Un sirop d’érable d’exception à Saint-Pierre-Baptiste

L’Érablière Jo2 – Jolette et Johnson de Saint-Pierre-Baptiste a remporté la médaille d’Or pour le Centre-du-Québec lors du concours de la Grande Sève 2023 organisé par la Fondation de la Commanderie de l’érable.

Ce concours est mené, chaque printemps, après la période de grande coulée, afin de souligner les saveurs de l’érable canadien. Il permet aux acériculteurs québécois de mettre en valeur leur sirop et aide à la découverte des sirops les plus exceptionnels de la province.

Les producteurs sont en effet invités à soumettre leur meilleure cuvée qui est soumise à une dégustation à l’aveugle accueillant professionnels et fins connaisseurs qui sont ensuite invités à juger chacun des sirops selon leurs caractéristiques gustatives singulières.

Cette année, le concours faisait place à de la nouveauté puisque les érablières participantes étaient regroupées parmi six régions, soit le Centre-du-Québec,  le Bas-St-Laurent/Gaspésie, Chaudière-Appalaches, l’Estrie, la Montérégie et la Rive Nord du Saint-Laurent ce qui a permis d’identifier trois sirops gagnants (or, argent, bronze) par région en plus du Grand Or provincial choisi parmi l’un des récipiendaires régionaux qui s’est avéré être la Ferme Grandpin de Sainte-Marguerite de la région Chaudière-Appalaches.

 

Médaille d’Or

 

L’Érablière Jo2 – Jolette et Johnson de Saint-Pierre-Baptiste, propriété d’Hélène Jolette et d’Harley Jonhson, en était à sa quatrième participation au concours. Après avoir gagné une médaille de Bronze et deux médailles d’Argent, c’était la première fois qu’elle remportait une médaille d’Or.

« C’est avec grand plaisir que nous avons appris que notre érablière avait gagné la médaille d’Or pour la région du Centre-du-Québec lors du concours de la Grande Sève 2023 », a laissé savoir M. Johnson. « Cette reconnaissance est d’autant plus appréciée que les saveurs du sirop d’érable sont notre passion depuis tout près de 20 ans. »

Comme le mentionne à son tour Mme Jolette, elle et son conjoint ont toujours mis l’emphase sur les saveurs du sirop d’érable depuis qu’ils exploitent leur érablière de 3000 entailles. Leur sirop est aussi certifié biologique et carboneutre par Écocert Canada.

« Chaque année, nous goûtons chacun de nos sirops (ambré, doré, foncé et très foncé quand la nature le permet) dont nous réservons nos coups de cœur à notre clientèle plutôt que de les envoyer en vrac. Ça permet à nos clients de découvrir les différentes saveurs du sirop d’érable ce qu’ils apprécient. Nous nous sommes rendu compte avec les années que les gens ne viennent plus nous voir juste pour avoir du sirop, mais pour découvrir aussi ses différentes saveurs. Nous sommes contents de ça. Pour nous, c’est une belle satisfaction. »

Cette année, Hélène et Harley ont eu un coup de cœur pour un sirop de couleur ambré qu’ils ont surnommé L’érable inoubliable. « C’est d’ailleurs celui-là que nous avons soumis au concours et qui nous a permis de mériter cette médaille d’Or. La saveur, la longueur en bouche, l’odeur, car les membres du jury prennent le temps de le humer avant de lui goûter, et, la couleur sont tous des facteurs qui sont pris en compte pour juger un sirop. Aussi, le sirop présenté doit avoir une teneur entre 66 et 68,5 sur l’échelle de Brix qui permet de quantifier la concentration de sirop en sucre d’érable. »

 

Au pied des Appalaches

 

Leur érablière est située au pied des Appalaches, en flanc de montagne, sur un site où on retrouve beaucoup de pierres blanches de type quartz. L’endroit n’est pas très escarpé, mais compte quand même une bonne pente. « Nous produisons environ 11 000 livres de sirop d’érable par année. C’est assez pour nous tenir en forme tous les deux. Nous, ce n’est pas du CrossFit que nous faisons, mais du SiropFit », ajoute-t-elle à la blague.

Plus sérieusement, Mme Jolette précise que la dernière saison de récolte n’a pas été à la hauteur des attentes. « En début de saison, il nous manquait toujours les 2 à 3 degrés nécessaires pour que l’eau d’érable coule. Puis, quand ça s’est mis à couler, ce fut ordinaire. Puis à un moment donné, il s’est mis à faire chaud et ce fut terminé pour notre saison. Ce fut tout à fait le contraire de l’année précédente qui fut exceptionnelle. »

 

Les changements climatiques

 

Mme Jolette souligne que les changements climatiques sont certes source d’inquiétude pour les producteurs acéricoles. « Est-ce qu’on va se retrouver avec d’autres années de production moyenne dans le futur comme ce que nous avons vécu cette année ? C’est une problématique qui nous interpelle », mentionne-t-elle.

