Une chevelure en appui

Anaïs Bouchard, 13 ans, a accepté de faire raser sa belle et longue chevelure châtaine. C’est qu’elle fait partie de ce grand mouvement de solidarité lancé dans son école secondaire, Le boisé, et dans la région en soutien à Romain Giguère.

Anaïs ne connaît pas personnellement l’adolescent de 16 ans qui combat actuellement une récidive de la leucémie, après six ans de rémission, même s’il fréquente la même école qu’elle. En fait, en entrevue, accompagnée de sa maman Geneviève Fréchette (qui est aussi directrice adjointe à l’école secondaire) et de Rock Tourigny de Solidarité Jeunesse qui a organisé la campagne de financement, Anaïs a expliqué qu’elle avait, dans son entourage, des gens qui ont été (ou son encore) atteints de cancer. Il y a son papa, Jean-François, qui a succombé à cette maladie il y a de cela près de trois ans, tout comme la maman de celui-ci et sa grand-mère maternelle qui est toujours aux prises avec le cancer. Autant de raisons de sacrifier ses cheveux. «Ils sont beaux, mais des cheveux, ce n’est pas le point central de la vie», explique simplement la jeune fille qui est en secondaire 2 au programme danse-études. «Plus besoin de faire de toque bien serrée pour le ballet classique, du moins pour quelque temps», apprécie-t-elle.

En fait, Anaïs veut tout simplement, avec ce geste, faire du bien autour d’elle. Pour ce sacrifice capillaire, elle s’était fixé l’objectif de récolter un montant de 300 $ afin de le remettre à Romain et sa famille. Mais après quelques jours, son geste a marqué beaucoup de gens qui ont souhaité contribuer, si bien qu’elle a recueilli plus de 2060 $. «Anaïs démontre une belle sensibilité avec ce geste. On ne peut être contre ça», indique la maman qui, toutefois, aimait bien les cheveux longs de sa fille.

L’adolescente avait ce projet en tête déjà depuis quelque temps, mais songeait davantage à le réaliser vers la fin du secondaire. Mais l’histoire de Romain, qui aurait pu être son frère comme elle l’explique, a bousculé sa volonté. Sa maman Geneviève, qui a déjà offert ses cheveux pour le cancer, il y a quelques années, lui a expliqué comment ce serait froid une fois les cheveux partis, et les conséquences de son geste, mais cela n’a pas découragé l’adolescente. «Ça va repousser», dit-elle avec philosophie. Anaïs est même la seule fille de son groupe d’amies à oser se faire raser, ce qui n’a pas ébranlé sa volonté non plus.

Ainsi, le 14 décembre sur l’heure du dîner, elle est passée sous le «clipper» et perdu ses jolis cheveux qu’elle laissait pousser depuis des années. Ceux-ci ont été attachés et seront offerts pour réaliser des perruques. Un don de plus pour Anaïs.

En tout, ce sont deux journées, les 14 et 15 décembre, qui ont été réservées pour les rasages, ces derniers effectués, bien entendu, dans le respect des consignes sanitaires, dans l’auditorium de l’école. Tout s’est bien déroulé et Romain, pour qui tout ça a été réalisé, devait assister à l’activité en visioconférence lundi, mais il a dû se rendre à l’hôpital pour une procédure médicale. Tous les rasages de l’événement, animé par le professeur Sébastien Laurence, étaient toutefois enregistrés par vidéo spécialement pour Romain.

Un mouvement important

Anaïs n’est pas la seule qui s’est fait raser les cheveux. À son école, ils sont 67 à être passés sous le rasoir pour la cause. Beaucoup de gars, dont Rock Tourigny qui a aussi accepté de «sacrifier» ses boucles. Même que certains élèves devant participer au rasage à l’école ont dû procéder chez eux, avec les moyens du bord, étant confinés à la maison en raison de la COVID-19. Cela ne les a pas empêchés de faire leur part, comme promis.

Cela est également sans compter les autres initiatives dans d’autres écoles, dont Le tandem et l’école secondaire Monique-Proulx de Warwick. Même les députés provincial et fédéral ont fait part de la cause dans leur enceinte politique respective et contribué financièrement et «capillairement». Le maire de Victoriaville, André Bellavance, a fait de même.

Il faut dire que la maman de Romain, Julie Veilleux, est aussi bien connue du milieu, étant elle-même enseignante à l’école Le tandem. Cette difficile épreuve entraîne des coûts pour la famille et la campagne de financement facilitera un peu les choses. C’est qu’il lui a fallu cesser de travailler pour accompagner son fils et plusieurs dépenses s’avèrent nécessaires pour les visites ou séjours à l’hôpital, notamment. «Mais on veut aussi gâter Romain avec des surprises. Le héros dans tout ça, c’est lui. C’est la deuxième fois qu’il se bat et en contexte de pandémie, il est encore plus isolé. Avec toutes les initiatives, on vient lui faire savoir qu’on est avec lui», indique Rock.

Si bien qu’il estime, en étant très conservateur, que le mouvement devrait permettre d’amasser au moins 15 000 $. «Le député Lefebvre a remis un montant à l’école pour organiser des activités afin de faire sourire les enfants. Chaque classe a son montant alloué et décide quoi en faire. Plusieurs ont décidé de le remettre pour Romain», explique-t-il avec émotion. Un beau projet à l’approche de Noël, qui démontre bien une solidarité venant de partout pour un jeune homme qui vit des épreuves difficiles et à qui plusieurs sont prêts à offrir un peu d’eux-mêmes (leurs cheveux) pour l’aider à passer ces moments douloureux.