Une crise salutaire pour Mon Marché Victoriaville

Si pour plusieurs, la crise engendrée par le coronavirus a des répercussions négatives, pour Mon Marché Victoriaville il en résulte une augmentation des ventes. En effet, la population est de plus en plus attirée vers l’achat local, qui est à la base de cette organisation à but non lucratif.

En plus, avec sa façon de faire, axée sur la commande en ligne et la livraison (ou la cueillette en magasin), c’est un moyen parfait, en ces temps de confinement, pour se procurer des produits régionaux de qualité. Une situation qui ne fait que des gagnants : les consommateurs ont accès facilement et en toute sécurité à des produits locaux et les producteurs qui peuvent vendre ce qu’ils produisent à proximité.

Créé en 2009, Mon Marché Victoriaville portait alors le nom de Marché de solidarité régionale de Victoriaville, issu d’un mouvement né en 2008 à Sherbrooke. «Il permettait à plein de producteurs et transformateurs de la région d’être regroupés et d’avoir une vitrine», rappelle l’actuel coordonnateur de Mon Marché, Charles Marceau-Cotton. Le fonctionnement était le même qu’actuellement, soit une période de commande, un temps de prémontage puis une cueillette ou livraison. Mais la vente en ligne, à cette époque, était très novatrice et c’est peut-être ce qui a amené un déclin de la première mouture du marché. Il fallait une discipline pour commander chaque semaine, sans pouvoir toucher et voir les produits. La clientèle n’était peut-être pas tout à fait prête.

Tout cela est maintenant bien acquis par les consommateurs et Mon Marché Victoriaville a le vent dans les voiles. Surtout depuis son déménagement, en septembre 2019, dans l’ancien pavillon agricole du Cégep de Victoriaville (460, boulevard Jutras Est). Ayant doublé sa superficie, le marché y propose la cueillette des commandes, mais aussi de la vente au détail. «Nous gardons un inventaire de ce qui fonctionne le mieux», explique Charles Marceau-Cotton. En effet, ce ne sont pas tous les produits disponibles en ligne qui peuvent être achetés sur place, mais une bonne gamme.

«Actuellement, on encourage la vente en ligne. Pour  cela, nous avons ouvert la livraison dans toute la MRC d’Arthabaska alors qu’auparavant, elle n’était disponible que sur le territoire de Victoriaville. Mais les trois quarts des clients viennent encore chercher leur commande», souligne-t-il. Après tout, ce qui fait une partie du charme du concept, c’est la proximité entre les producteurs et les clients.

La livraison a toutefois trouvé de nouveaux adeptes en cette période où on tente d’éviter le plus possible les déplacements. En effet, de trois à cinq livraisons hebdomadaires, on en dénombre maintenant entre 75 et 100. «Les chiffres ont augmenté de façon exponentielle et nous recevons entre 25 et 50 nouvelles inscriptions par semaine depuis la mi-mars», affirme le coordonnateur.

Avec trois fois plus de commandes en ligne, des ventes globales quatre fois plus élevées, on peut dire que la crise est salutaire et non sanitaire pour Mon Marché Victoriaville. «Ça aura pris ça pour réveiller les gens à l’importance de la consommation locale», dit-il encore.

Un concept simple, efficace et environnemental

Il est facile de faire ses emplettes dans le confort de son foyer avec Mon Marché Victoriaville. Sur le site Internet, il suffit, pour s’inscrire, de donner quelques informations de base et créer un mot de passe.

Ensuite, on passe sa commande, en ayant le choix parmi plus de 1100 produits de 75 producteurs différents (certains sont saisonniers), installés dans un rayon maximum de 125 km de Victoriaville, entre le vendredi midi et le lundi soir (23 h). L’équipe en place prépare ensuite les commandes qu’on peut récupérer les vendredis (9 h 30 à 19 h) et samedis (9 h 30 à 15 h). «Il a fallu réduire les heures d’ouverture à cause de l’augmentation des commandes», ajoute le coordonnateur. Ainsi, pour le moment, l’organisme en reste à deux journées d’ouverture plutôt que les quatre habituelles.

«Nous n’acceptons pas n’importe quel producteur. Nous voulons des aliments de qualité issus de producteurs éthiques ou bio. Quant à la transformation, nous privilégions les produits qui ont le moins d’ingrédients possible», insiste Charles Marceau-Cotton.

Quant aux prix, ils sont réalistes si on considère la qualité de ce qui est proposé et le fait qu’il s’agit souvent de production à petite échelle. «Et la commande en ligne fait en sorte que ce qui est livré est déjà vendu. Cela évite les pertes», ajoute-t-il. Que ce soit de la viande, des mets préparés, de l’alcool, des pains, des fromages, des produits de soins corporels et bien d’autres, la variété est au rendez-vous. L’organisme soutient même la Sécurité alimentaire de Victoriaville pour laquelle les clients sont invités à faire des dons en argent par le site de commande. Ces dons permettront d’offrir des produits régionaux aux personnes dans le besoin.

L’adhérent type

Depuis la naissance de l’organisme, ce sont davantage les gens de 55 ans et plus, ainsi que les jeunes familles, qui forment la clientèle type. Mais depuis le début de la crise de la COVID-19, alors qu’on encourage véritablement l’achat local pour permettre à plusieurs de s’en sortir dans une période difficile, de plus jeunes clients se pointent le nez. «Il faudrait aller chercher les plus jeunes encore, mais j’ai confiance», soutient le coordonnateur. Déjà, depuis le déménagement en septembre dernier, plusieurs viennent découvrir l’endroit, achètent quelques produits sur place et en viennent à passer des commandes régulièrement.

Lorsqu’on demande à Charles Marceau-Cotton quel serait le point faible

de l’organisation, il répond tout simplement que c’est la saisonnalité. «Nous n’aurons jamais de bananes. Mais il s’agit d’une opportunité de valoriser ce qui se produit au Québec et d’apprendre à cuisiner selon les aliments de saison.

Et des projets

L’actuel emplacement de Mon Marché Victoriaville permettra une phase d’agrandissement. Des projets sont sur la table et la bonne santé de l’organisme pourrait bien les faire avancer plus rapidement.