« De notre côté, nous essayons de garder le plus de jeunes compagnons dans la forêt pour assurer une certaine diversité et limiter un peu la propagation des insectes, notamment au niveau de l’enracinement dans le sol. Quand tu possèdes des arbres avec un système radiculaire plus profond, cela aide à stabiliser la forêt quand surviennent de gros coups de vent. L’an dernier, nous avons perdu une trentaine d’arbres à cause des vents. Nous pouvons toutefois nous consoler puisque d’autres érablières dans d’autres régions ont plus souffert que nous étant affectées par le verglas par exemple. Il s’agit de situations préoccupantes pour le futur de l’industrie acéricole. »

Depuis qu’ils en sont les propriétaires, Hélène et Harley ont agrandi leur érablière la faisant passer de 1800 à 3000 entailles. « Ce fut vraiment plaisant. J’imaginais mes ancêtres quand ils sont arrivés au Témiscamingue et qu’ils ont commencé à aménager des lopins de terre pour en faire de la terre nourricière. Je me sentais un peu comme ça puisqu’on aménageait une partie de l’érablière pour produire du sirop d’érable. C’était vraiment touchant comme feeling », de dire la copropriétaire.

Ils ont aussi apporté plusieurs améliorations à l’érablière incluant le remplacement du système de tubulures et de l’évaporateur. « Nous avons conservé la bonne vieille méthode qui consiste à chauffer au bois. Ça fait beaucoup de vapeur dans la cabane à sucre, mais nous aimons bien ce côté artisanal de la production. »

 

Elle peint aussi des bouteilles

 

Mme Jolette tripe vraiment sur les couleurs du sirop d’érable. Elle a d’ailleurs trouvé un moyen de mettre en valeur ses couleurs qu’elle trouve riches et chaudes. Depuis trois ou quatre ans, elle peint des bouteilles à la main qui sont ensuite cuites au four. Ce sont aussi des bouteilles qui sont réutilisables et qu’elle commercialise comme des fioles à bijoux qu’on peut offrir en cadeau ou garder pour soi-même. À cet effet, elle en profite pour inviter les gens à consulter la page Facebook  de L’Érablière Jo2 – Jolette et Johnson. « Je trouve que c’est une belle façon de permettre au sirop d’érable d’avoir toute sa place à la table. »

 

Projet de conservation de l’habitat des chauves-souris

 

L’Érablière Jo2 collabore également à un projet du Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ) qui accompagne de nombreux propriétaires privés de milieux naturels de la municipalité de Saint-Pierre-Baptiste pour les sensibiliser à la conservation de l’habitat des chauves-souris, espèces aujourd’hui protégées en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada.

« Nous avons installé une petite maison pour les chauves-souris. L’an passé, elle était toujours inhabitée. Peut-être sera-t-elle habitée cette année », de poursuivre Mme Jolette heureuse de participer à un tel projet. « En plus d’aider à favoriser la biodiversité, les chauves-souris dévorent beaucoup de moustiques. Ça pourrait peut-être aider les producteurs à se faire moins piquer par les mouches noires quand ils aménagent la forêt. »

 

Une bonne cause

 

L’Érablière Jo2 appuie également une bonne cause. « Sur chaque canne de sirop d’érable vendue, un montant de 25 cents est remis à UPA Développement international pour un projet d’économie circulaire en Haïti, au Sénégal et au Bénin. « Harley et moi avons tous deux travaillé en développement international et c’est pour cette raison que nous sommes sensibilisés à cette cause. L’argent aide des femmes à s’organiser en cuisines collectives afin de préparer des repas qui sont servis à des écoliers gratuitement, et ce, à partir de produits locaux. En plus de soutenir les enfants, on encourage également l’agriculture locale. C’est notre façon d’appuyer les communautés du Sud », conclut-elle.

 

La Fondation de la Commanderie de l’érable

 

La Fondation de la Commanderie de l’érable, fondée en 2010, s’engage à devenir un modèle de qualité et d’innovation dans la production et la transformation de la sève d’érable, en mettant l’accent sur le développement durable. Son objectif principal est de sensibiliser les Québécois aux différences de goût et de qualité des sirops d’érable, tout en recherchant la reconnaissance des sirops d’exception québécois. Elle aspire à rendre les Québécois fiers de leurs produits et à créer une émulation parmi les producteurs, tout en ouvrant de nouveaux débouchés et en conquérant de nouveaux marchés pour le sirop d’érable.

Sa mission est de motiver les acériculteurs du Québec à valoriser la production de sirops axés sur la saveur. Elle vise à développer un leadership mondial dans la connaissance et la promotion des qualités intrinsèques du sirop d’érable, tout en contribuant au développement des connaissances et à leur transmission auprès des producteurs, des consommateurs, des acheteurs et du grand public.

La fondation accorde une importance particulière aux pratiques traditionnelles, à la préservation de l’équilibre écologique des érablières et à l’établissement de relations de confiance entre les producteurs et les consommateurs. Son objectif ultime est de positionner les sirops d’érable du Québec comme les meilleurs au monde, en mettant en avant le goût exceptionnel et en cultivant la fierté autour de ce produit unique.