeron doit quitter son domicile pour aller vivre en CHSLD. Une «grosse étape» pour les siens, qui subissent un premier deuil : «de ne plus l’avoir à la maison, pour Noël, pour son anniversaire», exemplifie M. Rheault.

L’inquiétude taraude Marie-Claude Bergeron-Morin. «C’est inquiétant de laisser son proche dans un CHSLD, avec tout ce que l’on entend», indique-t-elle. En dépit du fait qu’elle avait déjà été préposée en CHSLD pendant plusieurs années, à la faveur de ses études en soins infirmiers, les doutes persistent. «Je sais comment c’est difficile et la charge de travail est grande», note-t-elle au sujet du personnel en place dans ce type d’institution. Mais la famille ne trouve pas d’autres options. Même si elle préfère une ressource intermédiaire, on les a avisés que la maladie évolue très vite et qu’il faudra la déménager rapidement. «Au début je me dis : hein? en CHSLD, ça m’a fait un choc», se souvient Marie-Claude. Après coup, elle réalise que c’était le choix à faire et que sa famille a été bien orientée.

Avoir su

Lors de son passage au Roseau, Suzan Bergeron a logé au troisième étage et a conservé la même chambre. Sa fille et son conjoint s’accordent pour constater que la nourriture était bonne, les repas diversifiés et que la résidente n’a jamais manqué de rien. Puisqu’il y a trois quarts de travail par jour et que chaque préposé s’occupe d’au moins cinq patients, estiment-ils, ils jugent que les traitements sont personnalisés et que les employés prennent le temps d’exécuter leurs tâches, par exemple les soins d’hygiène, dans le respect, sur demande et sans délai. M. Rheault soulève également que cette observation s’applique aux ressources permanentes comme aux stagiaires qui ont croisé leur route.

Le suivi auprès des proches de Mme Bergeron a été exercé selon les règles de l’art. «S’il y avait quelque chose qui n’allait pas bien, on était pas mal toujours au courant», note sa fille. À ce sujet, Réjean Rheault rapporte une chute de sa conjointe dont il a été aussitôt informé, de l’événement comme des actes médicaux prodigués. Il fait aussi état de rencontres avec l’infirmière en chef et d’autres chefs de service pour leur rapporter l’évolution de la maladie de sa conjointe.

Marie-Claude se souvient des appels téléphoniques quotidiens, au début, afin de confirmer que tout se passait bien. Déjà, la facilité de contacter sa mère et le fait de constater, lors de chaque visite, qu’elle profitait d’une assistance de qualité, ont rassuré la famille tout en lui permettant de traverser sereinement cette épreuve. Ils ont en outre découvert le comité de résidents et des bénévoles qui sortent les patients dans le but de participer à des activités hebdomadaires. «On voit que les bénévoles aiment les bénéficiaires et s’en occupent», témoigne Réjean Rheault. Les rendez-vous chez la coiffeuse s’inscrivent aussi à la liste des petites attentions reçues dans ces moments de fragilité.

Enfin, le message de Mme Bergeron-Morin se résume ainsi : «quand on a appris qu’elle s’en allait là, on a vécu beaucoup d’inquiétude, mais avoir su qu’elle y aurait été aussi bien, ça aurait été un stress de moins». Les derniers jours de la vie de Suzan Bergeron, plus pénibles, ont aussi été empreints de petites attentions portées par les gens du CHSLD. Tandis qu’elle a reçu l’onction des malades, sa famille a pu se recueillir, allumer quelques chandelles et vivre humainement ses ultimes instants.